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La question du "psychosomatique" empoisonne les relations entre certains médecins et patients depuis longtemps, et resurgit avec le Covid long.
On a d'un côté des médecins qui pensent que les patients entretiennent leurs
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symptômes en se focalisant dessus, refusent l'idée de lésions cérébrales, et avancent un schéma explicatif centré autour des "troubles somatiques fonctionnels", la catégorie SSD dans le DSM-5, c'est-à-dire qu'une part des symptômes n'auraient pas de support biologique.
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Dans la communauté qui s'intéresse au Covid long, qu'elle soit touchée directement ou qu'il s'agisse de chercheurs et médecins, certains adoptent l'idée qu'il ne faut pas, jamais, évoquer la question de dégâts post-traumatiques quand on parle de Covid long.
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Vous connaissez ma position pour ceux qui me suivent. Je vais tenter de la résumer.
Je ne crois pas à la conscience en temps que phénomène qui dépasse le monde physique.
Un spermatozoïde n'a pas de conscience, un ovule non plus, ni les chaînes chimiques de molécules qui composent
l'un et l'autre.
Quand l'un et l'autre fusionnent, je ne vois pas par quel mécanisme apparaîtrait soudain une entité "conscience" qui dépasserait le monde physique.
Cet embryon va se diviser, se compléter d'autres molécules, et là encore je ne vois pas par quel processus magique
quelque chose inexplicable par le monde physique apparaîtrait à un moment de la gestation, qui bien que non physique pourrait agir sur le monde physique.
Avoir cette vision relèverait selon moi de la croyance : jusqu'à preuve du contraire, rien n'indique que la conscience échappe
aux lois de l'Univers, y compris celles que nous ne connaissons pas encore.
En philosophie (surtout analytique), on appelle cela le dualisme (parfois dit "dualisme cartésien").
Le dualisme est en perte de vitesse depuis Descartes, car notamment pour les raisons que j'évoque plus
haut, il implique des contradictions absolument irrésolubles à ce jour.
Et il est, quoi qu'on s'en défende, une croyance au même titre que croire en Dieu.
Alors qu'est-ce que la conscience ? De ce qu'on peut vérifier par des méthodes scientifiques et réfutables, il s'agirait d'un
phénomène dit "émergent".
De la même façon que la température ou la pression n'a pas de sens quand on parle d'un atome ou de deux, elle prend un sens à partir d'une certaine échelle.
De la même façon que parler des propriété d'un tas de sable n'a de sens qu'à partir d'un certain
nombre de grains de sable.
Cette notion d'émergence est compatible avec le réductionnisme ?
Oui, jusqu'à preuve du contraire.
Autrement dit, on peut tirer des lois concernant la pression d'un gaz, ces lois pourraient *en théorie* être déduites des fondements de la mécanique
quantique, sauf que c'est impossible en pratique, déjà que la mécanique quantique peinent à résoudre les équations monstrueuses avec plusieurs particules..
L'émergence signifie qu'on change d'échelle sinon les calculs seraient impossibles à terminer, pas forcément qu'on change de
nature. Qu'une entité nouvelle, d'une nature différente, serait apparue.
On peut le croire, mais c'est une croyance car c'est une proposition scientifique qui, par construction ne satisfait pas aux critères de réfutabilité.
J'en viens maintenant au terme "psychosomatique". Quoi
qu'en dise ses promoteurs, il repose sur l'idée du dualisme. L'idée qu'il y a des choses non biologiques qui agiraient sur des choses biologiques.
Et ça, c'est une croyance, respectable, mais qui n'est pas scientifique.
Mais alors, pourquoi quand on stresse on a mal au ventre ?
"Dis-tu que le psychosomatique n'existe pas ?".
Parce que de mon point de vue, tout ce qui se passe dans le cerveau est déterminé par des phénomènes physiques, donc biologiques, et donc, ce qui est très important, potentiellement objectivable biologiquement.
C'est là toute
l'erreur de la team française des médecins pro-TSF, qui distinguent "fonctionnel" de "lésionnel", ce qui n'a pas de définition scientifique pourtant.
La pensée est une construction et une destruction en permanence de millions de synapses.
Si j'ai une dépression, il se passe des
phénomènes lésionnels dans ma tête : plein de neurones et synapses entre mon gyrus denté et mon cortex préfrontal vont être détruits.
Mon cortex va, du fait de ce passif lésionnel *de l'ordre de la séquelle*, moins bien gérer les surplus d'infos qui viendront de l'hippocampe et
l'amygdale cérébrale.
On sait tout ça car l'un des mécanismes d'action des antidépresseurs est leur capacité de booster la création de neurones dans le gyrus denté, ce qui fait que les séquelles d'une dépression sont en partie réversibles, non définitives.
Et le Covid long
dans tout ça ?
Il faut déjà distinguer deux choses : le stress conscient qui remonte au cortex cérébral, des mécanismes parfois nommés "stress biologique", on devrait plutôt dire non conscients, qui impliquent des réactions immunitaires qui s'emballent.
De quoi meurent la plupart des malades du Covid ? D'une réaction immunitaire excessive, donc d'un "mode urgence" déclenché trop fortement par le système immunitaire.
Qu'est-ce qui cause la plupart des séquelles du Covid (PASC / Covid long) ? Plus ou moins la même chose.
C'est la réaction immunitaire défaillante qui va se défendre mal contre le virus, pour pleins de raisons, sur lesquelles j'essaierai de revenir plus loin. Que va "laisser" le virus infecter plus ou moins les astrocytes. Astrocytes infectés qui vont déclencher des destructions de
neurones. C'est l'inefficacité du système immunitaire qui va compromettre la barrière hémato-encéphalique.
Ces inefficacités nous concernent tous. Personne n'en est à l'abri.
Par contre il est probable que certains aient plus de predispositions que d'autres à ces vulnérabilités.
Et dans ces prédispositions à avoir un Covid grave initial ou un covid long, il y a des critères génétiques, que quelques études laissent apparaître, et il y a un paquet d'éléments qui montrent qu'il y a aussi certainement des critères de predispositions épigénétiques.
"Prédisposition", cela ne veut ni dire que c'est inéluctable, et encore moins que c'est nécessairement une des causes.
C'est juste que les risques sont augmentés.
Ils sont augmentés du fait de caractéristiques génétiques et de séquelles antérieures ayant eu des répercussions
épigénétiques.
Avoir une maladie cérébrale, comme un Alzheimer, une dépression, un trouble d'anxiété généralisé, cela met le cerveau dans un état inflammatoire à bas bruit, qui crée des séquelles. Cela détruit des neurones, cela fragilise la réponse au cerveau face à une attaque
virale.
Et c'est le cas de presque tous les troubles cérébraux importants, y compris le syndrome de stress post-traumatique.
Le fait que certaines maladies auto-immunes, le fait que des personnes aient plus de symptômes lors d'une infection virale, soit influencé par le passif
cérébral est attendu. Logique. Ce n'est pas influencé que par cela mais cela joue.
Le cerveau est un organe biologique qui interagit dans les deux sens avec tous les autres organes du corps. Il n'est pas à part, ni isolé. Les "bras" du cerveau, les nerfs, s'étendent dans tout le
corps. Les intestins contiennent 200 millions de neurones. La flore intestinale agit sur le cerveau, des infections virales agissent directement (et évidemment biologiquement) sur le cerveau. Parfois de façon indirecte mais aussi pour certains virus de façon directe ou indirecte.
Pour revenir à l'objet de ce thread :
Ce qui me choque n'est pas tant que des chercheurs veulent voir si le passif cérébral peut influencer la survenue d'une mort Covid ou d'un Covid long, c'est plutôt quand ils nient l'objectivation biologique des séquelles de l'infection.
-> "Commencez par reconnaître que l'hypothèse la plus étayée qui explique que les symptômes neurologiques prennent leur source lors des *dégâts lésionnels au moment de l'infection*, et après vous serez un peu plus légitimes pour vous intéresser aux facteurs de predispositions, à
condition que votre intérêt ne soit pas de renvoyer au malade la responsabilité de sa guérison."
Certaines personnes seront chanceuses, comme @PaulGarnerWoof, auront moins de predispositions et de séquelles antérieures et il sera plus facile pour elles que leur cerveau se répare.
Pour d'autres, non seulement cela sera impossible, mais le passif cérébral, qu'il soit génétique ou épigénétique, conjugué à une persistance virale chez une partie, fera qu'ils ne pourront échapper aux malaises post-effort, à même d'aggraver leur condition.
Je pense qu'il n'y a pas lieu de rentrer en guerre contre ceux qui pensent que des processus cérébraux réparateurs sont à même d'atténuer, voire de faire quasiment disparaître, des séquelles issues de processus dégénératifs cérébraux précédents.
À condition qu'ils ne prétendent
pas que c'est possible pour tout le monde, et qu'ils ne renvoient pas les patients à une responsabilité sur leurs symptômes. Cette responsabilisation est scientifiquement fausse, elle est aussi délétère pour les malades.
Revenons une nouvelle fois au mot "psychosomatique", en prenant un exemple très singulier, le syndrome dit d'électrosensibilité.
Les tests en aveugle où les personnes ne savent pas si elles sont exposées ou non à des ondes électromagnétiques, montrent que les symptômes ne sont
pas corrélés avec l'exposition effective aux ondes.
Alors de quoi souffrent-ils ? L'explication qui me semble la plus probable est qu'ils ont des prédispositions génétiques et épigénétiques qui ont créé des séquelles cérébrales, et que ces séquelles les rendent plus susceptibles
que leurs phobies débordent les capacités auto-régulatrices de leur cerveau et du reste de leur corps. La phobie des ondes n'est plus régulée, et parfois plus régulable, par des mécanismes conscients. Je précise qu'ici on est dans une configuration différente du Covid long.
Ce n'est pas une thérapie que de dire aux gens qu'il ne tient qu'à eux de ne pas se focaliser sur leurs symptômes pour guérir. C'est ne rien comprendre aux mécanismes lésionnels du cerceau et croire que tout ce qui relève du cérébral est réversible.
Ce n'est pas le cas.
Deux personnes ont un AVC de même étendu, l'une récupérera presque totalement, l'autre n'aura qu'une légère amélioration de ses symptômes.
Ce qui est préoccupant selon moi, ce n'est pas parler de stress post-traumatique dans le cas du CL, mais c'est
entendre des médecins qui font littéralement tout, y compris mentir pour que leur notoriété ne soit pas entachée, pour discréditer tout ce qui relève de l'objectivation biologique dans le cadre du Covid long.
Car même les causes cérébrales antérieures, pour la part qu'elles
peuvent avoir, sont potentiellement objectivables. On le voit sur des autopsies chez l'animal dans son cerveau, on le voit au Pet-scan chez de nombreux Covid long avec un neuro-Covid, voire chez tous avec un neuro-Covid dans les premiers mois.
C'est cette présentation malhonnête
des connaissances scientifiques qui est contraire au minimum éthique.
C'est voir des psychiatres et internistes, qui n'y connaissent rien à l'imagerie nucléaire, induire les médias et leurs confrères à coup d'interprétationd fumeuses sur ce domaine auquel ils ne comprennent rien.
Ce qu'il faut leur reprocher n'est pas leurs croyances, mais leur désinformation sur des sujets auxquels ils ne comprennent rien, et à l'inverse leur demander, s'ils abordent ces sujets, de communiquer sur ce que disent de façon consensuelle les experts de ces domaines.
Car en faisant cela, ils participent directement à la propagation de fake news, de pseudo-médecine, de refus du consensus issu des publications, au même titre que tous les désinformateurs sur les vaccins, etc.
[fin]
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Histoire d'un contresens :
La "fin du dualisme" prônée par la chapelle médicale "troubles somatiques fonctionnels"
[Thread]
Un mantra revient dans les textes produits par les médecins qui étudient les troubles somatique fonctionnels (la catégorie "SSD" 300.82 DSM-5).
[1/n]
Ils décrètent qu'il veulent fin au dualisme cartésien, notion désuète héritée du XVIIe siècle. Ils affirment qu'ils ont dépassé cet héritage philosophique.
Je vais ici montrer qu'il font un sophisme, car ils ne comprennent pas le sens du mot "dualisme".
En voici 3 exemples :
Pascal Cathébras, psychiatre et psychanalyste, in
"Patient-Centered Medicine: A Necessary Condition for the Management of Functional Somatic Syndromes and Bodily Distress" frontiersin.org/articles/10.33…
Dans La Libre et Libération, on lit que les scientifiques seraient circonspects sur le surrisque de diabète en cas de covid "Cela peut être un biais induit par le fait que le Covid accélère la détection d’un diabète qu’on aurait mis en évidence plus tard".
Vraiment ?
[thread]👇
Comme souvent pour le covid et le covid long, le débat n'est pas entre *scientifiques*, car les publications scientifiques se recoupent, la "circonspection" ne concerne que certains médecins qui nient la littérature scientifique et/ou l'ignorent.
Tout d'abord, dès février *2021*, il est établi, in vivo, dans la revue Nature, que le SARS-CoV-2 peut infecter le pancréas endocrine et exocrine : nature.com/articles/s4225…
Beaucoup d'appels au standard pour nous demander des précisions sur cette saga étude française JAMA Covid Long, avec Le Monde il y a 15 jours, pleine d'enjeux de pouvoir et de cascades à ne pas reproduire chez vous. [thread] Collab. @AlbanSciences 🧵👇 #FlawedJAMAStudy#ApresJ20
A la suite de ce thread des questions ont été soulevées.
- Les auteurs ont-ils donné des réponses cohérentes aux commentaires publiés dans JAMA ?
- Leurs arguments varient-ils au fil des réponses ?
- Quid du modèle "3 variables" que le Dr Lemogne présente
en réponse au Dr. Larché ?
- @fperrywilson Pr à Yale fait-il des "grossières erreurs" comme le dit l'auteur de l'étude (interview Le Monde), ou bien a-t-il tiré le fil de la bonne bobine qui mène quelques mois plus tard à une découverte stupéfiante sur la déontologie de l'étude ?
J'ai regardé le reportage d'@EnvoyeSpecial sur le #CovidLong, signé @anaisbard, et je le conseille vivement en replay. J'ai un regard de non-malade, mais j'y retrouve ce que des proches me décrivent. #ApresJ20
C'est une immersion vraiment réussie d'un parcours où une partie du corps médical, ancré dans des croyances et un habitus d'autorité médicale, peuvent parfois devenir des obstacles que les patients doivent affronter, en plus. #CovidLong#EnvoyeSpecial@apresj20
On y retrouve l'école psychosomatique française tristement célèbre, de forte influence psychanalytique. Leur pape est le Pr. Pascal Cathébras, qui garde une haute réputation dans la psychiatrie française. Qui est-il ? D'où vient ce courant ? 👇 #CovidLong#EnvoyeSpecial#Apresj20
#FlawedJamaStudy#LongCovid
Des explications...👇
L’étude de JAMA de novembre 2021 sur le covid long est basée sur deux données :
- un questionnaire dans lequel les participants signalent des symptômes prolongés (type fatigue, douleurs thoraciques, perte d’odorat…) d’une part,
et indiquent s’ils pensent avoir été infectés par le SARS-CoV-2 d’autre part.
- un test sérologique fait sur les mêmes participants (c’est un test qui cherche à évaluer s’ils ont été infectés par le passé).
.Analyse. [thread]
Pour les patients touchés par un covid long, deux obstacles majeurs au diagnostic, qui viennent du monde médical.
D'une part, beaucoup de praticiens, y compris des médecins qui ont une grande réputation dans leur domaine,
méconnaissent les mécanismes du covid long déjà établis en recherche.
D'autre part, ils sont imprégnés d'une croyance encore extrêmement répandue dans la société : le dualisme cartésien (venant d'une proposition de Descartes, à savoir l'idée de séparation corps/esprit,
et non pas "cartésien" dans le sens "rationnel").
Ils pensent que la pensée possède des aspects non physiques, mais que, par un mécanisme mystérieux, elle pourrait agir sur le physique. Ils ne comprennent alors pas du tout les effets psychosomatiques,