"Monsieur, on devait faire un plan chronologique ou thématique"?
Une question récurrente, à laquelle on répond toujours: "ça dépend du sujet." Mais j'ai voulu objectiver cet enjeu de méthode en consultant les rapports de jurys (ENS, agreg) et en comptant. Mini-fil à dérouler (1)
Depuis 2010 il ya eu 39 sujets de dissertation en histoire, pour 19 plans chrono, 14 plans thématiques et 6 propositions mixtes dans les corrigés figurant dans les rapports de jurys. Mais ! un résultat tiré vers le chrono par l'ENS où c'est quasi systématique... (2)
...en grande partie sans doute parce que les programmes ENS sont généralement à cheval sur le XIXe - XXe ce qui permet de dessiner de fortes évolutions chrono. Inversement, en antique et médiévale à l'agreg, le plan thématique semble dominer... (3)
...même si les jurys indiquent systématiquement, avec justesse, que tout bon plan est acceptable, qu'il faut tenir compte du passage du temps dans un plan thématique, tandis qu'il faut éviter de simplement dérouler des faits non problématisés dans un plan chrono (4)
Les rapports, en dépit du caractère normé/normatif de l'exercice, fourmillent en tout cas d'indications & conseils pour y réfléchir ou progresser. Elles figurent toutes sur ce doc dont j'espère qu'il pourra servir aux candidat-e-s et aux collègues (5/fin) parolesdhistoire.fr/wp-content/upl…
(Le doc peut servir au passage simplement de répertoire de sujets, pour qui prépare #agreg ou #ens, et veut avoir une idée effective de ce qui peut "tomber")
PS si vous lisez cela et pensez "cet exercice ultra codifié et dépendant de pareilles recettes n'a aucun intérêt intellectuel" je ne serai pas totalement en désaccord, mais comme c'ets un passage obligé dans la discipline, mieux vaut connaître les règles du jeu pour bien y jouer
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Je crois qu'on ne mesure pas combien nous vivons une séquence historique sans précédent avec les nominations de Trump. C'est la première fois à ma connaissance qu'un nouveau pouvoir engage la destruction de pans institutionnels entiers de l’État, par incompétence programmée..
Même les régimes les plus épouvantables de la période contemporaine faisaient le choix de figures avec des compétences minimales (mais généralement très élevées), afin justement de pouvoir appliquer leurs projets ; les Schacht, Chliapnikov, Pucheu, etc..
Ici, les nominations ne sont pas seulement monstrueuses du point de vue des personnalités concernées, mélange d'imbéciles et de criminels, elles sont activement nocives pour les départements dont elles ont la charge, avec une absence totale de qualifications.
Le plus grand malentendu sur l’histoire dans l’espace public : beaucoup croient qu’elle sert à répérer des *continuités* avec le passé (gaulois, monarchique, révol, 2e GM, etc…) permettant de s’y identifier, alors que c’est fondamentalement une étude de *l’altérité*
La croyance à la continuité est un héritage du XIXe romantique et méthodique, de sa quête des origines. Mais le XXe s et notamment la lecture des anthropologues a fait comprendre que comme l’écrit L. P. Hartley, « The past is a foreign country; they do things differently there »
Cela n’interdit pas de repérer ou questionner des continuités pour tel ou tel aspect social (l’effort séculaire de centralisation politico-administrative en France par exemple), mais cela force à comprendre à quel point les sociétés passées, y compris proches (1950s), différaient
A short update to this thread, as Saumitra Jha has posted an answer which is misleading on a number of counts, calling me a "historian-blogger" in what I presume to be an attempt at undermining my academic credentials (I do not, in fact, own a blog) and misconstruing my tagline
Leaving aside personal pettiness, on the merits, Saumitra Jha minimizes / misunderstands / misrepresents the criticism of the two papers he coauthored. To say that we (A-S-Anglaret, T Bruttmann, S Gensburger and A Prost) "did not like two things" is disingenuous to say the least
But there is indeed, in both the papers under criticism, a fundamental flaw in his and coauthors’ understanding of how the French army functioned during the war. If someone is "factually incorrect/misinformed" on the matter, alas, it is them, as two very simple examples will show
Why economists should refrain from making sweeping historical arguments, based on sophisticated calculations, when using statistics or data that rely on flawed, false, or misunderstood evidence from the past : a thread (1) 🧶
This thread is based on a critical reading of several papers recently published by leading economists, using French WW1 data in a deeply mistaken manner, resulting in blatant falsehoods (behind a « correct » mathematical or methodological varnish)
The first such paper is ‘Heroes and villains’ by J. Cagé & al. published in @AEAjournals
I outlined here the basic flaws, collectively discussed, that invalidate the paper’s entire premise (unroll if interested, with reference to articles)
Cette séquence d'une atroce bêtise doit obliger à affronter un des confusionnismes politiques les plus répandus : le "social"/"socialisme" à toutes les sauces y compris à l'extrême-droite , soit pour dire que Vichy/Hitler étaient de gauche, ou que le RN a un programme "social"🧶
Il est évident qu’un très grand nombre d’individus et partis d’extrême-droite 1ère moitié XXe siècle n’arrêtent pas de parler du "social", viennent de la gauche ou extrême-gauche (Doriot, Déat, Mussolini…) ou ont "socialiste" dans leur nom (NSDAP, Parti social français…)
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à l’ère des masses (suffrage universel, presse et radio, politisation populaire) on ne peut plus remporter des succès politiques en ne s’adressant qu’aux notables. Il faut incarner le "peuple", s’adresser à lui, faire des promesses "sociales"
Ça fait des années que la fachosphère est en boucle sur "la gauche était à Vichy / les résistants à l'extrême-droite", générant des memes médiocres. C'est aussi lassant que déprimant, mais je me suis quand même décidé à corriger ce grand n'importe quoi - à toutes fins utiles.
Le livre de Simon Epstein "un paradoxe français" a fait beaucoup de mal aux esprits confus sur ce plan, en illustrant des trajectoires ambiguës de figure de gauche antisémites ou devenues vichyste, faisant perdre de vue à certains l'épine dorsale maurrassienne du régime...
...ainsi que cette simple évidence: des gens passés de la gauche à l'extrême-droite, comme Déat ou Doriot, doivent être considérés pour leur point d'arrivée et non leur point de départ. Pour eux, pour Laval, pour Marquet (etc.), la gauche est un lointain souvenir en 1940.