Thread by @Gemenne

Défaitisme ou réalisme ? A la #COP27, les pays arabes et émergents plaident pour l'abandon de l'objectif de 1,5°C. C'est aussi le cas des @ScientistRebel1. D'où vient cet objectif et pourquoi est-il contesté ? Une explication politique. 1/

La Convention-cadre des Nations unies sur le Changement climatique, signée en 1992, définissait un objectif très vague : « un niveau qui éviterait toute interférence dangereuse avec le climat ». Il a fallu… 17 ans pour préciser ce qu’était une ‘interférence dangereuse’. 2/..

En 2009, à la COP15 de Copenhague, on s'accorde sur l'objectif d'une hausse de 2°C maximum d'ici 2100. C'est un compromis politique. Les petits Etats insulaires réclament qu'on prenne 1,5°C comme objectif. En vain. C'est déjà trop tard. 3/..

Pourquoi 1,5°C ? Les petits Etats insulaires estiment que c'est le seul objectif qui leur garantit un avenir : à +2°C, plusieurs seront submergés. Le problème, c'est que +1,5°C correspond à une concentration de GES de 350 ppm : un seuil qu'on a dépassé dans les années 1980. 4/..

Mais en 2015 à la COP21, ils reviennent à la charge et cette fois-ci ils obtiennent gain de cause : il faut donner satisfaction à tout le monde pour garantir la ratification universelle de l’Accord de Paris. L’objectif de 1.5 degré y est intégré. 5/..

Même si l'objectif de 1,5°C est un objectif secondaire dans la formulation de l'Accord, c'est une victoire diplomatique majeure pour les petits Etats insulaires. A l'époque, c'est une concession politique qui leur est faite - l'objectif principal reste bien 2°C. 6/.

Mais à la suite de cela, les gouvernements vont commander un rapport spécial au GIEC: comment atteindre cet objectif de 1,5°C. Dans ce rapport, le GIEC conclut que cet objectif reste théoriquement possible - on ne parle plus des 350 ppm. 7/. ipcc.ch/sr15/

Le 6ème rapport du GIEC, publié l'an dernier, conclut la même chose : on a quasiment épuisé le budget carbone pour 1,5°C, il faut que les émissions de méthane baissent drastiquement, mais ça reste possible. Voir ce fil de ma collègue @CelineGuivarch. 8/.

https://twitter.com/CelineGuivarch/status/1592803716708864000?s=20&t=6SpXHUH1KPbcSAH7xq1jxg

Le problème c'est qu'on n'est pas du tout sur la trajectoire. On atteindra +1.5°C vers 2035. Et je crois qu'il faut être honnête: cet objectif est "mort", comme je l'avais dit dans @Ccesoir en mai dernier - une sortie très critiquée à l'époque. 9/.

https://twitter.com/Ccesoir/status/1521232308686049280?s=20&t=D6PQ-VTHVXdbd9liC_vI8w

Mais les gouvernements, poussés dans le dos par les ONGs, ont fait de cet objectif de 1.5 degré leur objectif principal. Le Royaume-Uni, qui avait à l’époque le plan climat le plus ambitieux (et le plus irréaliste) du monde, en avait fait le leitmotiv de la #COP26.

Le problème, maintenant, c’est que les gouvernements qui voudraient revenir à l’objectif des 2 degrés passeraient pour des gouvernements défaitistes. Le slogan de la société civile, ici, c’est « Keep 1.5 alive ». Mais chacun sait que c’est un objectif politique. 11/

Dans ce contexte, la lettre de @ScientistRebel1, qui appelle à abandonner cet objectif, marque une rupture dans la société civile : dire la vérité, c’est aussi abaisser le niveau d’ambition, comme le demandent les pays arabes et émergents. Et donc, dilemme… 12/

Faut-il abandonner cet objectif au nom du réalisme, pour ne pas courir après des chimères ? Ou faut-il au contraire garder cet objectif pour maintenir l’ambition politique, comme une méthode Coué ? Cet article de @20Minutes essaie de faire le point. 13/ 20minutes.fr/planete/400995…

Reste une question fondamentale : faut-il des objectifs de température à horizon 2100 ? Ces objectifs ne retardent-ils pas l’action, sachant que chaque dixième de degré compte ? Et comment la concession politique du 1.5 degré est-elle devenue l’objectif principal ? 14/14

https://twitter.com/ClimateHuman/status/1592245489356767232