Quelques réflexions sur la « polémique » lancée par le @ChatSceptique (sur sa page Facebook) autour de ma critique du livre « Pour en finir avec Dieu » de Richard Dawkins au REC 2022. 1/n #zététique#athéologie
Le problème de fond est que les sceptiques ne se rendent pas compte que l’athéologie (pour utiliser la terminologie de Michel Onfray) ou la contre-apologétique sont un domaine de spécialisation universitaire. 2/n
On peut dire (en simplifiant) qu’il s’agit d’une branche de la philosophie de la religion et la philosophie de la religion est un sujet dans lequel les gens font des doctorats, publient des articles dans des revues à comité de lecture, etc. 3/n
Il y a donc de véritables spécialistes de la philosophie de la religion, de la contre-apologétique et de la défense rationnelle de l’athéisme. 4/n
Pour ne donner qu’un seul exemple, Graham Oppy (professeur de philosophie dans une université australienne) est actuellement un des plus grands spécialistes de la défense rationnelle de l’athéisme. 5/n
Il est fort probable que vous n’en ayez jamais entendu parler dans la communauté sceptique, ce qui est très parlant. 6/n
Ma remarque à propos de Richard Dawkins était donc la suivante : il écrit un livre d’athéologie sans être du tout un spécialiste de la philosophie de la religion et en ignorant largement tout ce qui s’y fait. 7/n
C’est un cas classique de toutologue : une personne spécialisée dans un domaine académique X se croit compétente pour écrire à propos du domaine Y, qui n’a pourtant absolument rien à voir. 8/n
Le problème devrait paraître évident à tous les sceptiques, mais cela ne semble pas être le cas ! Imaginons un autre sujet : 9/n
si Dawkins avait écrit un livre sur la physique quantique et que j’avais dit au REC 2022 « Dawkins a écrit un mauvais livre sur la physique quantique : ce n’est pas étonnant vu qu’il est biologiste ! » 10/n
Dans ce cas de figure, j’imagine que cela ne poserait pas un problème à grand monde ! 11/n
Mais ici, on parle de la philosophie, et comme vous savez, les zététiciens/sceptiques ont été historiquement assez méprisant envers la philosophie (tout comme la sociologie et la parapsychologie, mais ne revenons pas là-dessus), 12/n
tout en se vivant eux-mêmes comme des « experts » en logique, épistémologie, philosophie des sciences, etc. 13/n
Ils se vivent aussi visiblement comme des « experts » en défense rationnelle de l’athéisme, tout en ignorant pratiquement tout de la littérature pertinente sur le sujet. 14/n
« Pour en finir avec Dieu » est au mieux un livre de vulgarisation, et je dis « au mieux » car comme toujours si on ignore la littérature pertinente sur un sujet je ne sais pas trop ce que l’on « vulgarise ». 15/n
Au final c’est plutôt un pamphlet avec l’opinion de Dawkins sur le sujet, opinion basée sur sa longue expérience de biologiste… 16/n
Imaginez que quelqu’un écrive un livre sur les miracles religieux sans une discussion approfondie de « Of Miracles », le chapitre 10 de « An Enquiry Concerning Human Understanding » de David Hume, 17/n
alors que ce texte qui date de 1748 génère encore de nombreuses discussions en philosophie de la religion : 18/n
n’importe quel spécialiste critiquerait votre travail parce qu’il y a un énorme trou dans votre discussion des miracles, probablement lié à votre ignorance de la littérature philosophique sur le sujet. 19/n
Je pense que le problème vient principalement de là : la plupart des sceptiques ignorent l’existence même de la philosophie de la religion et de la contre-apologétique, ne sont pas au courant des arguments et des débats qui animent ce champ de recherches, 20/n
du coup ils trouvent le livre de Dawkins « excellent » et ne comprennent pas que je puisse le critique car « après tout Dawkins est un grand biologiste ». 21/n
Au cours des années j’ai essayé d’introduire la contre-apologétique dans le scepticisme/la zététique (avec certains épisodes de mon podcast, le tome « La Mythologie Chrétienne » de Zack et Zoé, etc.), 22/n
mais vu le public assez réduit que je touche, il n’est pas étonnant que mes efforts soient largement un échec à ce stade… 23/23 Fin de thread.
Concernant le « problème Blanrue », quelque chose dont je n’ai pas parlé dans ma vidéo (que je voulais courte et je n’anticipais pas la shitstrom qu’elle a provoqué avant-hier sur Twitter) est qu’à l’époque nous faisions de la zététique 1.0. #zététique (1/n) thread ⬇️
Pour rappel, la #zététique 1.0 ➡️ l’étude scientifique du paranormal. (2/n)
Je passais mon temps sur des forums et des listes de diffusion à discuter d’observations d’ovnis, de parapsychologie, etc. On se préoccupait d’expliquer le paranormal de manière prosaïque, pas de l’orientation politique des créateurs de contenu. #zététique (3/n)
Les sceptiques sont-ils des adversaires des Sciences humaines et sociales (SHS) ? Certains prétendent que la zététique serait un adversaire des SHS, particulièrement de la sociologie. Ils avancent actuellement ce narratif sur les réseaux sociaux. thread⬇️(1/n) #zététique
Les études en psycho de la religion montrent que les psychologues ont tendance à être plus sceptiques du paranormal que les personnes issues des autres disciplines universitaires : on les retrouve donc beaucoup dans le scepticisme et la #zététique, et ce depuis toujours. (2/n)
Dans le monde francophone, citons par exemple @ngauvritparis (mathématicien et psychologue), @BaladoSC (qui est diplômé "assistant en psychologie"), moi et plein d'autres. (3/n)
Cet épisode (en anglais) du podcast « Real Athelogy » critique le « lacktheism » et je le trouve très intéressant ! 1/n #Thread⬇️#athéologie
Le « lacktheism » est l’idée qu’il faudrait définir l’athéisme comme une absence de croyance en Dieu plutôt que la conviction que Dieu n’existe pas. 2/n
Il y a en effet actuellement une définition forte de l’athéisme (« la conviction que Dieu n’existe pas ») et une définition faible (« l’absence de croyance en Dieu »). 3/n
@VincentCespedes Les gens qui veulent faire croire que la #zététique "a fait la courte-échelle à l’extrême droite" présente une version extrêmement déformée de l'histoire du mouvement, afin de pouvoir donner une importance à Blanrue qu'il n'a pas eu réellement. 1/n #thread ⬇
@VincentCespedes Ils font commencer la #zététique avec Broch, afin de pouvoir faire une ligne droite entre Broch et Blanrue. Bien entendu, la zététique n'est pas née avec Broch. On peut la faire remonter au minimum à la fondation du Comité Para en Belgique à la fin de la 2e Guerre mondiale. 2/n
@VincentCespedes Mais même avant le Comité Para, il y a évidemment toujours eu des sceptiques et des zététiciens. On peut évoquer par exemple le philosophe des Lumières écossaises David Hume, qui se disait déjà sceptique. 3/n #zététique