Pour #MMT le taux d'intérêt est "pure inflation".
Ce fil présente l'analyse de @wbmosler qui débouche notamment sur le fait que les banques centrales (BC), lorsqu'elles augmentent le taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation, l'ont complètement à l'envers. #MMT
Thread⤵️
2/36 Synthèse : le taux d'intérêt représente le taux de dépréciation de la devise par rapport à elle-même. Avec un taux de 2%, une somme de 100 vaudra 102 dans un an. Par contre, pour n'importe quel bien, rien ne garantit que sa valeur aura augmenté de 2% dans un an.
3/36 L'↗️ du taux d'intérêt au-dessus de zéro génère donc un coût d'opportunité dans le temps, qui lui-même crée une pression à la hausse du prix des biens, quelle que soit la date de leur livraison. C'est en ce sens que le taux d'intérêt est "pure inflation".
Fin de synthèse
4/36 L'inflation est définie académiquement comme la hausse continue des prix à laquelle sont confrontés les agents qui cherchent à acheter des biens aujourd'hui pour une livraison à terme, que ce soit la semaine prochaine, le mois prochain, l'année prochaine ou dans 5 ans.
5/36 Mais ils veulent l'acheter maintenant pour ces dates. Et ils sont confrontés à la "structure par terme des prix", dont l'↗️ continue est, d'un point de vue académique, le taux d'inflation, qui en change flottant est également fonction directe du taux d'intervention de la BC
6/36 Il en découle que, avec une politique permanente de taux zéro, comme c'est le cas actuellement au Japon, où la Banque centrale contrôle jusqu'aux échéances de dix ans à zéro pour cent, la structure par terme des prix est plate.
7/36 Ainsi, le taux d'inflation selon la définition académique y est nul, parce que les agents considèrent des prix fixes par rapport aux prix au comptant. Par ex, un fabricant d'or peut acheter de l'or aujourd'hui pour la fabrication de bijoux à 1 800 dollars l'once.
8/36 Mais il a d'autres options : il pourrait l'acheter dans un an pour 1 800 dollars ou dans dix ans pour 1 800 dollars, plus quelques frais de stockage, des primes d'assurance et d'autres dépenses diverses. Mais, à toutes fins utiles, c'est la même chose.
9/36 Si la banque centrale augmentait les taux, disons de zéro à 1%, la structure par terme des taux serait alors en passe d'atteindre 1% au lieu de zéro, créant un coût d'opportunité, qui lui-même générerait une pression à la hausse du prix de l'or, qui donc augmenterait.
10/36 Les prix augmenteraient donc continuellement à un taux composé de 1%, le taux d'inflation serait donc de 1%.
Selon la définition académique de l'inflation, la banque centrale fixe le taux directeur, qui est le taux d'inflation, la structure du taux directeur.
11/36 Les personnes qui cherchent à acheter des biens aujourd'hui pour une livraison l'année prochaine ou l'année suivante doivent regarder les prix futurs de ces biens. La structure par terme des prix, qui est déterminée par le taux directeur, est le taux d'inflation.
12/36 Selon cette définition, vous ne verriez pas aujourd'hui un gros titre disant que l'inflation est de 4 %. C'est ce que l'Index des Prix à la Consommation (IPC) a fait au cours de l'année précédente, ce qui est très différent.
13/36 Ce que nous avons aujourd'hui est le niveau de prix. Et si le taux d'inflation est nul, comme c'est le cas pour le yen japonais, cela ne signifie pas que le niveau des prix ne changera pas, qu'il ↗️, qu'il ↘️ ou qu'il évoluera au cours des dix prochaines années.
14/36 Cela signifie qu'à l'heure actuelle, si je veux acheter quelque chose pour une livraison dans un an, le prix à terme est le même que le prix au comptant.
15/36 Comment se détermine la structure des prix? Et pourquoi les BC n'envisagent-elles même pas cela ou ne consacrent pas de temps ou d'efforts à essayer de comprendre quelle est la relation entre la structure par terme des prix et leur propre taux d'intervention?
16/36 Parce que les BC pensent qu'elles ont le contrôle en utilisant le taux de référence. Et elles cherchent à modifier le niveau des prix, sans se rendre compte que, lorsqu'elles ↗️ les taux, ce qui est supposé ↘️ le niveau des prix, elles fixent un taux d'inflation+ élevé.
17/36 Les BC ne l'ont pas examiné de ce point de vue et n'ont pas fait de recherches à ce sujet. Il ne s'agit pas de dire si elles aient raison ou tort. C'est juste qu'il ne leur vient même pas à l'esprit de regarder ça.
18/36 Quid du niveau des prix? Pourquoi les prix sont-ils ainsi? Pourquoi cela coûte-t-il 10 dollars ou 9 euros? D'où vient ce prix? Les économistes mainstream ne disposent pas d'une théorie du niveau des prix ou d'un moyen de le déterminer indépendamment de ce qu'il était hier.
19/36 Ils disent donc simplement que c'est historique, parce qu'ils n'ont rien de mieux et que leurs mathématiques ne fonctionnent pas pour déterminer le niveau des prix comme ils le disent.
20/36 C'est une histoire de régression infinie comme la théorie de la valeur du travail marxiste. Les prix sont déterminés par la quantité de travail socialement nécessaire pour extraire l'or d'une mine, oui, mais combien valait cette heure de travail au départ ?
21/36 Ils ne comprennent pas la source du prix. Ce que MMT, seule, reconnait, c'est que la devise est un simple monopole public. L'économie a besoin de fonds publics pour payer les impôts et l'Etat dicte les termes de l'échange lorsqu'il dépense, qu'il le sache ou non.
22/36 Ainsi les marchés ne peuvent qu'établir une valeur relative. Leurs modèles essayent de déterminer cette valeur relative. Ils peuvent expliquer pourquoi les pêches coûtent deux fois plus cher que les pommes ou pourquoi une heure de travail suffit pour acheter trois pizzas.
23/36 Mais, si les marchés peuvent déterminer la valeur relative, ils ne peuvent pas déterminer la valeur absolue. Ils ne peuvent pas déterminer si l'heure de travail doit être de 10 ou de 11 euros par heure. La seule information que les marchés obtiennent sur la valeur absolue
24/36 provient de l’État à travers sa structure institutionnelle. Par ex, ce que nous constatons actuellement sur le marché de l'électricité en Europe, c'est qu'une structure institutionnelle détermine les prix sur le marché. Cela n'a rien à voir avec le coût de production.
25/36 L'histoire classique de la monnaie commence par la collecte des impôts par l’État, qui doit emprunter ce qu'il ne collecte pas. Pour #MMT, elle commence par l'obligation fiscale, qui amène ensuite le secteur privé à avoir besoin de la devise de l’État.
26/36 Dans l'analyse MMT, une fois que la dette fiscale est établie, l’État est en mesure de dicter les termes de l'échange. Le niveau des prix est donc nécessairement fonction des prix que l’État paie lorsqu'il dépense.
27/36 L’État n'influence pas seulement le niveau absolu des prix. Il peut également influencer le niveau des prix relatifs. Si, pour le personnel militaire, il achète des pommes, leur prix augmentera. S'il veut que ce personnel porte une montre Rolex, leur prix augmentera.
28/36 Les BC interprètent le taux d'intérêt à l'envers. Si elles estiment que l'inflation, quelle que soit la manière dont elles la définissent ou la signalent (IPC, indice de référence, etc.), dépasse d'une manière ou d'une autre leurs objectifs,
29/36 quelle qu'en soit la signification, elles réagiront en ↗️ les taux parce qu'elles pensent que la séquence de cause à effet est la suivante : "nous augmentons les taux, l'inflation diminue". Elles n'ont pas de preuve ou de théorie pour le confirmer, mais elles le croient.
30/36 MMT peut démontrer aux BC le contraire. Mais elles craignent que si leur discours sur la monnaie et sur les taux d'intérêt s'inverserait, la conclusion logique serait qu'elles ne pourraient pas vraiment faire grand-chose contre l'inflation. Leur crédibilité en souffrirait.
31/36 Quel est le but de tout cela ? Même selon les propres termes des BC, qui, sur ce point, sont complètement faux, toute leur logique interne a toujours été complètement défectueuse, depuis le début.
32/36 Mais cela a toujours fonctionné politiquement et seules les choses qui fonctionnent politiquement se produisent. Si ça ne marche pas politiquement, ça ne se fait pas. Malheureusement, elles sont encore loin de se rendre compte qu'elles comprennent les taux à l'envers.
34/36 Cette vidéo est une présentation détaillée des points traités dans ce thread, concernant la relation entre taux d'intérêt et inflation :
35/36 Enfin, cet autre thread complète ce qui vient d'être développé threadreaderapp.com/thread/1616012…
Il décrit comment, analysant la devise comme un monopole public, MMT est seule à pouvoir reconnaître, a priori du changement de la valeur relative des biens, la source du niveau des prix
Pour #MMT, les importations sont des avantages réels, les exportations des coûts réels. Une balance commerciale négative n’est pas un problème. Cependant, certains avancent l'idée d'un lien mécanique entre déficit commercial et désindustrialisation.
Ce thread discute ce point⤵️
2/19 Pour MMT, les importations sont de la production créée par d’autres pays, qu’ils ont renoncée à utiliser et dont ils ne bénéficient pas. Les exportations sont de la production que le système économique du pays a créée mais qu’il renonce à consommer au bénéfice d’autres pays
3/19 Dans cette logique, la maximisation de la satisfaction des besoins matériels de la population résidente se fait en maximisant l’équation « nouvelle richesse réelle disponible sur le territoire = production - exportations + importations ».
La comptabilité en partie double est une invention géniale. Mais ses utilisateurs comprennent mal son principal message : (i) le revenu d'un agent est la dépense d'un autre agent (ii) le déficit du secteur public est l'excédent du secteur privé.⤵️ @FrancoisGeerolf@ecallefipeco
1 S'agissant des intérêts sur les titres d'Etat, il importe d'observer le système non au niveau des seuls comptes publics, mais à celui de l'économie tout entière. Cela signifie qu'ils devraient être analysés, non comme une charge de l'Etat, mais sous leur aspect redistributif.
2 Et, dans la mesure où l'Etat est un payeur net de ces intérêts, ceux-ci participent au déficit public, donc soutiennent l'épargne financière nette des agents du secteur public, donc l'économie, certes d'une façon socialement régressive, car profitant à ceux qui ont de l'argent.
#MMT est souvent décrite et analysée comme une simple reprise de théories économiques préexistantes, notamment keynésiennes. Un récent échange avec @francoisgeerolf m'amène à présenter ce qui distingue MMT du Post-Keynésianisme (PK), et donc en fait son originalité.
Thread⤵️
2/45 Un rappel concernant la genèse de MMT : lorsque @wbmosler inventa MMT, il n’avait jamais lu ou même entendu parler de Lerner, Knapp, Innes, Minsky, Chartalisme, et ne connaissait Keynes que pour avoir lu ses citations publiées par d’autres.
3/45 Le livre fondateur de MMT de 1992, moslereconomics.com/wp-content/upl… qui décrit en profondeur le système monétaire, est donc totalement indépendant de toute pensée économique antérieure, keynésienne ou autre. MMT peut donc être considérée comme une école de pensée autonome.
1 Tout d'abord, sache que le MMTer que je suis apprécie beaucoup les interventions, trop rares, qui peuvent être faites sur MMT, en l'occurrence la tienne. MMT suscite beaucoup de débats dans l'univers anglophone, mais pratiquement aucun chez les francophones.
2 Dans la mesure où une partie de tes commentaires rejoignent des avis formulés ailleurs, je renverrai parfois à des threads que j'ai déjà publiés. Mais bien évidemment je développerai une réponse spécifique à ceux qui te sont propres.
Une question récurrente : pourquoi les économistes non #MMT, continuant à raisonner en taux de change fixe, ne reconnaissent-ils pas combien la fin de l'étalon-or en 1971 a été profitable à l'espace de politique économique des Etats? mmt-france.org/2022/06/09/ref… par @wbmosler
Fil⤵️
1 Historiquement, les nations suspendent leur étalon-or en temps de guerre, lorsqu'elles ont besoin que leurs économies fonctionnent au maximum. De toute évidence, l'étalon-or n'est pas propice à une production réelle maximale.
2 La question idéologique est de savoir si la fonction première de la monnaie est d'être un véhicule d'investissement/épargne, ou un outil permettant d'approvisionner l’État et d'optimiser les performances économiques réelles. Dans une économie de marché,...
Ce thread⤵️se veut une synthèse de l’analyse #MMT du niveau des prix et de l'inflation.
Analysant la devise (nationale) comme un monopole public, MMT est seule à pouvoir reconnaître, a priori du changement de la valeur relative des biens, la source du niveau des prix. #LearnMMT
1 La MMT est actuellement la seule école de pensée économique qui, en contraste direct avec les autres écoles de pensée, identifie et modélise spécifiquement à la fois la source du niveau des prix et la dynamique derrière les changements du niveau des prix.
2 L'histoire de la monnaie selon MMT commence par une obligation fiscale coercitive qui crée une demande théorique pour cette devise. Cette demande théorique est la somme des unités de la devise nécessaires pour payer les impôts et financer les désirs d'épargne résiduels.