Thread by @A_Beauc

Vendredi soir se déroulait une conférence-débat de Marc Dufumier intitulée "L'agroécologie peut nous sauver".

Cela mérite un #Thread afin de vous en faire un résumé et vous donner mon ressenti.
@Fragritwittos
@chambagri_hdf 
#FrAgTw
#agriculture
#agroecologie

Un grand thème, plein de promesse et un titre quelque peu racoleur, j'en conviens.
J'ai décidé d'y participer afin de prendre part au débat en tant que membre des @Fragritwittos une occasion de communiquer positivement et se confronter à un personnage assez controversé.

Une centaine de personnes étaient présentes pour l'événement organisée par une association : Les jardins d'insertion de l'Artois.
Quelques agriculteurs, en bio, beaucoup de consommateurs bio, quelques clichés, des fans de Monsieur Dufumier et moi, plutôt en opposition à

ses idéologies, son dogmatisme et à ce qu'il véhicule.
Alors la conférence; pour des néophytes, des amateurs, des aficionados, des écolos en culottes courtes et des idéologues; était "sexy", vendeuse, attrayante. Le discours paraissait simple voire simpliste et c'est ce qui plaît

Les problématiques et les constats, nous ne pouvons tous qu'être d'accord avec. Là où ça coince, ce sont les mots utilisés, les sous-entendus et le fait de mettre en avant, en permanence, les pesticides sans réellement en dire le nom.
Comme le dit, Monsieur Dufumier,

les mots en -cide doivent définitivement disparaître du paysage et de l'agriculture.
Les premiers applaudissements pleuvent.
Ensuite, l'agriculture industrielle ou intensive, mal contemporain, sources de tous nos maux et problèmes. Quels arguments sont-ils avancés ?

Aucun ou du moins aucun de concrets ni acceptables, de mon point de vue. Beaucoup de clichés, de raccourcis. Aucun chiffre n'est avancé vis-à-vis de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques (seul mot selon moi qui devrait être utilisé et non pesticide).

Aucune étude scientifique n'est prise en argument ou justification de ce qui est avancé m, le #Glyphosate en fer de lance.
Encore une fois, l'auditoire applaudit et on entend des "oh oui" "c'est exactement ça".

Sur certains points, le taux de MO dans les sols, l'humus, les couverts permanents, l'autonomie alimentaire, les choses dites sont vraies mais l'argumentaire utilisé et les mots choisis sont soit outranciers soit, au pire, faux.

C'est nécessairement la faute de l'agriculture actuelle, intensive et industrielle.
La foule applaudit de nouveau.
La solution ou les solutions selon Monsieur Dufumier : soleil + couverture permanente des sols + agroforesterie + interdiction des produits phytopharmaceutiques

+ interdiction des engrais chimiques (j'aurais dû lui rappeler que tout n'est que chimie et physique).
Ajoutez à cela une dose de permaculture et d'agriculture uniquement biologique, dont la définition qu'il en a, n'est toujours pas claire à mes yeux et mon cerveau.

Une fois de plus, les participants applaudissent en cœur.

Les exemples qu'il prend sont tout aussi discutables : agriculture vivrière, permaculture avec la ferme du Bec Hellouin, micro-structures en mono-traite + système extensif dans des territoires où cela est possible.

Les solutions sont simples, le discours simpliste, les applaudissements vont de soi.
Les contre-exemples que Monsieur Dufumier choisit; comme celui des pollueurs-tueurs et autres utilisateurs de #Glyphosate se cachant derrière des pratiques vertueuses telles que l'#ACS ou le

#SDSC, ou encore celui d'une ferme laitière équipée de 3 robots de traite, en contradiction avec la petite structure en mono-traite, les gentils contre les grands méchants, cherchant à s'agrandir à tout prix, s'enfonçant de plus en plus dans un système capitaliste,

d'investissements à outrance, d'endettement, pour produire de la poudre de lait et des produits de mauvaise qualité, profitant à l'agro-industrie; sont autant d'exemples de ses idéologies et de son dogmatisme.

Tout ceci, bien entendu, menant aux suicides de nos agriculteurs car ce sont bel et bien nos pratiques, nos systèmes agricoles qui détruisent le monde, la biodiversité et qui nous détruisent nous-même.
Je m'arrêterai là concernant la conférence car, malheureusement je pourrais

quasiment en écrire un roman mais cela ne ferait ni avancer les choses ni diminuer ma colère face à un tel discours manichéen.
La conclusion concernant ce premier moment de l'évènement : seuls les paysans devraient exister, seuls eux ou ceux qui les soutiennent ne devraient

avoir le droit de s'exprimer et de prendre part à de tels événements, d'ailleurs il réfute la présence "d'exploitants agricoles", qui comme leur nom l'indique, exploitent les terres, la nature et ne devraient plus exister ni ne peuvent échanger/débattre avec lui.

Monsieur Dufumier fait preuve de condescendance, d'une assurance et d'un manque d'humilité qui n'ont d'égal que son mépris des agriculteurs (au sens exploitants agricoles).
Malheureusement, c'était sans compter sur ma présence.
Je me considère comme un agriculteur, un paysan,

un cultivateur de biodiversité, un culs-terreux, un campagnard et surtout une personne consciente des enjeux qui sont devant nous.
Deuxième moment de la soirée, le débat, des questions j'en ai beaucoup, des raisons de m'énerver et m'emporter encore plus. Seulement voilà,

je garde mon calme, je lève la main et en profite pour poser la première question que j'ai en tête, parmi plusieurs...
Question relativement ouverte, basée sur la présentation de M. Dufumier et notamment sur les questionnements vis-à-vis du bien être animal, des #vaches

qui devraient être en aire paillée et non en #logettes ou #caillebotis, le #SD, le #SDSC, etc.
Je vous passe l'introduction de ma question et ma courte présentation afin de contextualiser ma question qui était en fait une question à tiroir.
"Dans votre présentation vous faites de

nombreuses hypothèses, avancez de nombreux arguments, certains relevant du bon sens paysans (que les agriculteurs possèdent et pratiquent au quotidien) d'autres totalement faux.
Vous parlez qu'il faille un grand mouvement de retour à la terre afin d'aider les paysans à réaliser

la transition agroécologique, comment pensez-vous que cela soit réalisable en sachant que depuis 3-4 ans, le manque de RH se fait ressentir dans le secteur agricole. En élevage laitier, nous ne trouvons plus ou quasiment plus personne afin de seconder les éleveurs,

ils sont peu remplacés s'ils n'arrêtent pas avant leur retraite. Dans les faits, on entend ça et là de nombreuses personnes souhaitant se reconvertir mais une fois face à la charge de travail, à la charge mentale, aux charges financières, aux contraintes, beaucoup quittent

le navire ou jettent l'éponge après quelques années voire mois ou semaines.
Alors comment comptez-vous attirer et pérenniser les postes de salariés ou même les installations viables en agriculture ?
En légumes/maraichages, les petites structures sont-elles réellement viables

une fois la charge de travail et les revenus ramenés à l'heure ?
La bio souffre d'un engorgement des marchés, d'un désintéressement des consommateurs, pensez-vous réellement que ce soit la voie à suivre ?

D'autres voies ne sont-elles pas possibles, moyennant une ouverture d'esprit et une absence de dogmatisme ?

Je vous passe les réponses ou plutôt je peux le résumer en une phrase, absence de réponse à mes questions, totalement à côté du sujet, seul la conversion à

une agriculture biologique permettra de dégager des revenus et un salaire digne pour les paysans et donc, la possibilité de se diversifier, de recruter, de payer correctement les salariés afin de les faire rester

bref vous l'aurez compris, ces réponses ne m'ont ni convenu ni convaincu et encore moins satisfait.
Alors me direz-vous, est-ce étonnant venant de ce personnage ?
Non, je ne m'attendais pas à mieux mais ce qui me dérange là est plutôt l'absence de droit de réponse,

de contradiction, de débat face à ce qu'il avait pu me répondre ou ne pas me répondre. Impossible de le relancer, de donner mon avis, d'avancer de réels arguments avec des bases scientifiques, pragmatiques et empiriques.

L'auditoire a donc dû boire les paroles d'évangile que M. Dufumier leur donnait et a nécessairement acquiescé face à du simplisme et du dogmatisme pur et dur, le tout se terminant dans un flot d'applaudissements.

Certes, les personnes présentes étaient et sont acquises à sa cause, néanmoins j'aurais aimé leur permettre de se poser quelques questions, tenter de se mettre à notre place, nous, agriculteurs, en leur offrant l'occasion d'échanger et surtout d'obtenir des arguments et des faits

d'une personne du terrain dont les pratiques sont totalement en adéquation avec les problématiques actuelles : changement climatique, bien être animal, "agroécologie" empirique et pragmatique, science, technologies, en résumé, ce qui fait l'agriculture d'aujourd'hui.

Je le répète régulièrement mais l'Agriculture est complexe et multiple.
Il n'y a pas une seule et unique Agriculture, pas une unique voie mais bel et bien des milliers, à l'image de nos agriculteurs.
Ces agricultures sont et seront plus que jamais complémentaires et compatibles.

Le travail de concert, les ponts techniques, technologiques et scientifiques entre ces agricultures devraient être logiques et sans discussion possible. Il serait peut être temps qu'il y ait une véritable solidarité et stopper les guerres de clochés !!!

Vous aurez donc compris que je n'ai pas pu poser les autres questions que j'avais sur l'#ACS (#SD, #SDSC, #TCS) avec recours à l'utilisation du #Glyphosate, sur les #OGM, la recherche scientifique et génétique...

Le dogmatisme, les idéologies sectaires, l'obscurantisme et, par certains aspects, l'anthropomorphisme ont encore un peu plus gagné de terrain vendredi soir.