@pegobry @jean__michelin 1 Bon, une décision militaire est toujours un arbitrage entre le temps et la qualité. En gros, plus on a de temps et plus on peut normalement s’approcher de de la décision (ou du plan) parfaite, parce qu’on a plus d’infos, plus le temps de réfléchir, etc.
@pegobry @jean__michelin 2 Le problème est qu’en situation dialectique l’ennemi peut aussi prendre des décisions et agir et que, élément fondamental, celui qui agit en premier dispose de l’initiative et c’est souvent un avantage important.
@pegobry @jean__michelin 3 Ex : un groupement des glorieuses Troupes de marine manœuvre contre un bataillon mécanisé tunisien. Dans la nuit, je reçois le plan d’attaque pour le lendemain 6 heures. Il est magnifique. Manque de chance, les Tunisiens attaquent à 5h et on en prend plein la gueule.
@pegobry @jean__michelin 4 Toute la problématique de la décision militaire repose sur ces deux paramètres. Soit on privilégie la vitesse, soit on privilégie la qualité. Cela correspond au Système 1/ Système 2, de Daniel Kahneman. Dans le premier cas, vitesse d’abord, on raisonne en critères-solutions.
@pegobry @jean__michelin 5 On a un certain nombre de critères plus ou moins conscients (ne pas toucher à la population, me placer à tel endroit, tirer le premier, etc.), et on cherche des solutions et la première qui colle aux critères est choisie et transformée en actes.
@pegobry @jean__michelin 6 Dans le second, on reste en rationalité limitée, mais elle est un peu moins limitée et on peut chercher plutôt la meilleure solution apparente, en fonction des réactions possibles.
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@pegobry @jean__michelin 7 Dans les deux cas, on mélange réflexion analogique et réflexion analytique. On recherche dans les souvenirs, le passé, ce qui ressemble et on adapte ensuite au présent. Évidemment, si la situation est bien connue on va faire plutôt de l’analogique, c’est plus rapide.
@pegobry @jean__michelin 8 Si la situation n’est pas connue ou prévue, il faut analyser et perdre du temps. D’où la recherche de la surprise, pour ralentir, voire paralyser le processus de décision adverse.
@pegobry @jean__michelin 9 Un autre élément important est de savoir qui dispose de la meilleure information, sur l’ennemi en particulier. Cela peut être ceux qui sont à son contact mais leur vue est étroite, cela peut-être aussi le chef et son état-major qui ont a leur disposition plein de capteurs.
@pegobry @jean__michelin 10 À partir de ces éléments, on peut imaginer plusieurs modèles avec des dosages qualité/vitesse différents suivant les différents échelons de commandement. Dans la méthode soviétique, l’échelon le plus élevé réfléchit beaucoup et analyse à partir du maximum d’informations.
@pegobry @jean__michelin 11 Cela donne des plans remarquables (Bagration, opération égyptienne Minarets en 1973) à condition d’avoir l’initiative.
@pegobry @jean__michelin 12 À l’échelon opérationnel, on gère l’incertitude par l’action, pourquoi ? Parce qu’on agit on obtient de la bonne information et, encore mieux, en agissant on peut déjà modeler la situation dans le sens que l’on va.
@pegobry @jean__michelin 13 D’où l’importance des fortes unités de reconnaissance qui sont d’excellents instruments d’action-information-modelage. On envoie le bataillon de reconnaissance et en fonction de ses premiers combats et des informations qu’il donne, on choisit le plan et le mode d’action.
@pegobry @jean__michelin 14 À l’échelon le plus bas, à l’intérieur des bataillons de reconnaissance par ex, on doit être rapide et pour cela appliquer simplement des schémas préétablis. Il faut juste déterminer quelle est la situation et appliquer le schéma correspondant.
@pegobry @jean__michelin 15 Il y a d’autres dosages possibles. Tout dépend souvent de ce que l’on a en face. Et c’est là toute la différence avec la lutte contre un virus. Le virus ne s’adapte pas à notre action. Il est mal connu et c’est sa principale protection.
@pegobry @jean__michelin 16 Il faut agir vite contre lui, mais le problème est surtout un problème de renseignement.
@pegobry @jean__michelin 17 la méthode soviétique semble bonne en l’occurrence. Il faut centraliser le plus vite possible le maximum de connaissances sur le virus et bien sûr sur ce qui peut le combattre. Cela peut paraître lent en amont, mais...
@pegobry @jean__michelin 18 ...une fois qu’on aura fait le bon plan, les bons traitements et un vaccin, le virus va refluer vite. Ce sera l’équivalent de Bagration en 1944. Mais pour cela dans la phase amont, il faut observer et surtout multiplier les reconnaissances c’est-à-dire les expérimentations.
@pegobry @jean__michelin 19 Mais il est important que ces reconnaissances elles-mêmes soient menées de manière très rigoureuse, car des informations douteuses et même fausses qui remontent jusqu’au sommet peuvent polluer et même empoisonner le processus de décision.
@pegobry @jean__michelin 20 Il faut avoir confiance dans le fait que tout le monde va appliquer des méthodes rigoureuses, sinon toute l’info devient douteuse. Dans un contexte dialectique on peut admettre le bordel, c’est la méthode israélienne du Balagan meurgan, pas dans un contexte non dialectique.
@pegobry @jean__michelin 21 Tout cela pour dire que les reconnaissances sauvages menées à l’initiative de chefs locaux, cela peut marcher en temps de guerre face à un ennemi, cela fout plutôt le bordel lorsqu’il n’y a pas d’ennemi et ralentit/pervertit le processus de décision plutôt que l’améliorer. FIN
