Depuis 1995 : stabilité dans les premier et second degrés, explosion dans le supérieur (+36%).
Dans le supérieur, on est passé de 1,2 millions d'étudiants en 1980 à presque 3 millions en 2021.
La courbe des apprentis du secondaire est marrante.
Côté handicap dans l'enseignement scolaire, ce graphique montre la politique :
- stabilité des établissements spécialisés,
- croissance linaire par ailleurs.
Et ici : évolution des modes de scolarisation des élèves en situation de handicap dans le premier degré,
Pour l'élémentaire et le primaire, ce graphique montre également très bien une politique de regroupements administratifs :
- stabilité des écoles privées sous contrat et du primaire,
- fermetures constantes des écoles maternelles et élémentaires publiques.
Cette politique s'accompagne d'une légère baisse du nombre d'élèves dans les classes élémentaires.
La carte des écoles privées sous contrat.
Au moment de la réforme du Lycée Pro, ce graphique sur le nombre d'établissements :
- augmentation des Lycées polyvalents
- diminution congrue des Lycées pro.
Là encore, la baisse du nombre de Lycée Pro s'accompagne d'une baisse de lycéens par classe.
La voie professionnelle après la troisième est passée de 27% à 22,5% entre 2005 et 2021
La carte des Lycées proposant un enseignement pro.
Carte de l'enseignement privé à gauche, et des enseignements pro à droite.
Répartition des établissements selon le nombre d’élèves par type et secteur à la rentrée 2021
Évolution de la proportion de collégiens en éducation prioritaire dans le secteur public, en %
Encore un graphique témoin d'une politique : évolution du nombre d’écoles, collèges et lycées hors contrat.
La croissance des écoles et collèges est très très impressionnante. Les chiffres sont faibles, mais le début de mutation très clair.
Et ici les effectifs en SEGPA.
Autre graphique témoin d'une politique : le taux de redoublement en élémentaire.
Le retard à l'entrée en sixième est passé de 17% à 4% de 2005 à 2021 😳
Soit ça a a été fait par un investissement énorme dans l'éducation (non), soit c'est que les redoublements sont devenus des décisions moins pédagogiques qu'administratives.
La carte des retards à l'entrée en sixième.
Taux de redoublement au collège : on passe de 5%-10% en 2000 à... Rien en 2021, hormis en troisième (1,9%).
Taux de redoublement au Lycée : on passe de 8%-16% en 2000 à... 1,7%-2,9% en 2021.
C'est très très impressionnant. Et très représentatif d'une politique de gestion de flux : on a cessé d'adapter le temps d'éducation aux besoins des élèves.
Ça se voit très bien sur ce graphique : on a standardisé le temps passé dans l'éducation nationale.
Ça ne peut se faire qu'en augmentant l'écart de niveau à la fin des études... Et on comprend mieux la réforme du #BacBlanquer et #Parcoursup.
Notamment, la spécialisation du Lycée Général, qui permet de stratifier les parcours.
En première :
En Terminale :
Allemand : Ouch !
Et on voit une réduction des filières d'excellence.
Avec Mathématiques, les langues anciennes sont les disciplines qui conduisent aux meilleurs taux de poursuite d'étude dans la supérieur.
Cette stratification est rendue indispensable par la double politique de suppression administrative des redoublements et de réduction de la voie professionnelle, qui conduit à gonfler la voie générale.
Ici un graphique qui témoigne de la politique d'apprentissage :
- baisse au Niveau 3 (CAP)
- stabilité au Niveau 4 (Bac pro et Brevet pro)
- explosion au Niveau 5 à 8 (enseignement supérieur)
Et par domaine :
- stabilité/faible croissance en production
- explosion en service.
On attaque le supérieur, avec les deux graphiques classiques.
Les effectifs :
Le privé occupe une faible part.
La croissance des effectifs :
Le privé explose : +50% en 10 ans.
Les doctorant·e·s
- chute puis stabilité des nouvelles inscriptions
- rattrapage du covid pour les soutenances
- baisse brutale puis légère croissance des inscriptions.
Et la répartition par domaine :
Les effectifs étudiants par filière :
« Les inscriptions sont moins nombreuses (- 1,1 %), en particulier dans les nouveaux Bachelor universitaires de technologie (BUT) par rapport DUT (- 4,9 %) et en Parcours accès santé (PASS) (- 3,5 %) » (Les PASS se transfèrent en LAS).
#EndOfDUT
« Les bac techno, dont l’orientation a été privilégiée dans ces filières, représentent 40,2 % des nouveaux entrants (+ 6,6 pts), bien que le nombre de lauréats du BT ait été en nette baisse à la dernière session (- 9 %) »
La part des bac gen diminue d’autant (56,6 %)
Évolution des effectifs des formations d’ingénieurs :
Très grande croissance, hors MESR.
Évolution des effectifs étudiants inscrits en écoles de commerce, gestion et vente, en fonction
de leur groupe.
Le secteur se porte bien.
« À la rentrée 2021, près de 83 400 étudiants sont inscrits en CPGE avec une baisse des effectifs de 1,8% par rapport à ceux de la rentrée 2020 »
C'est une baisse historique, avec 2018 (année #Parcoursup, -1,6%).
Les CPGE diversifient leur recrutement.
section de technicien supérieur (STS)
« Cet effectif est en baisse de 5,7 % par rapport à la rentrée précédente (- 15 300 inscrits) en lien avec la diminution du nombre de bacheliers à la session 2021 et le développement de la formation en apprentissage »
Formation continue : « Un effectif en baisse de 18 %, dans un contexte de crise sanitaire, qui touche particulièrement les universités. Ces dernières perdent en effet un peu plus de 19 % de stagiaires en 2020 pour en former 262 700. »
Poursuite de la progression de la part des femmes.
Avec une répartition disciplinaire toujours aussi genrée.
Et toujours de grands déterminismes sociaux.
Évolution du nombre estimé d’étudiants étrangers en mobilité internationale inscrits dans l’enseignement
supérieur : rattrapage du Covid.
Évolution des effectifs des étudiants étrangers en mobilité internationale dans l’enseignement supérieur par zone géographique de nationalité
Évolution des taux d’inscription des bacheliers dans l’enseignement supérieur :
- stabilité des bac gen et techno
- hausse des bac pro
Part des bacheliers généraux dans les grandes filières universitaires entre 2010 et 2020
Une mutation impressionnante, avec uniformisation des taux par grande filière. A relier à la stratification du bac général ?
Devenir un an après des entrants de 2020-2021 en première année d’enseignement supérieur :
- 67% de poursuite dans la filière
- 12% de réorientation dans le même établissement
- 20% de non réinscription.
Situation à la rentrée 2020 des bacheliers 2014 entrés dans l’enseignement supérieur après leur baccalauréat
Probablement intéressant, mais très dur à lire... Avec des aires, ça passerait mieux.
On termine sur les élèves/étudiants avec ces quatre graphiques, qui décrivent vraiment bien notre politique d'éducation nationale : une gestion administrative des flux, par le contrôle des redoublements et taux de réussite, au détriment des décisions pédagogiques.
L'enseignement supérieur n'échappe pas à ce contrôle administratif.
Ça arrive bientôt en Licence.
Forcément, ça conduit à diplômer beaucoup plus.
Et plus on diplôme, plus les jeunes ont besoin de diplômes pour se démarquer des autres.
D'où le taux de croissance des Masters.
Sauf que cette sur-diplômation se fait indépendamment de l'emploi : le chômage des jeunes ne descend pas malgré la très grande montée éducative.
Il ne fait qu'augmenter pour ceux qui n'ont pas de diplômes.
Sauf qu'on est probablement à une charnière de cet exercice : les taux d'insertion pro des plus diplômés commencent à descendre.
D'où une grande question : que faire avec tous ces jeunes, propulsés administrativement dans le système éducatif, quand il n'y a pas plus d'emplois ?
Maintenant on regarde les personnels.
Évolution du nombre d’enseignants du second degré chargés d’élèves à l’année par niveau de formation
dans les secteurs public et privé sous contrat.
Il n'y en a pas. C'est une politique.
Évolution de la part des non-titulaires parmi les personnels de l’enseignement scolaire selon la mission. Encore une politique en graphique.
Évolution de la part des enseignants non titulaires dans le secteur public pour certains groupes
de discipline.
L'évolution du nombre d'heures supplémentaires est aussi une politique.
Je n'ai compris qu'une seule règle certaine en éducation : pour bien enseigner, il faut peu enseigner.
Et cette politique se fait en augmentant le nombre d'élèves par structure et en diminuant le nombre d'heures par élèves.
Bref : en saturant le système.
Vous avez vu les problèmes d'élèves sans prof ?
Voilà la part des remplaçants :
Évolution des effectifs de personnels non enseignants
« recrutement massif d’AESH ces dernières années. »
« Les effectifs des personnels d’animation pédagogique et soutien à l’enseignement / augmentent très fortement, de 28 %, sur la dernière année »
Dans le supérieur, on aime bien faire n'importe quoi avec les contractuels.
La baisse du nombre de Maîtres de conférences, entamée en 2016, se confirme... Et le total n'est plus que porté par la recroissance des contractuels.
Et on termine avec le budget.
Ce graphique illustre la politique de « ce n'est pas qu'une question de moyens », qui montre que c'est quand même beaucoup une question de moyens.
Ça monte en absolu, mais ça baisse en % de PIB depuis ~ 1995.
La part dans le budget de l'Etat est ainsi passée de +30% à 25%, avec une chute brutale de 2019 à 2021.
C'est une politique.
(Attention il y a Covid au milieu)
Clairement, on souhaite dépenser moins par élève/étudiant.
Mais toujours de façon très différenciée.
Et au moment de la grande réforme des bourses, voilà les taux de boursiers :
Là encore, très différenciés par filière.
Quizz : Quelle est le diplôme qui vient d'être supprimé, et remplacé par un truc moins cher ?
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D'abord la question technique, très bien développé ici, et qu'on peut résumer par : il est possible de s'organiser pour limiter les couts énergétiques sans trop perturber les activités d'enseignement et de recherche.
Aucun État n'a jamais investi dans l'éducation en raison de la démographie.
Les États investissent pour atteindre des objectifs. Le notre est l'insertion professionnelle. Donc on investi en fonction des besoins des employeurs.
Au début de la massification, dans les années 60, les intérêts des employeurs et la démographie étaient alignés.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui : on a fait plus d'enfants qu'on a créé d'emplois, et en particulier d'emplois nécessitant des études supérieures.
Nos votes ne cessent de le confirmer : nous ne voulons pas d'une éducation collectivement émancipatrice, nous voulons d'une éducation individuellement insérante dans l'emploi au plus haut niveau possible.
Or, il n'y a pas, et il n'y aura jamais, de places pour tout le monde.
#HelpESP Besoin d'aide d'économistes et démographes : est-ce que la suite vous parait réaliste ?
Une exploitation (trop brutale) de l'enquête emploi me conduit à ce graphique, qui montre la part des diplômés du supérieur dans la population et les salaires des 30-34 ans.
Lecture : en 1982, les Bac+x représentaient 16% des 30-34 ans, et ils captaient 22% des salaires des 30-34 ans. En 2020, ils représentent 50% et captent 58% des salaires.
Je suis à peu près sûr pour la part de la population, mais pas pour la part dans les salaires.
Si on calcule le salaire moyen des Bac+ comme un ratio du salaire moyen de tous les 30-34, on obtient ça :
Ce salaire passe de 1,4x en 1980 à 1,5x en 1995 puis 1,2x en 2010.
En 5 ans, nous sommes passés de « l'Etat n’investit pas suffisamment pour la formation de tous les jeunes » à « une partie de nos jeunes ne méritent pas qu'on les forme, et c'est normal ».
Mon avis : nous nous sommes enlaidis. Nous avons enlaidi notre société.
Honte sur nous.