Vous le savez, les citoyens des États-Unis possèdent une énorme quantité d’armes à feu et c’est aussi le pays dans lequel la probabilité de se faire tuer par balle est la plus élevée du monde développé. #Thread
Ce qui est moins connu, en revanche, c’est que le taux de détention d’arme à feu comme le taux d’homicide par arme à feu varie considérablement d’un État à l’autre. Le Vermont et la Louisiane : deux salles, deux ambiances.
Du coup, il est assez tentant de comparer les États entre eux pour vérifier si la corrélation entre taux de détention d’armes à feu et taux d’homicide par balle se vérifie — c’est d’autant plus tentant que le FBI tient des stats homogènes à l’échelle nationale.
Note méthodologique : j’ai exclu le District de Columbia (a.k.a. Washington, D.C.) parce ce que ce n’est pas vraiment un État mais une zone urbaine très dense (en gros, c’est Washington) qui biaise complètement les statistiques.
Juste au cas où : le District de Columbia a parmi les lois les plus restrictives des États-Unis en matières d’armes à feu, un taux de détention inférieur à la moyenne nationale mais, et de très loin, le taux d’homicide par balle le plus élevé du pays.
Bref, pour chacun des 50 États qui composent les États-Unis, voici une comparaison du taux de détention d’armes à feu (en abscisses, en %) et du taux d’homicide par arme à feu (en ordonnées, pour 100'000 habitants).
Comme vous pouvez le constater, il n’y pas la moindre corrélation exploitable. Tout se passe comme si le taux de détention d’armes à feu n’avait pas d’influence sur le taux d’homicide par arme à feu (ni l’inverse).
Maintenant, je vous propose une autre analyse un peu bizarre. Nous allons comparer le taux d’homicide par arme à feu (en ordonnées, pour 100'000 habitants) au taux d’homicide SANS ARME À FEU (en abscisses, pour 100'000 habitants).
Et là : grosse surprise ! Les États dans lesquels vous avez le plus de chance de vous faire tuer par une arme à feu sont aussi ceux ou vous avez le plus de chance de vous faire tuer par tout autre moyen (et inversement).
C’est-à-dire que le taux d’homicide par balle ne s’explique pas vraiment par le taux de détention d’armes à feu mais plutôt par une sorte de violence endémique, de propension à tuer, qui s’exprime aussi sans tirer le moindre coup de feu.
L’Idaho, par exemple, est le 3e État le plus armé des États-Unis (taux de détention de 57%) mais, avec un taux d’homicide par balle d’à peine 0.77 pour 100'000 habitants, c’est aussi le 5e État où l’on se fait le moins tuer par arme à feu.
Le Delaware a beau être l’État le moins armé des États-Unis (taux de détention de 5.2%), il affiche quand même 4.23 homicides par balle pour 100'000 habitants — ce qui en fait le 6e État où l’on a le plus de chance d’être tué par une arme à feu.
À Hawaï comme en Louisiane, 45% des ménages ont une arme à feu mais Hawaï est le 3e État dans lequel on tue le moins par balle (0.51 victime pour 100'000 hab.) tandis que la Louisiane détient le triste record des États-Unis (7.74 pour 100'000).
Alors bien sûr, vous trouverez des études qui parviennent à lier détention d’armes à feu et taux d’homicide par balle mais vous noterez que, pour y parvenir, elles contrôlent tout un tas de paramètres comme la densité urbaine ou la pauvreté (etc...)
C’est-à-dire que pour incriminer la détention d’armes, on commence par neutraliser des paramètres qui, très probablement, expliquent bien mieux la violence sous-jacente d’une société (ce qui permet de les ignorer après coup).
Notez enfin que corrélation n’est pas causation : si environ 30% des ménages américains possèdent une arme à feu, ça n’est pas forcément dans l’intention de tuer mais sans doute plutôt pour disposer d’un instrument de dissuasion en cas d’agression.
Autrement dit : il est bien plus probable que ce soit la violence de la société américaine qui explique sa tendance à s’équiper en armes que l’inverse (le fait que ce soit autorisé, évidemment, facilite largement le phénomène).
Et pour m’éviter quelques remarques stupides, je vais préciser ici que je n’ai jamais possédé ni utilisé la moindre arme à feu de ma vie et que je n’ai en aucune façon l’intention de m’y mettre. Je tout sauf un fan de ce genre de choses.
Et pour que ce soit encore plus clair : je suis, d’une façon générale, favorable aux lois qui visent à instaurer un permis de posséder une arme à feu (avec background check, tests psychologiques et formation à la sécurité).
Bref, pas mal de choses laissent à penser que le taux de détention d’armes à feu n’est que l’arbre qui cache la forêt, c’est-à-dire les vraies racines de la violence.
Les canons ne tuent pas, ce sont les pirates armés de canons qui tuent. #Fin
Selon l’IMF, mesuré en trillions* de roubles et à prix constants (i.e. en corrigeant de l’inflation), le PIB russe devrait croitre de 138.95 trillions en 2023 à 143.35 trillions** — soit +3.16%.
Dans le même temps, le budget alloué par le Kremlin à la défense est passé de 3.75% du PIB en 2023 à 5.83% du PIB — soit une hausse remarquable de 2.09 points de PIB.
La taxe sur les superprofits, en substance, c’est l’idée qui consiste à fiscaliser plus lourdement les profits inhabituellement élevés des entreprises. Un #Thread.
Une façon simple de mesurer ça consiste à mesurer le profit moyen sur les (mettons) 4 dernières années, à calculer un seuil de superprofit à 20% de plus que cette moyenne et à fiscaliser tout ce qui dépasse à (mettons) 60%.
(Il est bien entendu que nous raisonnons sur des profits nets d’impôt sur les sociétés — ce qui signifie que tout ça a déjà été fiscalisé au taux normal de l’IS, c’est-à-dire à 25%. Les 60%, c’est 60% de plus.)
Ce qui m’amène à vous proposer un #thread sur la loi n°81-766 du 10 août 1981 relative au prix du livre, dite « loi Lang », qui instaure le principe du prix unique du livre.
1/ On souhaitait que les éditeurs, au lieu de se concentrer sur les bouquins qui se vendent facilement (les blockbusters), soient incités à publier plus d’œuvres écrites par un plus grand nombre d’auteurs.
2/ Face aux assauts de la grande distribution, on a aussi voulu favoriser un système de distribution caractérisé par un maillage fin de librairies indépendantes, notamment les petites librairies.
Ci-dessous, un #Thread plutôt rédigé à l’attention des économistes et financiers qui me suivent. C’est-à-dire qu’il est un peu technique mais ça n’est clairement pas la plus mauvaise nouvelle du jour.
En général, lorsqu’on essaie de se faire une idée de la santé de nos entreprises avec les données de la comptabilité publique, on utilise le ‘taux de marge’ (en gros : EBE/VAB) qui nous dit que tout va plutôt bien.
<note>
Ce graphe et les suivants ont été réalisés en sommant les données des sociétés financières (S12) et non financières (S11) de 1978 à 2022.
Vous le savez, la France est un pays ultralibéral dans lequel les politiques mises en œuvre ces dernières décennies favorisent le capital au détriment des honnêtes citoyens que nous sommes. Un mini #Thread.
Une façon de bien voir ça consiste à calculer une sorte de taux de marge des sociétés résidentes : la rémunération du capital (l’excédent net d’exploitation, voir ci-dessous) rapportée au volume total des ventes.
Par ‘sociétés résidentes’, on entend les sociétés (financières ou pas) qui ont des activités en France. Ça revient à exclure les activités de LVMH hors de France mais à compter celles d’Apple en France.
Travail vs. Capital : comment se passe (vraiment) la rémunération des facteurs de production en France ? Un #Thread qui, au-delà du sujet principal, devrait vous apprendre deux ou trois petites choses utiles.
La meilleure source que vous puissiez trouver pour ce genre de données, c’est la comptabilité nationale et notamment le tableau 1.106 des comptes nationaux.
C’est ici :
(NB : je prends 2022 parce que les donnés 2023 ne sont pas encore publiées.)insee.fr/fr/statistique…
Là-dedans, vous trouvez la valeur ajoutée brute, c’est-à-dire la richesse brute (je reviendrai sur le « brute » plus loin) créée par l’économie française chaque année. Pour 2022, ça fait 2'361.2 milliards d’euros.