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Nov 6 29 tweets 12 min read
Près de 3 millions d'étudiants, mais surtout des modifications très rapides de la structure des formations.
Le PLF prévoir des milliards d'euros, en hausse.
Sauf que, et c'est l'usage, cette hausse est en réalité une baisse.
A cette baisse, il faut ajouter l’inefficacité des modalités de répartition des moyens, qui sont conçues non pas pour bien financer mais surtout pour transformer.

« absence de corrélation rigoureuse entre le montant de la (SCSP) et les dépenses de fonctionnement »
Les crédits de la MIRES recoivent donc un avis négatif, puisqu'ils sont non seulement en baisse de 2,15% (!!!), mais qu'en plus ils ne répondent pas aux besoin de la MIRES, mais aux besoins des réformateurs de la MIRES (j'interprète).
Les « moyens nouveaux » pour l'enseignement concernent essentiellement des hausses de masse salariale mais « n’en demeurerait pas moins insuffisante pour améliorer significativement le taux d’encadrement, en particulier dans les formations universitaires. »
Le rapporteur s'inquiète de la politique d'accès en Master, et de la nouvelle plateforme #TrouverMonMaster, qui organisera une « mise en concurrence des établissements, des étudiants et des formations ».
Côté doctorat, le rapport observe la baisse, temporisée par les prolongations Covid.
Il formule des recommandations, dont l'exonération des frais d'inscription, et note la précarité croissante des doctorantes et doctorants.
Du côté du privé, le rapport note le rôle facilitateur de #Parcoursup pour les formations qui poursuivent des « objectifs de rentabilité marchande » et invite à « renforcer le contrôle de l’accès au catalogue des formations ».

C'est pas trop l'idée initiale de la plateforme...
Côté documentation, le rapporteur note que les grands bénéfices des gros éditeurs, et plaide pour un service public de l'édition scientifique.
Du bon sens.
Du côté de l'immobilier aussi le rapporteur est dans le bon sens : il plaide pour un grand plan de rénovation énergétique.

Ca changerait des grands plans de communication sur la rénovation énergétique.
Côté pilotage, on a quand même 35 millions d'euros (800 ans de doctorat) pour la mise en place des « contrats d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) ».

On verra si ces contrats servent à quelque chose, ou s'ils rejoindront les COM et compagnie dans l'inutilité.
Le rapporteur note « une diminution en valeur du financement de la vie étudiante / dans un contexte inflationniste » et « le niveau de vie des étudiants se verraient affectés par cette baisse.»
Le rapporteur évoque la réforme des bourses, et les difficultés pour la moitié des étudiants contraints de travailler en plus de leurs études.
Il plaide pour la création d’une garantie d’autonomie de 1083€ et la revalorisation de 10% des bourses.
Le rapporteur tire ensuite (à balles réelles) un bilan de l'autonomie des universités.
A. L'autonomie des universités s'est accompagnée d'un développement de la précarité étudiante, et notamment de très gros problèmes de logement.
La crise covid a rajouté la détresse psychologique à la précarité matérielle.
B. L'autonomie des universités n'a pas amélioré la réussite étudiante.
C. La loi #ORE a instauré la sélection à l'université et favorise le développement de l'offre privé.

« De nombreux acteurs auditionnés voient dans #Parcoursup un outil de communication, qui s’est avéré utile pour les écoles d’ingénieurs notamment, et non un outil d’orientation »
Côté privé « Certains de ces acteurs, connus pour être de vrais prédateurs à l’étranger, bénéficient par ailleurs des investissements de la Banque publique d’investissement (Bpifrance), ce qui conduit à s’interroger sur la stratégie de l’État en la matière. »
D. Côté emplois, le gros morceau de la LRU, les #ProcesDIntention se sont avérés justes :
- baisse des dotations par étudiant
- augmentation de la contractualisation
- précarisation des missions fondamentales
- perte de la visibilité à long terme
- baisse de la qualité
Le tout conduisant à une Université à deux vitesses
Par exemple avec des taux d'encadrement qui varient du simple au triple.
Des établissements estampillés « d'excellence » qui obtiennent des financements différents, dans « un écosystème pour le moins complexe », marqué par le développement rapide des ressources propres au détriment des SCSP.
Le tout pose des problèmes dans certains territoires, sans arriver à identifier de clairs avantages.

« il n’est pas évident que la signature des établissements français et leur renommée aient beaucoup progressé avec les multiples fusions. »
F. Qualité de vie au travail : « le choc de simplification qui devait aller de pair avec l’autonomie n’a pas eu lieu »

No shit.
« Burn out » « restructurations » « la vie démocratique a été fragilisée par le processus d’autonomie. »...

Les #ProcèsDIntention de 2007 sont aujourd'hui totalement validés.
Le rapport conclue sur le fond idéologique de l'autonomie, qui se fonde sur une mise en concurrence généralisée, des systèmes, établissements, et individus.

L'excuse est celle du mimétisme internationale, oubliant de noter que partout cela se passe mal.
Terminons avec la liste des recommandation du rapporteur, et des félicitations à @hendrik_davi pour ce rapport synthétique, complet, clairvoyant et de bons sens.

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Nov 6
Le @leJDD a pris la décision étrange de traiter l'hôpital de « cancre ».

Quel est l'objectif ? Pousser à la démission celles et ceux qui sont restés sur le pont nuits et jours pour nous sauver la peau au cœur de la pandémie, malgré des conditions de travail lamentable ?
@leJDD On notera la rhétorique « malgré des milliards ». Bien sûr que ça coute des milliards de soigner, protéger et éduquer une population.

La question est de savoir s'il y a assez de milliards. Et la réponse est "non". Donc la qualité baisse.

@leJDD Alors oui, « ça craque de partout ».

Mais qui sont les cancres ? Les services publics et ceux qui y travaillent, ou ceux qui sont en responsabilité de les financer et de les diriger ?

Ceux qui soignent ou ceux qui ont fait la LOLF et votent les budgets ?
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Oct 5
[#VeilleESR #PLF2023] Publication des « bleus » pour l'#ESR

On y trouve toutes les informations budgétaires (incompréhensibles), mais aussi tous les objectifs de performance, et toutes et c'est vraiment très intéressant.

budget.gouv.fr/documentation/…
Ici, les indicateurs de performance du programme 150 « Formations supérieures et recherche universitaire », qui explique bien la stratégie de l'Etat, qui se décline ensuite en pressions jusque dans les salles de cours.
Ici, le grand objectif général : 53% d'une classe d'âge diplômé du sup' en 2022, 55% en 2023.

Sauf qu'on est déjà à 56,2% en 2020.

Notre objectif serait donc plutôt de ralentir que d'accélérer.
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Sep 22
[#VeilleESR #DataESR] Publication du RERS 2022
Repères et références statistiques 2022
enseignements • formation • recherche
par la #DEPP

C'est la bible data de l'éducation.

Quelques graphiques en 🧵

education.gouv.fr/reperes-et-ref…
Depuis 1995 : stabilité dans les premier et second degrés, explosion dans le supérieur (+36%).

Dans le supérieur, on est passé de 1,2 millions d'étudiants en 1980 à presque 3 millions en 2021.

La courbe des apprentis du secondaire est marrante.
Côté handicap dans l'enseignement scolaire, ce graphique montre la politique :
- stabilité des établissements spécialisés,
- croissance linaire par ailleurs.
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Sep 20
Petite prise de recul politique sur les fermetures administratives pour limiter les coûts énergétiques.

Il y a une question technique, une question politique budgétaire et une question plus vastement politique.

On les passe en revue 🧵
D'abord la question technique, très bien développé ici, et qu'on peut résumer par : il est possible de s'organiser pour limiter les couts énergétiques sans trop perturber les activités d'enseignement et de recherche.

Alors pourquoi ne pas le faire ?

Cela mène à la question de politique budgétaire : ne pas assumer les couts énergétiques des universités est un choix politique.

Le gouvernement pourrait tout à fait assumer ces couts, le chauffage des universités est une goute d'eau dans le surcout de la crise énergétique.
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Jul 27
#UnpopularOpinion #Parcoursup rend son service.

Aucun État n'a jamais investi dans l'éducation en raison de la démographie.
Les États investissent pour atteindre des objectifs. Le notre est l'insertion professionnelle. Donc on investi en fonction des besoins des employeurs.
Au début de la massification, dans les années 60, les intérêts des employeurs et la démographie étaient alignés.

Ce n'est plus le cas aujourd'hui : on a fait plus d'enfants qu'on a créé d'emplois, et en particulier d'emplois nécessitant des études supérieures.
Nos votes ne cessent de le confirmer : nous ne voulons pas d'une éducation collectivement émancipatrice, nous voulons d'une éducation individuellement insérante dans l'emploi au plus haut niveau possible.

Or, il n'y a pas, et il n'y aura jamais, de places pour tout le monde.
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Jul 26
#HelpESP Besoin d'aide d'économistes et démographes : est-ce que la suite vous parait réaliste ?

Une exploitation (trop brutale) de l'enquête emploi me conduit à ce graphique, qui montre la part des diplômés du supérieur dans la population et les salaires des 30-34 ans. Image
Lecture : en 1982, les Bac+x représentaient 16% des 30-34 ans, et ils captaient 22% des salaires des 30-34 ans. En 2020, ils représentent 50% et captent 58% des salaires.

Je suis à peu près sûr pour la part de la population, mais pas pour la part dans les salaires.
Si on calcule le salaire moyen des Bac+ comme un ratio du salaire moyen de tous les 30-34, on obtient ça :

Ce salaire passe de 1,4x en 1980 à 1,5x en 1995 puis 1,2x en 2010.

C'est possible ? Image
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