[#THREAD] En ce lendemain de la journée internationale des forêts @JIF_France, le conflit opposant certains militants écologistes et les gestionnaires/exploitants forestiers pose une question centrale : la #forêt était elle mieux gérée avant ? 🧐
👇Réponse illustrée
Sous l'ancien régime, la forêt est un espace multifonctionnel. On y prélève du #bois pour la #construction, la #marine, pour se chauffer mais également sous la forme de #charbon de bois pour l'#industrie sidérurgique, très gourmande en combustible.
On retrouve ainsi des massifs de #futaies (arbres de grande taille et de gros diamètre) prélevé entre 80 et 100 ans et des #taillis (bois issus de rejets de souches) exploités à TRES courte rotation, entre 10 et 25 ans, dévitalisant les sols.
Durant le révolution industrielle, la demande en charbon de bois est telle, que certains massifs comme celui d'#Ecouves dans l'#Orne sont spécialisés dans la production de charbon. Près de 10.000 plateformes de charbonnage y ont été retrouvées dernièrement sur environ 9 500 m²
Les forêts sont exploitées de façon industrielle, les #paysages boisées sont alors nappés des fumées s'échappant des centaines de fourneaux allumés entre le printemps et l'été.
A la fin du XVIIIe siècle, en Ecouves, on prélève près de 100 000 m3 de bois sur un peuplement composé à plus de 90% de taillis. A titre de comparaison, aujourd'hui l'@ONF_Officiel prélève sur le même massif moitié moins de m3, sur un peuplement à 99% aménagé en futaie.
Difficile d'imaginer les #paysages à cette période, mais on parle d'arbres chétifs, rabougris, à mis chemin entre la lande et la forêt. Ce paysage résulte de la seule action de la #hache et de la passe-partout, pas une machine à l'horizon.
Qu'elles soient privées ou relevant du domaine de la👑, bcp de forêts sont également soumises à des droits d'usages. Les serfs ramassent le bois mort et le mort bois (bois sans valeur éco) pour se chauffer comme les feuilles, bruyères, genêts pour le fourrage des "bestes"
Parmi ces droits d'usages, on retrouve aussi le droit de #pâturage, pour les cochons durant l'automne et les chevaux, vaches et moutons le reste de l'année dans des zones bien définies. La forêt est ainsi parsemée de zones sans arbre, entretenus par ces animaux domestiques.
La forêt tient de l'espace agricole, la litière est quasi absente et le sol est à nu. Toutes les essences végétales, à tous les étages forestiers sont exploités, sans considération pour la faune et la flore. La forêt est un espace ressource.
A cause de cette exploitation intensive, des forêts disparaissent, comme celle de #Brix dans la Manche, d'autres, comme #Ecouves ou #Andaine sont identifiées comme "ruinées" au XIXe siècle. Apparaît en 1827 un nouveau code forestier : objectif restaurer la forêt française.
C'est là qu'interviennent, les premières introductions de résineux (essences à croissance rapide) dans les massifs français. D'abord le pin sylvestre en 1823 notamment à #Fontainebleau, l'épicéa en 1830, le sapin pectiné en 1835 et le douglas, dès 1846.
Pour reprendre l'exemple de la forêt d'#Ecouves, on y dénombre près de 3000 hectares de zones "vaines et vagues" sur les 7500 ha que comporte ce massif à l'époque. Au lieu de la défricher comme à #Brix, les #forestiers ont préféré la reboiser avec des résineux.
Aujourd'hui la forêt c'est 31% de la surface du territoire, exploitée à 77% sous le régime de la futaie. Le vieillissement des forêts a bénéficié à de nombreuses espèces (oiseaux, insectes, chiroptères), mais surtout aux sols forestiers moins impactés par les courtes rotations.
Bref la forêt revient de loin. Tout n'y est pas parfait, mais contrairement à ce qui est communément admis, difficile au regard de l'histoire forestière, d'affirmer que l'on faisait mieux avant.
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