Dans le Coran, le récit du meurtre d'Abel par son frère Caïn se termine par un verset resté célèbre.
Mais les origines de ce verset se trouvent en réalité dans le Talmud, et plus précisément dans un texte écrit par des rabbins au début de notre ère...
Pour tout comprendre, il faut remonter à la Bible : où, Dieu s'adresse à Caïn après son crime : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie du sol vers moi » (Genèse 4:10).
Ce verset possède une particularité : le mot sang (damin en hébreux) est utilisé au pluriel.
Les rabbins ont proposé deux interprétations pour expliquer ce curieux emploi du pluriel.
La première interprétation est que ce pluriel sert à souligner la violence et la brutalité du crime commis par Cain.
La deuxième interprétation, c'est que le pluriel signifie que ce n'est pas seulement Abel qui a été tué, mais également tous les enfants qui auraient pu naitre de lui s'il n'avait pas été assassiné.
Dans le Traité Sanhédrin (2e/3e siècles), qui est un peu l'équivalent de notre Code Pénal, les rabbins parviennent à la conclusion suivante :
Comme on le remarque, le commentaire des rabbins contenu dans le Traité Sanhédrin est repris presque mot pour mot par le Coran !
La correspondance aussi précise entre le Coran et le Traité Sanhédrin suggère que l'auteur du verset coranique avait le Talmud sous les yeux.
Au verset 5.29, Abel dit à son frère :
"Je veux que tu sois chargé de mon péché et de ton péché : alors tu seras du nombre des gens du Feu. Telle est la récompense des injustes".
Cette déclaration étrange est contredite... par le Coran ! ⬇️
Le Coran affirme en effet que nul ne portera les péchés d'autrui :
"personne ne portera le fardeau d'autrui" (6.164)
"Et nul ne portera le fardeau d'autrui" (17.15)
"Or, personne ne portera le fardeau d'autrui" (35.18)
Pourtant, le Coran affirme ailleurs que les mécréants porteront aussi les péchés de ceux qu'ils égarent :
"Qu'ils portent donc, au Jour de la Résurrection, tous les fardeaux de leurs propres œuvres ainsi qu'une partie de fardeaux de ceux qu'ils égarent" (16.25).
Dans un autre verset, il est dit également :
"Et très certainement, ils porteront leurs fardeaux et d'autres fardeaux en plus de leurs propres fardeaux" (29.13).
L'explication la plus probable est qu'on a affaire ici aux opinions contradictoires de plusieurs auteurs différents, qui écrivaient chacun en fonction de leurs propres points de vue théologiques.
L'historien Joseph Witztum a montré en outre que le récit d'Abel et Caïn dans le Coran s'inspirait de textes et d'homélies composés par des chrétiens syriaques.
Par exemple, le dialogue entre les deux frères, absent dans la Bible, se trouve dans ces textes syriaques.
Dans le Coran, Caïn s'adresse à son frère en lui disant : "Je te tuerai !" (5.28). On retrouve exactement la même expression dans une homélie syriaque composée au 5e (ou 6e) siècle : "Je te tuerai (qāṭelnā lāk). Parce qu'Il t'a préféré".
Un autre signe de l'influence chrétienne sur le Coran est l'attitude passive d'Abel, qui au lieu de se battre, dit à son frère :
"Si tu étends vers moi ta main pour me tuer, moi, je n'étendrai pas vers toi ma main pour te tuer" (5.28).
Abel est donc une victime consentante.
L'explication est que les auteurs syriaques présentaient Abel comme une préfiguration de Jésus. On lit par exemple dans La Vie syriaque d'Abel :
"Comment les symboles de notre Seigneur ont été préfigurés dans le sacrifice d'Abel !"
Le scribe qui a composé le récit coranique d'Abel et Caïn, familier des textes syriaques (peut-être parce qu'il était lui-même issu du christianisme comme le soutient K.-F. Pohlmann), a donc réutilisé des concepts théologiques chrétiens, en l'occurrence la typologie Abel/Jésus.
Sources :
- B. Berkowitz, Execution and Invention. Death Penalty Discourse in Early Rabbinic and Christian Cultures
- J. Byron, "Cain and Abel in Text and Tradition"
- J. Witztum, "The Syriac Milieu of the Qur'an"
- K.-F. Pohlmann "Conversion from Jewish and Christian Milieus"
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#Thread 🧵 : l'islam autorise-t-il le mariage et les rapports sexuels avec les filles impubères ?
Dans ce thread, nous répondrons sans aucun tabou à cette question sensible, sources musulmanes à l'appui !
[Partie I]
*Image d'illustration générée par une IA.
1⃣ Tour d'horizon sur le mariage des impubères dans les sociétés non-musulmanes.
Chez les Romains, le Code Justinien (V, 4, const. 4) avait fixé l'âge légal de mariage aux alentours de la puberté : 12 ans pour les filles et 14 ans pour les garçons.
Dans la pratique, l'analyse des pierres tombales montre que les Romaines se mariaient en général un peu plus tard, à l'approche des 20 ans. Leurs époux allaient plutôt sur leur trentaine au moment des noces.
La Genèse raconte l'histoire du plus vieux crime de l'humanité : Adam et Eve, après avoir commis le péché originel, mettent au monde deux frères jumeaux, Abel et Caïn.
Mais jaloux contre son frère, Caïn se jeta sur Abel et le tua (Genèse 4:8).
Le Coran rapporte à son tour cette histoire dans la sourate 5. Mais il rajoute un détail qui n'existe pas dans la Bible : après avoir tué Abel, Caïn se débarrasse de son corps en l'enterrant sous la terre, en imitant un corbeau.
#Thread : Mariya la Copte, la concubine chrétienne de Muhammad, a-t-elle vraiment existé ?
De nombreux éléments laissent penser qu'il s'agit d'un mythe.
Les sources musulmanes indiquent qu'en 628, Muhammad envoya une lettre au Gouverneur d’Égypte pour l'inviter à se convertir à l'islam. Le Gouverneur refusa mais offrit de nombreux présents à Muhammad, parmi lesquels deux vierges : Mariya et sa sœur Sîrîn.
Séduit par la beauté de Mariya, Muhammad l'affranchit et la prit pour concubine. Il aurait eu avec elle un fils appelé Ibrahim, né en 630 qui serait mort l'année d'après.
Mais le coptologue Christian Cannuyer a montré que toute cette histoire n'était qu'un mythe...
Quand le Coran s'inspire de légendes juives de l'Antiquité.
Selon le Coran, Salomon avait le don de comprendre le langage des animaux et de parler avec eux :
« Et Salomon hérita de David et dit : “Ô hommes ! On nous a appris le langage des oiseaux ; et on nous a donné part de toutes choses. C'est là vraiment la grâce évidente” » (27.16).
Dans la Bible, le livre des Rois rapporte que Salomon était doté d'une connaissance de toutes choses et notamment des animaux :
« Il (= Salomon) a aussi parlé sur les animaux, sur les oiseaux, sur les reptiles et sur les poissons » (1 Rois 5:13).
🧵Thread sur les miracles du Coran : origines, méthodes, critiques et scandales.
1⃣ Les origines
Le discours sur les miracles scientifiques du Coran débute au 19e siècle au moment de la colonisation. Le monde musulman est alors brutalement confronté à l'Occident et à sa supériorité scientifique et technologique.
Les musulmans prennent conscience du retard de la oumma par rapport à l'Occident. Le célèbre émir Chakib Arslan écrit par exemple :
« Pourquoi les musulmans sont-ils en retard alors que les autres sont en avance ? ».
#Thread 🧵 : pourquoi le Coran interdit-il aux musulmans de manger du porc ?
On vous dit tout sur les origines de ce tabou qui plonge ses racines dans l’Égypte pharaonique !
1⃣ Les origines proche-orientales du tabou
La domestication du porc a commencé il y a 10 000 ans en Mésopotamie, avant de gagner d'autres régions comme la Chine, l’Égypte, l'Europe, etc.
Rapidement, la viande de porc devient très populaire, surtout chez les classes supérieures.
Chez les Grecs, le porc est apprécié par les hommes mais aussi par les dieux : les porcelets sont fréquemment sacrifiés aux divinités.
En Orient, le porc est associé à la fertilité, et on le sacrifie afin d'obtenir une descendance nombreuse.