Du grand n'importe quoi complotiste ("les historiens le savent"). Je passe sur les pyramides électriques (🤦) et m'attarde sur ces "tableaux" (lesquels ?) "cachés dans des catacombes" (lesquelles ?) qui montreraient des "renois en mode chevalier". Mini thread ⬇️
C'est évidemment ridicule. On a bel et bien des illustrations montrant des chevaliers noirs de peaux, notamment à travers la figure de saint Maurice, mais il n'y a rien de "caché" (et certainement pas dans les catacombes, faut pas croire le Da Vinci code hein).
Ce superbe tableau, par exemple, est une huile sur bois de Matthias Grünewald, peinte vers 1522, accrochée dans l'église de Halle pendant trois siècles, ajd dans un musée et sur wikicommons. Pas précisément "cachée"...
Idem pour cette jolie illustration d'un manuscrit de 1350. C'est toujours saint Maurice, et c'est toujours pas du tout caché (et toujours aucune catacombe)
Dernier exemple avec cette statue, toujours de saint Maurice, sculptée vers 1245 et qui décore... la cathédrale de Magdebourg. Franchement, on voudrait faire moins caché qu'on aurait du mal.
On a également des chevaliers noirs dans certains textes, notamment des romans arthuriens. Par exemple Sire Morien, dans un texte flamand du XIVe : "sa tête, son corps, ses mains étaient noirs, tout sauf ses dents, et noirs son bouclier et son armure..."
Et pas la peine de rester dans la fiction. Dans le royaume de Jérusalem, par exemple, on a une famille de petits seigneurs dont le nom est Arrabit : probablement pas hyper blancs de peau... !
(Même si le critère même ne marche pas au Moyen Âge, mais c'est un autre sujet)
La présence d'Africains au Moyen Âge en Europe est bien attestée dans les sources et bien étudiée par les médiévistes.
Pour en savoir plus, voir notamment ce site très bien fait : blackcentraleurope.com/sources/1000-1…
Bref : ici Gims dit n'importe quoi. Et c'est dangereux : parler de sources cachées alors qu'elles sont bien connues, c'est alimenter un discours complotiste qui décrédibilise les historiens ; in fine, cela permet aussi de dire ce qu'on veut sans jamais avoir besoin de sourcer !
Contre ces discours complotistes, qui mélangent tout et multiplient les bêtises (ici au service d'un discours panafricaniste tout simplement faux), il faut rappeler l'importance des sources, de la biblio, de la recherche. Bref : faire et diffuser l'histoire, la vraie... 🙂
Ah et puis pour finir : dès que quelqu'un vous dit ou écrit "les historiens le savent mais vous le cachent", c'est un énorme red flag. Les historiens ont vraiment d'autres trucs à faire que de participer à de gigantesques complots ! #archives#copies#livresalire#solittletime 😉
(franchement, ça me fait rire. Les médiévistes on n'est pas capables de se mettre d'accord sur la définition de "serf" ou de "mutation féodale" mais ouais ouais on peut cacher des sources pendant des siècles pour diffuser une vision tronquée de l'histoire 😆🤦)
Un mari jaloux, une femme adultère, et des perroquets... Ce sont les ingrédients d'un conte du Moyen Âge, datant du XIVe siècle.
Je vous le raconte ! Un thread ⬇️
Ce conte est inséré dans un roman, Le Chevalier errant, écrit à la fin du XIVe siècle par Thomas de Saluces.
C'est l'histoire d'une femme "mal mariée", autrement dit mariée à un vieil homme (motif classique des fabliaux). Jaloux, il la fait surveiller par trois "papegaux", ces oiseaux qu'à l'époque on ne nomme pas encore des perroquets...
Cette année, en partenariat avec @Histoirepublik, @boite_histoire et @maglhistoire, je co-organise et co-préside le premier Prix du Jeu de Société Historique !
Un thread pour vous présenter ce prix... ⬇️
Le but de ce prix est de récompenser un jeu, publié en 2024, qui utilise l'histoire, la réinvente, s'en sert pour proposer une expérience ludique. Tous les types de jeux, tous les formats sont éligibles. Voilà un texte qui présente le Prix !
Pour cette première édition, le jury se compose de 5 historiens et historiennes (Martin Gravel, Soizic Croguennec, Claire Milon, Pauline Ducret et moi-même), de Julia Bellot, journaliste à @maglhistoire, et de Romane Penet, stagiaire à @boite_histoire
On est en 607 après J.-C., dans le domaine royal de Bruyères.
Une terrible dispute oppose Brunehaut, la grand-mère du roi, et Colomban, un moine irlandais. Celui-ci vient en effet de traiter les princes de... fils de pute 🗯️🤬.
Un thread ⬇️!
Revenons en arrière. Brunehaut, veuve du roi Sigebert d'Austrasie, grand-mère de l'actuel roi Thierry II, est une femme puissante, qui a la charge des enfants du roi. Elle les mène devant Colomban, célèbre abbé de Luxeuil, pour obtenir sa bénédiction. Mais celui-ci refuse !
Pire : il les insulte, en disant "ils ne deviendront jamais rois, car ils nés d'une prostituée".
La colère de Brunehaut est terrible et Colomban paye cher sa provocation, car il est chassé de son monastère. Mais comment comprendre ce clash ?
Comment ça, vous ne connaissez pas ce mot ? "Gaber" ? C'est un verbe médiéval, qui veut dire se moquer des autres en se vantant.
Selon une légende, Charlemagne aurait lancé un concours de gabs à la cour de Byzance... Un thread ⬇️!
Dans Le pèlerinage de Charlemagne, une chanson de geste du XIIe siècle, Charlemagne et ses chevaliers en route pour Jérusalem se retrouvent à Constantinople, à la cour de l’empereur byzantin nommé Hugon. C'est bien sûr une scène fictive.
Une nuit, Charlemagne et ses chevaliers, bien bourrés, se lancent dans un concours de gabs. Il s'agit donc de se vanter d'accomplir un truc incroyable, en essayant de surpasser celui qui vient de parler.
Un peu comme une battle de rap, quoi.
Connaissez-vous les 7 péchés capitaux ? C'est comme les 7 nains, généralement on en oublie un...
En 1475, un enlumineur propose une superbe version illustrée dans un Livre d'heures copié à Poitiers (@MorganLibrary MS M.1001).
Un thread ⬇️!
On commence par l'orgueil, en latin "superbia". Le péché est représenté par un beau jeune homme s'admirant dans un miroir, monté sur un lion. En bas, le démon associé au péché est Lucifer, pointant vers une femme dédaigneuse et méprisante...
Numéro 2, l'envie. Incarné par Belzébuth, ce péché est symbolisé par la pie (oiseau voleur) et, en bas, par des gens qui convoitent le bien d'autrui.
Au XVe siècle, on se met à imprimer un peu partout en Europe. Mais l'imprimerie coûte cher et se lancer dans l'aventure exige souvent de dresser un contrat précis entre imprimeur, auteur, éditeur, libraire... Un thread à partir d'un ouvrage récent ⬇️!
Catherine Rideau-Kikuchi édite ici des contrats d'imprimeurs, trouvés dans les archives de plusieurs villes du nord de la péninsule italique, entre 1470 et 1528. Bravo à l'autrice car les recueils de sources sont toujours précieux ! @EditionsCG
@EditionsCG Ici, focus sur un contrat du 22 mai 1499, conclu à Bologne entre Filippo Beroaldo, humaniste, professeur de rhétorique à l'université, et Benedetto di Ettore Faelli, libraire et imprimeur.