C'est parti pour un (très) long #ThreadAgri vu que c'est complexe.
(1/n)
Tout d'abord, ce qu'est un "élevage laitier intensif", je ne sais pas exactement mais puisque c'est illustré par une photo prise chez mes voisins, je me dis que je dois être concerné.
(2/n)
D'ailleurs quand je lis "vaches entassées" sur la légende de la photo, il faut savoir que ce sont juste des vaches qui sont sur un quai d'attente d'une salle de traite.
Quelque soit la forme de l'élevage, c'est la même chose sauf si la traite est robotisée...
(3/n)
Avec un robot de traite, il n'y a pas l'équivalent d'un "quai de métro aux heures de pointe."
Les vaches sont libres de venir à la traite dans la journée comme chez @agrikol.
Mais je doute que ça plaise aux signataires de la tribune...
(4/n)
Le terme "intensif" est désigné de manière négatif en agriculture.
Pourtant quand je prends un cours intensif d'anglais, c'est juste que mon temps d'apprentissage est optimisé.
Le résultat final est le même. La productivité y est juste supérieur.
(5/n)
Cette productivité mise en avant dans le dernier rapport du GIEC.
Le but étant de minimiser l'espace agricole nécessaire pour fournir l'alimentation.
(6/n)
Vu la photo d'illustration, je présumé que les signataires de la tribune veulent donc interdire l'élevage de vaches laitières nourris au maïs et aux tourteaux au profit de l'arrêt de l'élevage ou au profit de l’élevage Bio à l'herbe.
Voilà pourquoi c'est une erreur :
(7/n)
Pour finir le préambule, mes vaches ont un libre accès pendant la belle saison à une prairie dont la surface n'est pas suffisante pour assurer une ration d'herbe.
Mes vaches ont donc toute l'année une ration ensilage maïs + foin + coproduits
(9/n)
Nous pouvons maintenant démarrer le #ThreadAgri qui va vous montrer que, contrairement à bien des propos, les vaches qui mangent du maïs et des tourteaux ne volent pas la nourriture des humains.
🔽🔽🔽🔽
(10/n)
Dans MON contexte picard favorable aux cultures, voici des rendements moyens départementaux.
MAT = Taux de protéines des fourrages
TMS = Tonne de Matières Sèches
Le rendement herbe me parait élevé mais je ne veux pas la pénaliser dans mes calculs.
(11/n)
Une vache laitière mange 5,5 TMS de fourrages par an.
Un ration est équilibrée lorsqu’elle contient 14 % de MAT
Lorsqu’elle mange des tourteaux, ceux ci ne se substituent pas à la même quantité de fourrages. C’est particulièrement vrai avec le tourteau de colza.
(12/n)
3kg de tourteau de colza occupe la place d’1 kg d’ensilage ou d’herbe pâturée.
Ce qui explique une production plus élevée pour les vaches qui mangent des tourteaux (prenons 9000L/an contre 7500L/an pour des vaches à l’herbe).
(13/n)
Un spécialiste comme @B_Rouille_Idele vous fournira les documents supplémentaires nécessaires si besoin.
(14/n)
@B_Rouille_Idele Quand on cultive 1ha de colza à 3.8T , on obtient 1600kg d’huile et 2130kg de tourteaux.
@B_Rouille_Idele Ces 2130kg de tourteaux permettent d’équilibrer une ration de 6390kg d’ensilage maïs pauvre en protéines.
Ce tonnage correspond à 0,38 ha de maïs.
La ration corrigée permet de nourrir 1.3 vaches soit 11600L (30800L/ha).
(16/n)
Avec un régime végétarien, les 0.38ha de maïs non cultivés par les animaux auraient été cultivés en blé : 3.2T de grains qui auraient donné 2.4T de farine. Les 25% restants étant des coproduits... normalement utilisés en alimentation animale
(17/n)
Avec un système lait à l'herbe, compte tenu des 7.5T/ha de fourrages produits, on a de quoi nourrir 1.36 vaches à 7500L, soit 10230L de lait/ha.
(18/n)
Regardons pour les 3 régimes (végétal, lait dit "intensif", lait à l'herbe), le nombre de calories et de protéines produits à l'hectare :
On voit clairement que le système polyculture - élevage laitier avec concentrés est celui qui présente le meilleur rendement alimentaire et donc celui qui permet d'économiser le plus de surfaces :
(20/n)
Surtout que j'aurais pu aller plus loin puisque 20% de l'ensilage maïs est remplacé chez moi par des pulpes de betteraves sucrières.
1ha de betteraves sucrières fournit 15T de sucre et 4TMS de pulpes valorisables par des vaches laitières.
(22/n)
En refaisant les calculs présentés au dessus, on obtient les valeurs de calories et protéines à vocation alimentation humaine suivantes :
(23/n)
On comprend clairement que dans MON contexte, les formules à l'emporte pièce ("le véganisme utilise moins de surfaces" ou "il faut interdire le maïs aux vaches") ne tiennent pas la route.
Le métier d'agriculteur, c'est justement de s'adapter à son contexte.
(24/n)
Pour les Gaz à Effet de Serre liés à la forme d'élevage, je remets 2 figures issues du rapport WRI qu'on ne peut taxer de complaisance.
"Concentrer l'agriculture pour laisser la place aux espèces et au carbone"
Fruit de 10 années de recherche à travers le monde, une nouvelle étude montre l'intérêt d'une agriculture à haut rendement pour préserver le maximum de biodiversité. cam.ac.uk/stories/landsp…
1⃣
Sur cette vidéo, le chercheur A Balmford de @Cambridge_Uni explique la notion de land-sparing dont son étude montre qu'elle a moins d'impact que le land-sharing (=une agriculture plus extensive sur plus de surfaces).
2⃣
Pour ce chercheur, pour concilier agriculture et biodiversité, il faut 3 niveaux:
- des zones agricoles aussi productives que possible;
- des zones naturelles;
- des "poches" d'agriculture plus traditionnelle (certainement idéalement entre les 2 premières comme sur ce schéma)
3⃣
En 1921, il y a donc 100 ans, Emmy STEIN publiait pour la première fois sur la mutagénèse par irradiation.
Une découverte que tout le monde retrouve dans son assiette au quotidien sans le savoir.
#Thread en anglais à lire et que je vais compléter.
Le thread de @somssichm rappelle notamment que Emmy STEIN aurait largement mérité un prix Nobel.
Le fait qu'elle soit une femme explique certainement ce fait.
Il rappelle aussi que cette publication précède la découverte de l'ADN (1953).
Pour comprendre la mutagénèse, il faut d'abord se rappeler que les mutations font partie de la vie.
Je vous conseille de lire (ou relire) ce @QADPlantes de @DurocYann sur les mutations des plantes :
Sous vos yeux, 44 épis sur une seule plante !
C'est à dire 44 épis qui proviennent d'UN seul grain semé en octobre dernier ! 😳
Quelques explications sous forme d'un #ThreadAgri sur le tallage du blé.
1⃣⤵️
Déjà expliqué le contexte.
1 grain isolé est tombé à l'automne sur une place volontairement non semée.
Pourquoi pas semé ?
Pour créer ce que les anglais appellent des "Skylark plots", des "places à alouettes" favorables aux oiseaux nicheurs au sol : farmwildlife.info/how-to-do-it/f…
2⃣⤵️
Ce grain a levé de manière isolé.
D'abord une feuille puis d'autres apparaissent avec un rythme défini par les températures.
C'est ce qu'on appelle le phyllotherme que j'avais expliqué dans ce thread :
👇
"Ces résultats indiquent que la variété moderne n'a pas compromis la fonction de barrière ou contribué à l'inflammation intestinale par rapport à son ancêtre"
"Cela va à l'encontre des craintes selon lesquelles la pression pour des rendements plus élevés a rendu le blé d'aujourd'hui moins «sain» que les types plus anciens."
En hiver, les carabes se réfugient dans les bandes enherbées, fossés, haies et se dispersent dans les parcelles au printemps à partir de ces bordures de parcelle.
2⃣⤵️
Un de mes ilots est coupé en 2 parcelles et comporte à ce jour 3 côtés "refuges" pour les coléoptères.
Le but est de créer une zone refuge (en rose sur le dessin) entre les 2 parcelles pour que quasi l'ensemble des parcelles soient colonisables facilement pour les carabes.
3⃣⤵️
Quand on pense que Barbara Pompili nous explique que la filière betteravière traîne des pieds en recherche
et qu'en parallèle, la restitution du programme @AKERBett a été réalisée vendredi avec des explications pour lesquelles elle n'aurait pas compris 2 mots.😏
Lien à suivre👇
Sur la première vidéo, @maupas_itb nous explique les outils de phénotypage développés dans le programme @AKERBett
⤵️
Sur la seconde vidéo, @khenry_FD présente les principaux résultats du programme @AKERBett du point de vue génétique :