Vous avez peut-être vu passer cette info : des #orques qui attaquent des bateaux. Rien de nouveau : au VIe siècle, une redoutable baleine sème la terreur dans l'Empire byzantin... Un thread ! #histoire#MobyDick#medievaltwitter
Procope, historien byzantin, en parle dans son Histoire des Guerres contre Justinien (livre VII, chap. 29) et dans son Histoire secrète (XV, 11) : une baleine nommée Porphyrion, qui depuis 50 ans renverse des navires dans tout l'empire.
Longue de 13 mètres, cette baleine est apparemment aussi célèbre que redoutable, car elle peut apparaître n'importe quand. Elle attaque les navires et les coule. Notamment, elle rôde autour de Hiéron, à l'entrée de la mer noire. Pendant 50 ans, cette baleine frappe à l'improviste
Selon Procope, l'empereur Justinien essaye de se débarrasser de la baleine, mais en vain. Cette dernière meurt en 547 : après avoir poursuivi un banc de dauphins, elle s'échoue sur la côte et est dépecée et mangée par les habitants du coin.
Les historiens ont cherché à identifier l'espèce : probablement une orque ou un cachalot. Le nom Porphyrion pourrait renvoyer soit à sa couleur (rouge sombre), soit être un terme symbolique pour mettre en avant la baleine (porphyre : pourpre : couleur impériale)
Procope souligne que la prise de la baleine est vue par certains comme un présage. Mais il met en garde contre toute tentative de surinterpréter l'événement : selon lui, « les hommes se remplissent l'esprit de vaines prédictions pour adoucir le sentiment des malheurs présents ».
Son jugement est donc purement factuel : « je me contente de savoir que la prise du monstre marin délivra la ville de Constantinople et les environs de beaucoup de peines ». Au Moyen Âge, la baleine est souvent vue comme « un monstre », par sa taille et ses mœurs.
Ce qui laisse des traces profondes dans les imaginaires historiques : pensez au terrifiant Monstro de Pinocchio ! Dans la version originale, c'est un « terrible requin », qui devient un cétacé carnivore dans le dessin animé de 1940...
L'historicité de l'anecdote ne peut pas être prouvée, bien sûr (pas d'autres sources qui l'évoquent = pas de croisement des sources = pas de certitude). Mais c'est possible, comme le prouvent nos orques contemporains qui s'en prennent aux yachts... !
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Aujourd’hui, je vous raconte une histoire incroyable mais 100% véridique. Une histoire de revenant, de moines inquiets et d’une reine qui rend la justice...
On est en février 1137, dans le royaume de Jérusalem. A la cour royale, personne n’en croit ses yeux... Un thread ⬇️ !
Devant le roi Foulques et la reine Mélisende, Geoffroy de la Tour, un petit noble latin, se présente. Stupéfaction de l’assemblée : il vient d’être libéré d’une prison du Caire, dans laquelle il a passé... 33 ans !
Vous avez bien lu : 33 ans. Il a été capturé vers 1103-1104, et les diverses tentatives faites par sa famille pour obtenir sa libération n’ont jamais abouties. Jusqu’en 1137, grâce à l’intermission d’un évêque arménien proche du nouveau vizir (arménien lui aussi) d’Egypte.
#VendrediLecture dans ce livre qui vient de sortir chez @Anacharsis_Edit , Alexis Lycas @lxslcs se penche sur l'histoire des Man, un peuple qui a vécu autour du fleuve Bleu pendant un peu plus de 1000 ans (200 av JC - 900 ap JC).
Un thread ⬇️!
Le livre est dense, érudit, passionnant. Plusieurs choses en ressortent. D’abord, un rapport complexe aux sources : les Man n’ont en effet produit aucune source. On est donc dépendants des sources produites par les dominants, notamment de sources « chinoises »
Par conséquent, comme l’écrit joliment l’historien, « ce livre parle de ceux qui parlent (les Han) de ceux qui ne parlent pas (les Man) »
Et précisément, A. Lykas n'essaye pas de faire parler les Man (impossible), il travaille sur les discours produits sur eux, autour d'eux
En 1122, un écrivain égyptien, al-Turtushi, écrit un texte appelé Une lampe pour les dirigeants. C’est un petit miroir au prince, un traité philosophico-politique destiné aux souverains.
Il y raconte une étrange rencontre entre un ermite chrétien et un émir... Un thread ⬇️!
L’histoire se passe en al-Andalus. L’émir de Saragosse reçoit la visite d’un ermite chrétien, qui a renoncé aux richesses matérielles pour vivre dans la pauvreté. Pendant plusieurs jours, l’émir fait défiler toutes ses richesses devant l’ermite...
Et ça y va : chevaux, soldats, esclaves, soieries, or, bijoux, etc.
Dans son dernier livre, @raphaeldoan imagine une uchronie. Une uchronie, c’est une histoire qui n’a pas eu lieu, à partir d’un « turning point » : et si Napoléon avait perdu à Austerlitz ?
En l’occurrence : et si les Romains avaient inventé la machine à vapeur ? Un thread ⬇️!
Ce n’est pas du tout absurde. Comme le rappelle l’auteur, une machine à vapeur très embryonnaire était connue dans l’Antiquité. Mais elle était trop peu efficace. Il aurait suffi de quelques tuyaux plus étanches et pouf, voilà des Romains en pleine révolution industrielle...
En outre, les Romains aimaient l’innovation technologique, souvent soutenue par l’Etat impérial. Meilleures grues, meilleures techniques de construction, automates, etc... Pas improbable d’imaginer qu’une telle machine aurait rencontré un grand succès.
Cette petite pièce n'a l'air de rien mais c'est vraiment une découverte capitale : le premier denier au nom de Charlemagne et de sa femme, la reine Fastrada.
Frappé à Aix en 793, ce denier, étudié par @SimonCoupland, a plein de choses à nous dire... Petit thread ⬇️
Cette pièce a été achetée (sur eBay !) par le Centre Charlemagne d'Aix la Chapelle en 2022. Malheureusement, on ne sait pas où elle a été découverte, mais on est sûr qu'elle est authentique (notamment par la taille des lettres, des croix, etc).
Elle est importante, d'abord parce que c'est la seule pièce carolingienne sur laquelle le nom d'une reine est mentionnée... !
@NinoXeno Ok c'est passionnant comme question. "Comment savez-vous ce que vous dites", c'est la base du raisonnement critique. Je réponds en prenant un peu le temps.
D'abord : j'expose, précisément, d'où je sais. Je cite la biblio, des livres, des articles, etc.
@NinoXeno Autant que possible, je cite des sources "primaires", càd des documents produits à l'époque qu'on étudie. C'est le fondement de tout discours historique et il faut toujours revenir à ça : les sources. Dans la vidéo de TdE, évidemment, aucune source.
@NinoXeno Comment est-ce que je "sais" ? J'ai eu des cours, j'ai lu des livres, je participe à des colloques, j'écoute des podcasts (@PMedievistes ou @parolesdhist), je discute avec des collègues, etc. Dynamiques d'accumulation d'un savoir technique, comme dans tous les métiers.