Elle a relayé la rhétorique de Monsanto, ignoré l'ensemble des méta-analyses sur le sujet ainsi que les avis de l'Inserm et fait une confiance aveugle aux agences réglementaires.
Thread.
Pour rappel, ce thread se place dans le contexte d'une analyse (non exhaustive) de contenus problématiques publiés par @afis_science.
Le glyphosate a été classé cancérigène probable en 2015, par une agence scientifique internationale, le CIRC.
En 2012, l'Inserm avait déjà fait un classement similaire.
Des agences réglementaires, chargées de l'autorisation des pesticides, vont considérer qu'il ne l'est pas.
3/
Pour quelques références scientifiques sur ce qui est connu par rapport aux risques pour la santé sur le glyphosate, voir ce thread :
Dès 2017, le rédacteur en chef de la revue de l'AFIS prétend que « la polémique [sur le glyphosate] s’est construite en mélangeant danger, niveau de preuve et risque »
Comme je l'ai décrit ici, c'est faux (et imaginé par Monsanto).
En 2018, un autre article est publié où H. Le Bars critique l'évaluation du CIRC et prétend notamment que les agences se seraient concentré sur des études sur les mammifères ou sur le glyphosate seul, ce qui est faux, comme je l'avais montré aussi.
France Culture avait eu l'idée saugrenue d'inviter Hervé Le Bars pour parler du glyphosate dans un programme intitulé « les idées claires », on se pince… radiofrance.fr/franceculture/…
8/
Évidemment les mêmes idées fausses sont ressassées sur le fait que le CIRC n'aurait analysé que le danger alors que les agences se seraient intéressées au risque.
Miraculeusement, en 2022, le président de l'AFIS a (discrètement) reconnu à demi-mot que c'était faux.
9/
À partir du moment où on ne pointe pas les bonnes causes à cette différence d'analyse, on ne peut pas saisir convenablement la polémique.
10/
Ce qui explique cette différence d'analyse vient de la nature des données prises en compte : le CIRC (et l'Inserm) s'appuient sur les études scientifiques publiées. Les agences sur des dossiers réglementaires montés par les industriels (et marginalement sur des études publiques).
J'ai déjà eu l'occasion d'en parler longuement : ces agences sont largement critiquées car elles écartent de nombreuses données pertinentes et leurs analyses souffrent de nombreux points aveugles.
Alors que l'AFIS relaie énormément le travail des agences réglementaires sur le glyphosate, elle ne fait jamais mention des limites de leur travail. Comme indiqué précédemment, ces limites sont mises en avant dans des travaux dûment publiés dans divers champs disciplinaires.
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En plus de ne jamais parler de ces limites, l'AFIS n'a jamais mentionné les nombreuses méta-analyses publiées qui trouvent un lien entre exposition professionnelle au glyphosate et développement de certains cancers (dont une financée par Monsanto !).
Elle n'a jamais fait part des résultats présents dans les expertises collectives de l'Inserm sur les effets des pesticides sur la santé où il est indiqué qu'il existe une présomption moyenne d'un lien entre exposition pro au glyphosate et certains cancers.
15/
N'oublions pas non plus que le président de l'AFIS est allé jusqu'à citer un article dans un journal prédateur, écrit par un « chercheur » qui publie aussi bien sur la mécanique quantique que sur le glyphosate, pour défendre sa position.
Bref l'information véhiculée par l'AFIS sur le glyphosate est extrêmement partielle et partiale. La confiance est uniquement donnée aux agences réglementaires, en faisant fi de leurs limites et les travaux académiques sont au mieux ignorés au pire dénigrés (concernant le CIRC).
Ajout.
À propos d'une conférence organisée par l'AFIS sur le glyphosate et de l'intervenant prévu.
Biodiversité, climat, pesticides, … de nombreux contenus proposés par l'AFIS (association française pour l'information scientifique @afis_science) sont problématiques.
Il serait trop long de les énumérer ici (c'est là : factsory.org/2023/abecedair…)
Thread sur quelques éléments ⤵
Sur de nombreux sujets (climat, biodiversité, DDT, pesticides) l'AFIS relaie des propos infondés au mépris des connaissances scientifiques.
Elle le fait en essayant toujours de donner une apparence de sérieux.
Ses articles sont dotés d'une bibliographie qui peut paraître sérieuse au premier abord mais en réalité très lacunaire… quand les auteurs ne font pas dire à leurs sources l'inverse de ce qu'elles affirment.
Sur le #glyphosate, la divergence entre le #CIRC et les agences réglementaires ne s'explique ni par une différence du type d'évaluation #danger/#risque, ni par la prise en compte de la substance active seule ou avec les coformulants.
C'est la conclusion d'un colloque.
Thread.
Ce colloque a rassemblé une centaine de chercheurs, chercheuses et spécialistes de politiques publiques en 2021.
Ce colloque a été organisé notamment à l'initiative de David Gee, un des éditeurs des indispensables rapports de l'agence européenne de l'environnement : Late Lessons from Early Warnings (eea.europa.eu/publications/l…)
3/
Géraldine Woessner, de @LePoint, met maintenant en doute le fait que voyager en train émette environ 80 fois moins de gaz à effet de serre qu'en avion.
Elle prétend que c'est seulement 7 à 8 fois moins.
Tout part d'une publicité de la SNCF, critiquée par le secteur aérien, sur lequel le jury de déontologie publicitaire s'est prononcé. jdp-pub.org/avis/sncf-inte…
2/
Woessner reprend à son compte les chiffres avancés par le secteur aérien, qui ne sont corroborés nulle part.
Il est par ailleurs « directeur de la publication » d'European Scientist, un site qui diffuse tout article niant des dommages sur la santé ou les écosystèmes.
Sur European Scientist, on trouve des articles qui rejettent le Nutriscore, la pollution de l'air, la perte de biodiversité, le dérèglement climatique, les effets néfastes de la conso de viande rouge, et des articles vantant Raoult.
J'ai épluché il y a 8 ans un certain nombre de rapports de l'OMS. Rien de sérieux ne vient étayer une telle interdiction du DDT dans la lutte contre le paludisme.
Une formule en vogue en ce moment, mais une idée qui remonte à une trentaine d'années et diffusée par l'industrie du tabac pour lutter contre des mesures écologistes.
D'abord il y eut la volonté de discréditer les mesures publiques visant à protéger les écosystèmes.
C'est Philip Morris (PM), accompagné de la firme de relations publiques APCO, qui va monter en 1993 un lobby appelé TASSC : The Advancement of Sound Science Coalition.
2/
Pour PM, la lutte est féroce pour tenter de discréditer toute connaissance ou régulation sur les effets nocifs du tabagisme passif.
TASSC lui permettra de le faire discrètement, sans viser spécifiquement les politiques anti-tabac, ce qui permettra d'agréger d'autres industriels.