Thread by @Kako_line

A l’approche de noël, @UFCquechoisir a réalisé des essais sur des moules #silicones 🧁afin d’en déterminer les risques pour le concommateur.
Les résultats ont été repris dans beaucoup de médias, avec peu d'analyse. Je m'y colle #Thread 🧵
lesechos.fr/industrie-serv…

Je précise que j’ai lu l’article dans le magazine qui ne m’a rien appris de plus sur la méthode ou les substances identifiées. Il est dommage de ne pas avoir ces infos vu les termes forts utilisés dans l'article.
Si la liste est dispo quelque part je mettrai à jour ce Thread 🤓

L’étude est réalisée par Que Choisir et ses homologues européens sur 44 moules silicone dont 29 commercialisés en France en magasin ou dispo sur internet.
Sur ces 29, ils ont identifiés 6 moules sans risque, 9 avec une migration de substances supérieure à la règlementation.

Les silicones sont des matériaux qui diffèrent des plastiques de par leur chimie : ils ne sont pas constitués de chaînes carbonées, l’atome de silicium remplace l’atome de carbone comme on peut le voir dans cet exemple ⬇️. C’est une famille de matériaux très particulière

L’essai de Que Choisir est réalisé selon le règlement UE n°10/2011 qui porte sur les matériaux et objets en matière plastique destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires

J’ai regardé la règlementation applicable à ce matériau et pour cet usage. Comme expliqué par Que Choisir, le règlement (CE) n° 1935/2004 qui concerne les matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires n’est pas applicable aux matériaux silicones

C’est l’arrêté du 25 novembre 1992 qui s’applique en France et qui précise les modalités d’essais ainsi que les limites de migration des substances. Mais ce n’est pas l’essai présenté dans cet arrêté qui a été utilisé.
contactalimentaire.fr/sites/default/…

Probablement parce que l’étude a été réalisée par plusieurs assos européennes. Ils ont donc utilisé une méthode européenne même si non spécifique à ce matériau. Donc les essais sont différents des textes règlementaires français notamment : température, durée et simulants utilisés

En fonction de la composition des silicones, les conditions d'essais peuvent avoir un impact sur les résultats. Cela pourrait expliquer pourquoi dans l'un des cas le silicone semble se dégrader au cours de l'essai. D'où l'intérêt de cadrer l'essai en fonction du matériau testé

Là où Que Choisir a raison, c’est que ces documents règlementaires sont beaucoup trop anciens. Ils devraient être actualisés afin de prendre en compte l’état de l’art actuel en termes d’essais sur ces matériaux. ça date des années 90...

L’une des substances CMR identifiée (reprotoxique 2) est l’octamethylcyclotetrasiloxane, ou D4 pour les intimes. C’est un résidu de fabrication des silicones. Une substance cyclique avec 4 silicones. Petite fiche de l’ @EU_ECHA sur cette substance
echa.europa.eu/fr/substance-i…

Les substances extrêmement préoccupantes (liste SVHC de REACH,) : decamethyl- cyclopentasiloxane, dodecamethyl- cyclohexasiloxane. Ou D5 et D6 pour les intimes

Elles sont dans la liste SVHC, comme le D4, parce que ce sont des PBT (persistante, bioaccumulable et toxique). L'@EU_ECHA poursuit un projet de restriction qui intégrera cet usage et d'autres plus problématiques, afin d'interdire les concentrations supérieures à un seuil fixé

Mais ce sont aussi des résidus de fabrication. Donc en faible quantité à priori. Généralement bien inférieure à 1% plus rarement entre 1 et 3% voire plus. Si on atteint ces taux c’est qu’il y a un problème dans le procédé de fabrication.

Dans ce cas le matériau n’est pas de très bonne qualité et donc non conforme à la règlementation actuelle de par la présence d’une forte quantité d’impuretés. Mais encore une fois, sans plus d’élément sur cette étude difficile d’en juger.

Donc pour résumer, il manque les infos suivantes pour confirmer ou non les conclusions de Que Choisir :
❌le protocole utilisé, de manière détaillée
❌la liste exaustive des substances identifiées
❌les concentrations de ces substances
Sans ça 🤷‍♀️

Là où on peut être d'accord avec eux à ce stade :
✅Revoir la règlementation est nécessaire
✅la qualité des moules peut être très variable, ce qui pourrait expliquer ces résultats
✅le consommateur devrait avoir des indicatiouns sur comment utiliser le moule à l'achat

L'étude et l'article sont surtout là pour alerter sur un manque de cadrage je pense, qui pourrait conduire à des dérives. C'est en tout cas comme ça que je la perçois avec les éléments mis à dispo.