Thread by @la_revue_Sesame

À la fin de l’année 2023, les vins devront afficher, comme les autres produits alimentaires, leur composition nutritionnelle… Pas facile à mettre en œuvre compte-tenu de l’évolution des produits dans le temps… et des résistances ! C’est le #thread du mercredi. Vous venez ? 1/n

Et d’où ça vient ? De loin, pardi. Il y a une quarantaine d’années que l’on parle de l’étiquetage nutritionnel des alcools et des vins, bref, pour toutes les boissons titrant plus de 1,2 degré d’alcool, lesquelles ont bénéficié jusqu’ici de dérogations… 2/n

Une révision du dispositif était prévue en 2014 mais elle a été repoussée et c’est finalement en 2017 que le dossier a connu une avancée décisive, avec la publication d’un rapport européen donnant des pistes concrètes. 3/n
ec.europa.eu/commission/pre…

En 2021, la décision est entérinée lors de la révision de l’Organisation commune des marchés agricoles et la date d’entrée en application fixée, le 8 décembre 2023. 4/n

Reste que compiler les informations nutritionnelles d’un vin, notamment, est une entreprise complexe à mettre en œuvre comme l’ont largement plaidé les organisations de producteurs… 5/n

C'est compliqué, parce que la composition des vins peut changer d’un millésime à l’autre, que le vin continue d’évoluer une fois qu’il est mis en bouteille, qu’on peut avoir recours à des additifs jusqu’au moment de la mise en bouteille… 6/n

… Autant de spécificités qui rendaient difficile l’affichage de la totalité des infos nutritionnelles sur la contre-étiquette.Seule la mention de la valeur énergétique (les calories) devra ainsi figurer sur le papier, le reste des informations sera dématérialisé… A priori. 7/n

Avec très probablement la mise en œuvre d’un QR code renvoyant aux infos… Cela pourrait passer par de plateformes existantes comme U Label…  8/n
u-label.com

ou cette autre, fruit d’une start-up. 9/n
dansmabouteille.com

Mais les associations de consommateurs s’opposent fortement à cette solution qui, selon elles, ne garantit pas que l’information sera effectivement délivrée… (Déroulez ce mini-thread) 10/n

https://twitter.com/beuc/status/1618971337703456769?s=20&t=tSS73Qo_unmaaWbcxQndxg

L’affaire est tellement (rendue ?) complexe que les faiseurs de normes européens ont décidé de passer par la rédaction d’un « acte délégué » pour adapter le règlement "Inco" qui encadre l’étiquetage nutritionnel. 11/n

Il s’agit notamment d’adapter le vocabulaire, conserver le terme générique « sulfites » pour tous les types de sulfites au lieu de leur dénomination scientifique et précise, ou d’écarter les composants initiaux qui disparaissent au fil du process (photo @yannkerveno) 12/n

Bref, vous avez, dans ce papier de la DGCCFR qui a servi de base au début de ce thread, un état des lieux très complet de la chose. 13/n
economie.gouv.fr/dgccrf/la-list…

Et vous pouvez aller un peu plus loin avec ce papier de feu Jacques Berthomeau ,qui soulève un autre loup dont on parlera plus bas, l’étiquette « nuit à votre santé ». 14/n
berthomeau.com/2022/02/la-fin…

Et plus loin encore avec ce dossier d’ @EURACTIV sur le sujet 15/n
euractiv.com/section/agricu…

Cela dit, tout n’est pas encore calé à quelques semaines de l’entrée en vigueur du dispositif. De quoi agacer ceux qui seront contraints de l’appliquer. Visiblement, la présidence tchèque n’a pas été transcendante sur le sujet… 16/n

Et c’est à la Suède de remettre l’ouvrage sur le métier avec le reste des questions liées à l’étiquetage. 17/n
euractiv.com/section/agricu…

En septembre dernier, Émiliano Gracia-Page Sánchez, président de l’Assemblée des régions européennes viticoles se montrait inquiet, en particulier sur l’apathie de la DG Santé, qui a la main sur l’étiquetage nutritionnel… 18/n

Tandis que la DG Agri, elle, avait commencé à travailler sur un texte. Selon lui, la DG Santé n’est pas favorable au dispositif de la dématérialisation des données nutritionnelles et il craignait un coup de Jarnac.19/n

vitisphere.com/actualite-9745…

Reste maintenant à se pencher sur les conséquences de l’entrée en vigueur de ce règlement… Cela va obliger à sérieusement renforcer la traçabilité de la filière, en particulier celle du négoce ou des vignerons qui font négoce, pour embarquer les bonnes informations… 20/n

Avec ses équipes, @HercbergS plaidait pour que les alcools puissent être intégrés au Nutriscore et se voient attribuer une lettre F en noire pour prévenir les consommateurs des dangers de leur consommation. 21/n

francetvinfo.fr/sante/alimenta…

Comme pour les autres aliments, les bagarres ont opposé les producteurs défendant leur bout de gras et les promoteurs de la santé publiquesans oublier les chercheurs qui luttent contre les cancers (pour faire simple) comme le rappelle Food Navigator. 22/n
foodnavigator.com/Article/2022/0…

Dans la bagarre, l’Irlande a fait un pas de plus qui fait tousser ailleurs en Europe. Le pays avait déjà imposé, depuis l’an passé, un prix minimum par unité d’alcool. Système qui permet de renchérir les boissons alcoolisées les plus fortes et jusque-là meilleur marché… 23/n

… Le dispositif a en effet porté le prix d’une bouteille de vin à 8,28 € minimum et poussé les spiritueux à plus de 20 € - 24/n
drinkaware.ie/minimum-unit-p…

Mais aujourd’hui, l’Irlande veut apposer en plus sur les bouteilles de boissons alcoolisées un étiquetage semblable à celui apposé sur les cigarettes, « l’alcool tue ». L’Europe n’a pas moufté et donné son feu vert à l’entrée en vigueur du règlement… 25/n

Sont notamment visées les infos sur les liens entre alcool et cancer, sur les dangers de la consommation en cas de grossesse, la teneur en grammes d’alcool… Au grand dam des producteurs de vins italiens en particulier qui sont montés aux créneaux. 26/n vitisphere.com/actualite-9843…

Déjà opposés au Nutriscore, les Italiens ont vite réagi pour « descendre » la décision irlandaise et s’agitent dans les couloirs de Bruxelles pour tenter de changer le cours de l’histoire… 27/n

euractiv.com/section/agricu…

Moins véhémentes pour l’instant, la France et l’Espagne, (avec l’Italie, vous avez là les trois principaux producteurs de vin du monde soit 130 à 140 millions d’hectolitres par an à quelques citernes près) travaillent à un document commun. 28/n
winenews.it/en/alcohol-and…

Pour autant, il revient maintenant aux États membres de se prononcer, mais aussi à l’Organisation mondiale du commerce, sachant qu’un des arguments avancés porte sur l’entrave au commerce, avant que le dispositif irlandais soit déployé… 29/n

Et ailleurs ? Aux États-Unis, pays qui connut autrefois la prohibition, les associations de consommateurs ont forcé, par la justice, l’État fédéral à mettre en place un étiquetage spécifique qui entrera en vigueur fin 2023…
30/n

C’est l’aboutissement d’un combat de plus de vingt années pour les associations… Et d’une lutte sans merci des producteurs et de leurs représentants. Avec des questions et des options très semblables à celles évoquées au sein de l’Union européenne. 31/n

politico.com/news/2022/12/3…

Mais le pas le plus significatif, ce sont peut-être deux publications récentes qui balayent l’idée qu’une consommation modérée d’alcool puisse être bénéfique à la santé… Celle de la world heart federation… 32/n
world-heart-federation.org/wp-content/upl…

et celle de l’OMS 33/n
who.int/europe/news/it…

Mais n'est-ce pas finalement, maintenant en toute connaissance de cause et ainsi informé à chacun de décider de la conduite qu’il tiendra ? Santé ! 34/34

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