Il y a un mot qui revient souvent lorsqu’on parle d’agriculture, et qui, même s’il part d’une bonne intention, me chiffonne un peu.
Ce mot, c’est le mot « TRANSITION »: l’agriculture DOIT effectuer sa transition.
Petit #Thread explicatif de pourquoi je pinaille ⬇️
Je comprends bien sûr le concept : le statut quo doit évoluer vers quelque chose de « mieux ».
MAIS il y a un « mais »…
Cela signifie qu’il y a un « statut quo » agricole, une situation dans laquelle nous sommes et qui serait stable, verrouillée : un « modèle agricole »…
… défini, clair, avec ses avantages et ses inconvénients.
Cette situation serait intenable pour de nombreuses raisons, et il faudrait faire bouger tout cela pour atteindre une situation nouvelle , qui serait, elle, parée de toutes les vertus qu’on attend :
Respectueuse de l’environnement, rémunératrice pour les producteurs, et en capacité de fournir suffisamment de nourriture pour tout le monde (bon j’avoue que ce dernier point, on l’oublie assez souvent quand on parle agriculture, mais c’est un autre débat).
Alors, qu’est-ce qui me chagrine la dedans ? Plusieurs choses :
➡️L’idée que nous partons d’un « modèle agricole » uniforme : rien n’est plus faux.
L’agriculture Française, ce n’est pas UN modèle, c’est une foule de façons de faire de l’agriculture en accord avec son terroir….
ses envies, le climat local, et les débouchés locaux.
Ce qui est fait en Alsace ne pourra pas être copié dans la Drôme, ce qui est un succès en Bretagne sera un échec dans le Gers.
Le « point de départ » duquel on doit commencer cette transition est en effet quelque chose de très hétérogène: selon la variable à laquelle on s’attache (productivité/rentabilité/environnement), on va trouver des fermes qui sont plus ou moins avancées sur le sujet de son choix.
Donc comment faire transitionner quelque chose qu’on a du mal à définir au départ ?🤷♂️
➡️La deuxième chose gênante est le fait qu’on doive absolument et tout de suite, faire évoluer ce fameux « modèle agricole ».
Mais il y a un hic : dire qu’il faut « engager une transition » , cela veut dire qu’il n’y a pas d’évolution en ce moment même, et qu’il est urgent d’y remédier .
Or, il n’y a rien de plus faux : l’agriculture n’est pas statique, l’agriculture , c’est un mouvement perpétuel:
puisqu’elle doit s’adapter à des choses aussi changeantes que la météo, le climat, les envies des consommateurs et … la réglementation, bien sûr.
Donc on ne va pas , mécaniquement, reproduire les même choses d’année en année.
On va, par petites touches, faire évoluer son assolement, on va semer de nouvelles variétés, voir de nouvelles espèces. On va planter de la vigne dans le nord de la France (cc @BruCardot) , on va faire plus de tournesol et moins de maïs, (cc @dugers)…
… on va se faire du chanvre en plus du lin (cc @agri_zoom) , bref on pourrait continuer pendant des heures tellement la liste est longue .
Les changements sont visibles et palpables pour qui veut bien se donner la peine de se pencher sur la question.
Ces efforts de tout un chacun, ils peuvent être vite balayés d’une seule phrase : « l’agriculture doit faire sa transition » .
Affirmer cela, c’est invisibiliser -un peu facilement- toutes les évolutions déjà en cours, ce qui est désagréable, mais bon, on s’en remet.
En revanche, le plus gros problème , c’est que partir d’un constat erroné ne peut pas mener a prendre de bonnes décisions, et c’est générateur de frustrations lorsqu’on s’aperçoit que des objectifs farfelus ne sont pas atteints.
Alors, pour tout cela, bien sûr, il faut écouter les gens de la filière ( cc #FrAgTw) lorsqu’ils montrent leur métier, lorsqu’ils essaient, lorsqu’ils réussissent, lorsqu’ils échouent aussi.
Et lorsqu’on a écouté, compris ce qu’elles et ils font , alors c’est limpide : on devient conscients de l’évolution qu’il y a en cours déjà, et on comprend que réclamer une « transition » , c’est être hors sujet puisqu’on ne peut pas parler de transformer un bloc monolithique..,
…en quelque chose de mieux.
Et on voit que le chemin parcouru est déjà long, et qu’il va loin encore !
Oui, on peut être optimistes quand on voit tout ce qui a été fait , et tout ce qui sera fait encore.
Il faut faire confiance a l’agriculture 🇫🇷
Et bonne nouvelle , on peut soutenir une évolution qui est déjà en cours, à travers nos actes d’achats quotidiens.
Ce n’est pas grand-chose à chaque fois, mais c’est ce qu’il y a de plus efficace à long terme .
Alors c’est décidé : on abandonne le mot « transition », et on encourage le « mouvement perpétuel de l’agriculture ! »
Oui, des fois je bloque sur un mot et je fais une dissertation dessus.
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Je partage absolument cette analyse , et je vais me permettre de la compléter sur l’aspect « ressenti » côté agricole, des interprétations qui sont faites de cette publication sur les oiseaux⬇️⬇️
Les agris sont soumis à une réglementation strictes et des contrôles qui le sont tout autant.
Ces agris vont donc exercer leur métier du mieux qu’ils peuvent , en essayant d’en tirer un revenu et en jonglant avec des marchés fluctuants et une météo capricieuse .
Leur mode de production est guidé par leurs envies bien sûr , leurs préférences personnelles , mais aussi par l’entourage au sens large :
- le sol
- le climat
- les débouchés possibles de leur production
- le revenu qu’ils peuvent en espérer .
On va commencer par un peu de vocabulaire .
Définition de « Accaparer »: « Prendre, retenir en entier pour soi seul. »
Est-ce le cas lorsqu’un agriculteur pompe de l’eau pour irriguer ses cultures ?
L’eau est pompée dans la nappe phréatique, qui doit servir pour tout le monde : s’il prend tout pour lui et ne laisse rien aux autres qui meurent de soif, là oui, il y a accaparement.
« C’est a dire absolument pas un agriculteur » en effet je travaille dans une coopérative agricole, et d’ailleurs ma profession est littéralement écrite dans ma bio en toute lettres depuis … l’ouverture de mon compte Twitter en 2012.
J’ai même fait un thread pour expliquer mon cheminement pro / perso . Admirez avec quelle habileté je fais croire que je suis agriculteur .
A la fin de la deuxième guerre mondiale, la France comptait 145 millions de parcelles agricoles , d’une superficie moyenne de 0,33 hectare, soit… 3300 mètres carrés .
Or, on assiste à une double problématique :
➡️ La France a faim et dépend des importations pour se nourrir
➡️ L’exode rural recommence : les campagnes se vident au bénéfice des villes , qui offrent plus d’opportunités de vie : les bras vont vite manquer .
Pour répondre à ces deux problèmes étroitement liés , il faut remplacer les hommes et ouvrir les parcelles pour les rendre accessibles à la mécanisation: en gros, il faut agrandir les parcelles en supprimant les obstacles pour pouvoir travailler avec des tracteurs et des machines