« Il faut faire appel à l’armée ». Petit thread.
1. Entre février 1985 et septembre 1986, la France est frappée par 13 attentats terroristes. Quelques jours plus tard [musique qui fait peur] l’opération « Garde aux frontières » est déclenchée et 2 000 soldats sont déployés.
1. Entre février 1985 et septembre 1986, la France est frappée par 13 attentats terroristes. Quelques jours plus tard [musique qui fait peur] l’opération « Garde aux frontières » est déclenchée et 2 000 soldats sont déployés.
2. Je me retrouve ainsi avec quelques camarades à Thionville pour aider douaniers et policiers de l’air et des frontières à barrer de nos corps la frontière face aux terroristes luxembourgeois. Et ça marche…aucun attentat luxembourgeois ne survient pendant la mission.
3. Il est vrai que tout le monde savait que ces attentats étaient, comme toutes les attaques contre nous au Liban, d’origine iranienne via quelques amis syro-libanais (poke la famille Assad, « rempart contre le terrorisme »).
4. Il y avait plein d'histoires d’argent à l’époque. Des milliards que l’on refusait de rendre à l’Iran, des milliards de dettes de Saddam Hussein pour toutes les armes qu’on lui fourguait (36 15 contribuable) et pompon sur le gâteau, des obus vendus à l’Iran pour financer le PS
5. Retour à Thionville où je goûte tous les alcools confisqués au poste de douane en me demandant ce que je fous là. De toutes façons avec les règles d'engagement, l'arme plombée et les chargeurs enrobés de plastique la guerre froide sera finie avant d'ouvrir le feu.
6. Je comprends que je fais fonction de potiche. Je ne sers à rien, crois-je, sinon à montrer que le gouvernement fait quelque chose et quoi de plus démonstratif qu’ « envoyer l’armée ». Pour la mission on verra plus tard.
7. En fait, je me trompe. Le gouvernement français vient de briser un tabou en engageant à nouveau les forces terrestres dans une mission de sécurité intérieure, mais c’est en réalité pour innover.
8. 1986 est aussi l’année où le sociologue allemand Ulrich Beck décrit dans "La société du risque" l’apparition d’un monde produisant de plus en plus de risques par lui-même et pour lui-même, accidents industriels, problèmes écologiques, pandémies, etc.
9. Tout un ensemble à la fois divers, peu visible et souvent transnational. D’ailleurs, son livre est publié au moment de l’accident de Tchernobyl. Et c'est là que je me suis rappelé le coup de la frontière.
10. Dans ce cadre, ces militaires si faciles à déployer sont l’outil idéal non par leurs effets concrets. Dans les faits, souvent pas faire grand-chose à part fournir des bras et quelques camions, mais ce pas grand-chose a été en plus divisé par trois depuis 1986.
11. Non, l’essentiel n’est pas là, l’essentiel c’est de RASSURER. A défaut de pouvoir gérer la crise on gère le stress, et le militaire est l'anxiolytique non pas le plus utile, en fait on est plutôt un placebo, mais celui qui est le plus facilement accessible sur l’étagère.
12. Au bout d’un an, il est mis fin à Garde aux frontières. Aucune analyse, aucun retex, tout s’est bien passé puisqu’il ne s’est rien passé. En fait on a tout cédé à l’Iran, on a perdu une guerre dans laquelle n’importe quel gouvernement un peu prévoyant ne se serait engagé.
13. Je me suis dit alors que c’était vraiment trop con. Que personne n’oserait à nouveau « faire appel à l’armée » pour cacher le vide des moyens ou des idées (ou les deux) derrière un écran de fausse fermeté.
14. J'étais naïf et discipliné. Hasta la vista !
