« Pour nous, moins de places en socio, mais plus de BAC Pro, de CAP, de BEP, de BTS. »
Ce type de positionnement politique correspond à ce qu'on appelle « l'adéquationnisme », et il est très populaire en ce moment.
Problème : il ne repose sur aucune base rationnelle.
🧵
Le deuxième de ces arguments est que des filières de formations ne seraient que de couteuses usines à chômeurs.
Et la cible est toujours la même : l'université et la sociologie.
N'importe quelle formation pro serait quand même beaucoup plus raisonnable.
Problème : les taux d'insertion professionnelle des formations universitaires, y compris la sociologie, sont bien meilleurs que ceux des voies professionnelles.
Soit il s'agit d'une confusion sincère mais inquiétante sur le terme "pro" dans "voie pro", compris comme "trouver un emploi" au lieu de "apprendre un métier".
Ou bien alors il s'agit d'une offensive politique de mauvaise foi sur l'université et la sociologie.
(J'ai envie de dire, on va rapidement le savoir : si @GuilhemCarayon se met à militer pour plus de socio et moins de voie pro, alors il s'agissait d'une confusion sincère.)
Problème 2 : si diplômer un jeune ne crée pas un emploi, et qu'on a fait plus d'enfants qu'on a créé d'emplois,
alors que prévoient prévoient les adéquationistes pour les enfants surnuméraire par rapport à l'emploi ?
Supprimer des places de formation, ok. Mais après ?
Et là... Rien.
On en parle par exemple beaucoup pour les #EtudiantsSansMaster, puisqu'on à une "politique de réussite" en L, mais une "politique adéquationniste" à l'entrée des M.
Seul solution proposée à la pénurie d'emploi : des emplois au rabais.
Pour conclure : même si on n'a aucune réticence idéologique à l'adéquationnisme, les arguments avancés ne sont jamais convaincants, et les logiques ne sont jamais assumées jusqu'au bout.
Sans fondements sérieux, cette politique est laissée à l'état d'idéologie mal fichue.
Seul avantage politique : coincés sur le seul adéquationnisme, on évite d'aborder des pistes sérieuses d'évolutions pour notre système éducatif...
Pistes qui risquent nécessairement de s'éloigner de l'adéquation formation-emploi, et donc de rebattre complètement les cartes.
J'aurais dû être plus clair : évidemment il ne s'agit absolument pas de dénigrer les filières pros, simplement de montrer qu'il faut grandement se méfier de l'argument donné dans le tweet initial comme quoi pro = emploi, universitaire = chômage.
Précision : évidemment il ne s'agit absolument pas de dénigrer les filières pros, simplement de montrer qu'il faut grandement se méfier de l'argument donné dans le tweet initial comme quoi pro = emploi, universitaire = chômage.
Et sur-précision : il faut sérieusement se méfier de penser que les taux d'insertion pro disent quoi que ce soit de la qualité pédagogique des filières.
Il y a tellement d'autres paramètres, dont en tout premier lieu et tout simplement l'état de l'emploi, donc de l'économie.
Quelques précisions pour répondre aux questions les plus fréquentes.
- Pourquoi prendre ces formations ?
Parce que ce sont celles qui sont citées dans le tweet initial.
- Pourquoi ne pas considérer les poursuites d'étude en voie pro ?
Parce que le tweet initial suppose que ces formations sont suffisantes pour satisfaire les besoins de l'emploi, c'est donc ce que je regarde (en prenant l'indicateur le moins favorable à mon propos).
- Pourquoi moyenner les taux d'IP pour les formations universitaires ?
Parce que les données sont très bruitées, et que les données les plus récentes sont à l'avantage de mon propos, donc je cherche la configuration qui lui est le moins favorable.
- Pourquoi n'avoir pris qu'une année pour l'insertion pro de la voie professionnelle ?
Parce que les autres données n'étaient pas bien formées pour faire le graphique, mais j'ai vérifié à la main qu'il n'y avait pas d'incohérences.
- Est-ce que comparer des insertions à 12 et 18 mois, et sur des années différents ne biaise pas la comparaison.
Pas selon ce que j'ai pu voir : il y a très peu d'évolution entre 12 et 18 mois, et les données sont sensiblement identiques d'une année sur l'autre.
- Est-ce que les données sont fiables ?
Non, mais l'écart est tel qu'il absorbe très certainement la non fiabilité des données (que j'ai réduite de mon mieux par le moyennage et les vérifications manuelles).
Quoi qu'il en soit, c'est tout ce qu'on a, donc tout ce qu'on sait.
Et une précision importante : mon propos est de dire que rien n'indique qu'envoyer les étudiants de socio en voie pro améliorera l'insertion professionnelle (ou quoi que ce soit d'autres).
Pour autant, rien n'indique non plus le contraire.
Ces choses sont compliquées.
Et si mes conclusions ne vous plaisent pas, avant de venir m'accuser d'inconduite scientifique, merci de vous poser cette question : est-ce que vous auriez réagit de la même manière et cherché les mêmes biais si j'avais présenté ça ?
Si "non", alors le biais est de votre côté.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
[#VeilleESR#Parcoursup] Hybridation des formations dans l’enseignement supérieur
"l’enseignant continue à ne pas vouloir utiliser le cours créé par son voisin"
un équivalent de HAL avec "obligation d’information sur ce qui a été créé"
par @CMordelet
La positions de la DGESIP rejoint donc celle exprimée dans ce thread, de façon juste un peu moins claire et un peu moins sincère que celle de @BoudPrototype.
La proposition est identique : la création d'une bureaucratie en charge des programmes et cours.
@BoudPrototype Je présente mes excuses à @BoudPrototype, qui m'a bloqué après un échange pourtant cordial. Je ne devrais donc pas le citer, mais les propositions sont trop identiques pour ne pas le signaler.
Je précise qu'il ne s'agit donc pas de critiquer, mais d'écouter et de comprendre.
[#VeilleESR#Parcoursup] « Nous refusons aujourd’hui de voter des capacités d’accueil au sein de notre université tant que le MESR refusera d’attribuer à notre établissement une dotation budgétaire pérenne à la hauteur de nos besoins. »
Ce cas devrait pouvoir nous permettre de vérifier quelque chose :
Est-ce qu'une université qui renonce à voter ses capacité d'accueil décide d'admettre tous les candidats, ou bien est-ce qu'elle laisse juste le rectorat seul face à la définition de ces capacités d'accueil ?
Si on croit Mme @VidalFrederique, ce n'est pas de la sélection mais de l'orientation.
Dans ce cas, il pourrait être assez sain que le rectorat définisse unilatéralement les capacités d'accueil en fonction de ce qu'il estime être les "besoins de la nation".
Le @leJDD a pris la décision étrange de traiter l'hôpital de « cancre ».
Quel est l'objectif ? Pousser à la démission celles et ceux qui sont restés sur le pont nuits et jours pour nous sauver la peau au cœur de la pandémie, malgré des conditions de travail lamentable ?
On y trouve toutes les informations budgétaires (incompréhensibles), mais aussi tous les objectifs de performance, et toutes et c'est vraiment très intéressant.
Ici, les indicateurs de performance du programme 150 « Formations supérieures et recherche universitaire », qui explique bien la stratégie de l'Etat, qui se décline ensuite en pressions jusque dans les salles de cours.
Ici, le grand objectif général : 53% d'une classe d'âge diplômé du sup' en 2022, 55% en 2023.
Sauf qu'on est déjà à 56,2% en 2020.
Notre objectif serait donc plutôt de ralentir que d'accélérer.