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Oct 21 48 tweets 9 min read
Je pense que je vais me fendre de quelques fils sur l’#immigration, parce que j’en ai ma claque de lire et d’entendre les mêmes inepties à ce sujet de la part de ceux (à gauche… mais pas seulement !) qui refusent purement de se confronter au problème qu’elle représente.
#Lola
Évacuons d’emblée les cas les plus terrifiants, mais par bonheur aussi les plus marginaux, que sont les crimes commis par des personnes immigrées. La grande majorité des immigrés ne commet aucun crime, ni même aucune infraction. Ce sont des gens bien qui vivent en paix.
La question reste tout de même ouverte de savoir dans quelle mesure le fait d’être immigré accroît la probabilité d’avoir un comportement délictueux (sans forcément aller jusqu’au crime). En effet, pour les immigrés en situation irrégulière, la nécessité de pourvoir à ses besoins
… doit conduire plus facilement à s’affranchir des règles collectives. Nécessité fait loi. Il faut bien se nourrir, se loger, etc. Même au prix du trafic, du vol, etc. On conçoit donc assez facilement qu’une immigration incontrôlée dans un pays en récession (la France)…
… doit mécaniquement entraîner une augmentation de la petite délinquance, et doit “transformer” une petite part de gens normaux en “délinquant”. On tombe plus facilement dans la délinquance lorsque sa situation matérielle et morale est plus précaire (y compris dans son pays !).
Mais les effets ne s’arrêtent pas ici. Parce que l’immigration se répercute aussi sur la qualité du contrat social, même sans comportement délictueux de sa part. Un immigrant, pressé par sa précarité, sans doute aussi pressé à rembourser la dette qui lui a permis d’émigrer,…
… va mécaniquement être moins regardant sur la qualité des emplois auxquels il va postuler, en particulier sur le niveau du salaire et les conditions générales de travail. Concrètement, travailler bien au-delà des horaires conventionnels, sans protection, pour un salaire…
… inférieur, sans prendre de congés, etc., ne va pas être un obstacle pour lui. Ce n’est pas *pour rien* que les emplois les plus pénibles et les moins mis en valeur (bâtiment + la “domesticité” : restauration, ménage, livraison) sont majoritairement occupés par des immigrés.
Première grave entaille au contrat social : l’immigré profite au patronat et amoindrit la valeur effective du Code du travail. Il pèse à la baisse sur le marché de l’emploi et contribue indirectement à la dégradation des conditions de travail.
Bien entendu, cet effet se fait bcp moins sentir lors des périodes de croissance et de plein-emploi, tel que l’a connu la France entre 1945 et 1975. Mais lors de périodes de retrait de l’État de l’économie et d’assaut du capital contre la régulation, comme à l’heure actuelle,…
… une politique migratoire dérégulée est tout simplement un suicide collectif à petit feu. Et il faut pour bien le comprendre envisager la question sous un angle encore plus général, celui du « sentiment d’appartenance national ».
Ce sentiment est celui qui conditionne toutes les manifestations de solidarité et de fraternité nationale. Or il repose aussi sur de toutes petites choses, comme le fait de vivre d’une certaine manière, de se vêtir, de parler, de manger, de réagir d’une certaine manière…
… conforme aux attendus nationaux implicites. Et il peut se dissoudre très rapidement. L’exemple de la langue est peut-être le plus frappant. Une caissière qui ne vous parle pas, ou bien avec un accent tel qu’on ne la comprend pas, un télévendeur qui parle idem, un contrôleur…
… de bus ou un vigile, un livreur, idem : tout cela provoque nécessairement un sentiment insidieux de déracinement au sein de son propre pays. On finit par se demander si la nation a une existence tangible, si elle est autre chose qu’un pur concept juridique.
Les exemples de la sorte peuvent être multipliés. Il est des endroits en France où l’on vit dans une France “abstraite”. C’est assez largement le cas dans le 19e arrondissement de Paris, où la petite #lola12ans a été assassinée.
Évidemment, à force d’être confronté à une « nation abstraite », on finit par supposer que la fraternité, la solidarité y afférentes sont aussi de purs concepts. A-t-on vraiment envie d’être réellement « solidaire » de gens qui, manifestement, vivent leur vie « à part » ?
(Au sens où ils ont de la nation une approche essentiellement consommatrice.) Partant, va-t-on vraiment se battre pour conserver les éléments par lesquels se concrétisent cette solidarité nationale : Sécurité sociale, services publics, etc. ?
Il se peut fort que l’on finisse par se lasser. Pourquoi se battre pour une « nation » qui n’existe plus, ou si peu ? C’est là toute la contradiction des gens de gauche qui prétendre défendre la « solidarité nationale » mais sans jamais surtout défendre la « nation ».
Or cette solidarité que la France a construite, elle ne l’a construite que parce qu’il s’agit de la France, et que ce sont des Français (même parfois d’origine immigrée, mais parfaitement francisés à ce point de vue là) qui se sont battus pour la faire advenir.
Plus on y intégrera à tout crin de nationalités différentes, plus se délitera son substrat vital : la nation. En ce sens de “nation” à la fois précis (dans son acception) et large (dans son périmètre), alors l’immigration est un fléau pour les valeurs de la gauche.
N’importe qui devrait bien sentir qu’il est irréaliste d’attendre de réfugiés syriens, maliens, pakistanais, malgaches, albanais, etc., qu’ils se mobilisent jamais pour préserver la « solidarité nationale »… dont ils n’ont pour la plupart aucun exemple dans leur pays d’origine !
Ils sont déjà bien contents d’avoir les éléments de base d’un État de droit qu’ils n’avaient parfois pas chez eux. trop heureux de vivre dans un pays où l’État fonctionne et où l’administration n’est pas corrompue, il serait miraculeux d’obtenir d’eux qu’ils se battent pour…
… des « acquis » auxquels ni eux ni leurs ancêtres ne doivent rien et qu’ils perçoivent parfois comme un luxe absurde ou superflu. Leur rapport à l’État et à la nation, et ce qu’ils en attendent, peut être si éloigné du nôtre qu’il est illusoire de croire…
… qu’ils se battront pour eux. C’est ici d’ailleurs que réside la plus grande menace. Il est bien plus facile de faire accepter des régressions sociales à un peuple dont une frange grandissante a pour soubassement anthropologique des idéologies sinon réactionnaires…
… à tout le moins indifférentes à la question sociale et étrangères sinon hostiles à la philosophie progressiste qui sous-tend notre pacte social français. Se bat-on pour revaloriser les retraites quand on vient d’un pays où il n’y en a pas du tout ?
ilo.org/global/about-t…
Bref : la contradiction est flagrante entre les aspirations sociales de la gauche (ce qu’il reste de ces aspirations) et son immigrationnisme forcené. La gauche raisonne de façon abstraite, par utopisme. L’anthropologie lui impose cependant un démenti flagrant.
(Il se peut d’ailleurs, que ce soit plutôt la proximité des conceptions d’État, de nation, de peuple, en France et dans les pays européens qui ait constitué le ressort d’insertion principal des Italiens, Polonais, Portugais, Espagnols, plus encore que la religion…
… souvent avancée comme explication de la bonne et rapide intégration de cette vague d’immigration aux XIXe-XXe siècles. Il est vrai que religion et État entretiennent d’étroites parenté dans leur genèse respective, ce qui expliquerait cette convergence.)
La gauche se moque de ces réalités. La diversités des peuples ne l’intéresse pas vraiment, sauf pour en agiter la couleur à des fins de divertissement ou d’exotisme. Mais réfléchir à l’esprit des peuples, se pencher sur les contradictions inhérentes aux cultures la dérange.
Cela incommode son esprit de géomètre, issue de la Révolution. Elle préfère s’imaginer que tout humain est un Français en puissance, avouant par là-même le sentiment de supériorité qui l’habite. Comme si le Français était l’aboutissement “naturel” de l’être humain ! 🙄
Alors que le Français est plutôt une singularité sur Terre. Il suffit de voir notre laïcité, notre Constitution étrange, la phonologie et l’orthographe de notre langue, nos fromages, etc. Clairement : on ne s’improvise pas français comme on s’improvise américain.
Ce paramètre plus général — qu’on pourrait qualifier d’« indifférence nationale » (au sens d’indifférence à la nation) — joue un poids énorme dans le délitement de notre pays, en particulier de ses services publics. [Parenthèse] Contrairement aux partisans de Zemmour,…
… je ne pense pas qu’il existe une hostilité nationale (à part à la marge, dans certains milieux fanatisés), d’où l’absurdité du terme “francocide”, mais clairement on se fiche un peu du « sentiment français », qu’on ne comprend pas très bien.
Le Français a cette particularité qu’il définit (définissait ?) son attachement à sa patrie de manière extrême. Être patriote revenait, en gros, à être prêt à mourir pour sa patrie. L’une des dernières grandes figures patriotiques françaises est Jean Moulin.
Le niveau d’exigence pour ce sentiment est dont clairement très élevé. Rapportons-le au sentiment qu’un Luxembourgeois peut avoir pour le Luxembourg, par exemple. Il est douteux qu’un Luxembourgeois définisse son patriotisme par « mourir pour le Luxembourg ».
Il n’a pas la naïveté de croire que son sacrifice, en cas de guerre, éviterait au Luxembourg d’être envahi. Alors que le Français a légitimement cette conviction. Puisque son histoire est rempli d’exemples de Français ayant eu ce comportement héroïque.
Cette exigence dans le sentiment national n’est pas exclusive à la France, mais est-elle partagée par la majorité des immigrants qui arrivent chez nous ? C’est (très) douteux. Pour un certain nombre, on mourra pour sa famille ou sa religion, mais pas pour sa patrie. [/parenthèse]
Cette indifférence nationale, donc, n’est pas sans conséquence sur notre pacte social, et je tiens même qu’elle est l’arme la plus insidieuse à l’appui de la libéralisation des services publics. Les services publics sont un formidable outil de construction du sentiment national…
… et un creuset du patriotisme. À la fois pour les usagers, mais aussi pour les fonctionnaires. On le constate par la négative quand des Français dénigrent la France en arguant du dysfonctionnement des services publics. Parce qu’ils alimentent la fierté nationale.
Donc, comment faire en sorte que de libéraliser des services publics dans un pays comme la France où le peuple y est si attaché et où ils sont si anciens ? Eh bien, en agissant très furtivement, étape par étape, et en diluant ce sentiment d’attachement grâce à l’immigration.
L’un des cris de ralliement des défenseurs des services publics (la SNCF, par exemple) consiste souvent à en appeler aux « aïeux » qui ont forgé ces services et se sont battus pour eux. Évidemment, lorsque les fonctionnaires sont français de souche, c’est un argument porteur.
Mais l’argument perd de sa force lorsque ces Français ont pour aïeux des gens nés à 5 000 ou 10 000 km d’ici, ou qu’ils y sont nés eux-mêmes. S’il est ridicule, selon la gauche, de faire réciter aux enfants de banlieue « Nos ancêtres les Gaulois », alors il est a fortiori…
…encore plus ridicule d’attendre d’eux qu’ils souscrivent à de tels slogans. Non, les « aïeux » des Français d’origine immigrée, ou immigré eux-mêmes*, ne se sont pas battus pour la SNCF, pour La Poste, pour EDF, pour l’hôpital, pour l’école, etc.

*Je parle des immigrés récents
Il ne faut donc pas s’attendre qu’ils défendent corps et âme nos services publics. Le capital a parfaitement compris cela. Il lui est d’autant plus facile d’obtenir la libéralisation des services publics que la main d’œuvre y est moins attachée. Pour un immigré…
… il est indifférent que son train appartienne à la SNCF ou à Transitalia. Indifférent que son SAV de téléphonie soit implantée au Maroc ou à Maurice. Indifférent que son postier parle ou non correctement le Français (qu’il ne maîtrise pas forcément lui-même).
Ce qui importe pour lui est que le service soit rendu, peu importe par qui, et par quelle entité. Et si, travaillant par exemple pour la SNCF, on l’oblige à changer de statut pour continuer son travail, il n’opposera généralement pas une grande résistance.
[Précisons aussitôt : ça ne vaut pas pour tous les immigrés ou personnes d’origine immigrée, bien entendu, pris à part. Je décris ici la tendance générale, qui vaut aussi, hélas, pour bien des Français de souche.]

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Oct 22
Suite de mes réflexions sur l’#Immigration, en réaction au meurtre de #Lola. Nous avons vu comment l’immigration, prise comme phénomène de masse, affaiblit le sentiment national ce qui se répercute mécaniquement sur les acquis sociaux, le Code du travail et les services publics.
Notons que l’immigration seule n’entraîne peut-être pas cela, mais couplée comme elle l’est en ce moment à l’attaque du capital mondialisé, par l’intermédiaire de l’#UE, contre le programme des Jours heureux de l’après-guerre, les effets sont dévastateurs.
L’immigration offre un double intérêt au capital.
1. Diluer le sentiment national, peser sur le marché de l’emploi
2. Neutraliser la gauche en la cantonnant dans l’impasse conceptuelle où elle s’est enfermée par la faute de son « humanisme abstrait ».
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Dec 15, 2021
À DÉROULER
Alors il faut sortir de l’euro, mais le préalable indispensable est de bien comprendre ce qu’est l’euro et pourquoi il faut en sortir. Ce qui revient à se demander : que se passera-t-il si nous restons dans l’euro ?
Cette vidéo est plutôt bien faite, elle aborde même le sujet des Target, mais elle pèche sur plusieurs points, et à mon sens assez gravement, bien que, soulignons-le, il ne semble pas que ces écueils soient majoritairement dus à un biais idéologique.
A. Pour comprendre la nature de la méprise, il faut se reporter à la conclusion de la vidéo. L’euro serait une « monnaie unique » et là résiderait la pierre d’achoppement. Il suffirait donc de la changer en « monnaie commune », en la transmutant en une sorte de bancor européen.
Read 42 tweets
Dec 14, 2021
Raphaël Enthoven, Luc Ferry et Bruno Le Maire sont d’accord pour affirmer, avec Carl Schmitt et Giovanni Gentile, juristes nazi et fasciste, que les principes généraux du droit priment de façon absolue la souveraineté populaire.
Et ils s’imaginent défendre la démocratie…
C’est toujours la même chose. On commence par réduire le droit à la pratique du droit, donc à une simple technique juridique, et on occulte son fondement, à savoir la reconnaissance de sa légitimité par ceux sur lequel ce droit s’exerce.
Puis, on fait tenir toute la légitimité du droit dans le droit lui-même, qui devient ainsi artificiellement autonome. Et on réserve l’évaluation de ce droit aux seuls titulaires des compétences reconnues pour l’évaluer, à savoir les juristes. Et la boucle est bouclée.
Read 6 tweets
Nov 29, 2021
Très honoré d’avoir accompagné les prises de parole de mes amis de @GenFrexit lors de cette table ronde.
Voici comment se résume notre position sur les projets référendaires des protagonistes actuels de la #Presidentielle2022 (@montebourg, @ZemmourEric @lesRepublicains). ⤵️⤵️⤵️
1. Ces intentions de #referendum pêchent par maladresse tactique. @CH_Gallois explique très bien que de tels référendums (visant à placer la Constitution ou les lois 🇫🇷 au-dessus des traités 🇪🇺) ne peuvent qu’être interprétés par le système comme un #Frexit subreptice…
… et traités donc en conséquence. Le récent exemple polonais le prouve. Les médias ont immédiatement agité l’épouvantail du #Polexit, en dépit des assertions réitérées du gvt 🇵🇱 de rester dans l’#UE. Autrement dit, les partisans de tels référendums conduisent directement…
Read 16 tweets
Nov 16, 2021
Bon, j’avais attendu en douce de voir si le phénomène « iel » allait provoquer des remous avant de me fendre d’un fil à ce sujet. Pour le coup, nous sommes en plein dans ma spécialité : la langue française, et l’expression de manière générale. Allons-y ! ⤵️⤵️⤵️
Le sujet est vaste, et je ne me vois pas tout traiter d’un seul tenant. D’abord (soyons précis), il ne s’agit pour le moment que de la version en ligne gratuite d’un dictionnaire des éditions Le Robert. Et non pas du #PetitRobert Robert (PR) lui-même.
On peut émettre quantité d’hypothèses sur ce choix. Le Robert segmente son lectorat, et donne dans l’inclusif pour celui qui utilise le plus Internet. L’écriture inclusive relevant pour l’essentiel d’un sociolecte réticulaire (au sens de « appartenant aux réseaux d’internet »).
Read 18 tweets
Nov 15, 2021
Nouvel ADDENDUM
Un gros oubli dans cette affirmation.
La technologie fait baisser les prix, tendanciellement.
Mais elle augmente simultanément le niveau d’exigence minimal requis pour « participer à la vie économique » et même à la vie tout court. Image
Ce qui entraîne un renchérissement constant du “droit d’entrée dans le jeu social”, façon table de poker ou chaises musicales. Il faut d’emblée dépenser plus pour accéder à la possibilité de tenir son rang (ou même un rang) dans la société.
Ce phénomène inflationniste est frappant en ce qui regarde le développement technique, et informatique en particulier.
Le progrès technique accroît aussi la rapidité de péremption des bien acquis. Ma voiture ne vaut plus que la moitié de son prix initial au bout de 3 ans.
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