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Depuis le début du confinement je vous parle de la situation dans les aires d’accueil et terrains privés de « gens du voyage » mais assez peu de celles des populations rroms et migrantes dans les bidonvilles, squats ou hôtels sociaux. Pourtant elle est dramatique ⤵️
Et dieu sait que cette question me touche particulièrement, et devrait toucher tous les gdv. Ma mère est née dans un bidonville en Charente Maritime, nous avons connu les parkings et les terrains vagues, les lieux insalubres et les expulsions.
Il y a quelques décennies nous étions nombreux à leur place, et aujourd'hui ces conditions de vie précaires touchent encore en nombre les GDV.
Alors voici ce qu’il en ressort après un long entretien avec Anina Ciuciu, présidente de l’ASET 93, association qui propose, en temps normal, une médiation scolaire pour les enfants en très grande précarité.
Aujourd’hui l’ASET93 a du s’adapter à la situation de confinement en réorientant considérablement ses moyens sur l’aide d’urgence aux populations précaires qui vivent en bidonvilles, squats ou hôtels sociaux.
Depuis le début du confinement plus de 350 personnes dépendent de cette structure pour l’aide alimentaire. Une goutte d’eau parmi les quelques 20 000 personnes à vivre ainsi dans notre pays, dont 8000 à 9000 enfants.
Une goutte d’eau dans un océan invisible, ces derniers temps l’ASET93 à découvert près de 16 nouveaux lieux de vie où les personnes ne bénéficient d’aucun suivi, d’aucune aide et pour certaines ne parviennent plus à se nourrir.
Il manque de tout dans les bidonvilles, si dans un premier temps les urgences étaient celles de l’accès à l’eau et aux installations sanitaires, aujourd’hui s’ajoutent à celles-ci les risques de famines.
Les besoins sont immenses : nourriture, produits d’hygiène, produits pour les bébés … Les réponses de l’Etat jusqu’à présent sont insuffisantes : distribution de quelques tickets restau et chèques service, mais qui ne bénéficient qu’aux seules personnes accompagnées par les asso
Pourtant 80% des bidonvilles ou des squats en France n’ont pas accès à l’eau potable, et ce problème déjà difficile à pallier en temps normal s’aggravent aujourd’hui. Certaines familles n’ont d’autres choix que de parcourir plusieurs km par jour pour s’approvisionner en eau.
Cette difficulté existe aussi dans quelques terrains privés de gdv qui n’ont qu’un accès sommaire à l’eau alors même que le gouvernement recommande (n’oblige pas, juste recommande) aux collectivités de veiller à ce que tout le monde puisse avoir accès à l’énergie.
Les réponses des collectivités sont très aléatoires : des fois on installe un point d’eau non potable, des fois un jerricane fait office d’un seul point pr plusieurs centaines de personnes, engendrant des files d’attente interminables incompatibles avec toute idée de confinement
Des fois aussi comme dans le Var on laisse pourrir les situations de personnes « gens du voyage » ou autre qui se battent depuis des années pour l’ouverture d’un compteur d’eau (et sont prêts à payer).
Alors que l’OMS et le HCR recommandent au moins l’accès à 60 litres d’eau potable par personnes et par jour, c’est tout au plus quelques litres qui sont mis à disposition.
Autant dire que le confinement est impossible, et on a déjà vu le début de l'hécatombe.
Avec les populations gitanes de Perpignan, les collectifs « gens du voyage » qui vivent sur les aires d’accueil de Nouvelle Aquitaine, les nombreux morts d'île de France et malheureusement des bidonvilles et squats de région parisienne ou de Toulouse.
Cela engendre aussi de la peur chez les gens, qui en plus d’être coupés du monde, relégués dans des lieux créés pour eux (ou laissés à l’abandon pour eux), n’ont pas un accès suffisant aux canaux d’information.
L’ASET93, comme d’autres structure ont fait un gros travail de traduction des textes, traduction des autorisations de sortie aussi.
Car s’il est quasiment impossible d’imprimer son document sur une aire d’accueil, dans un squat ou un bidonville, il n’est pas non plus toujours simple d’accéder à un téléphone avec du réseau.
Et cela nous renvoie également à un autre problème majeur. Si depuis quelques semaines vous expérimentez avec difficultés l’école à distance, dites vous bien que l’immense majorité des gdv, et encore plus les populations dans une précarité extrême, n’ont pas accès à l’école.
En temps normal ce sont 100 000 enfants qui ne peuvent pas aller à l’école, s’ajoutent à ceux là ces invisibles, enfants du voyage contraints à l’école à distance, souffrant de suivi médiocre et d’un faible accompagnement de terrain.
Dans les bidonvilles ou les squats ce sont environs 60 à 70% des enfants qui ne peuvent pas se scolariser pour des raisons qui sont le plus souvent administratives.
Un collectif portes par certains de ces élèves, mène des actions remarquables à ce sujet depuis plus d’un an 👉🏼 @ecolepourtous
Depuis quelques semaines vous expérimentez aussi les effets de la fracture numérique, autant vous dire que les aires d’accueil toujours éloignées des villes sont nombreuses à être situées en zone blanche et quasiment aucune ne possède d’accès wifi.
Autant vous dire que les squats et bidonvilles sont encore plus mal lotis, la précarité des collectifs fixés sur ces lieux, permet au mieux de posséder un téléphone pour 5 ou 6 personnes, pas d’ordi, pas de wifi, pas de forfait internet.
Et parmi les enfants que des associations de médiation scolaire peuvent suivre tout au long de l’année, le risque actuellement est immense en matière de décrochage.
Autant dire alors que les enfants qui ne bénéficient plus de ces associations de médiation scolaire, par ailleurs trop peu nombreuses, deviendront des décrocheurs scolaires pendant le confinement.
C’est une perte lourde pour nos communautés, car beaucoup aujourd’hui repose sur l’émergence de figures intellectuelles, scientifiques, politiques, capables de parler, d’argumenter, des figures que la société prend au sérieux.
Le décrochage scolaire de ces enfants, c’est l’assurance de rester invisibles encore de nombreuses années.
Les urgences pour les enfants du voyage, ceux des squats, des hôtels et des bidonvilles sont d’assurer la possibilité de médiation, il faut aussi que l’Etat publie le décret de l’article 16 de la loi Ecole pour la confiance, pour permettre un assouplissement administratif.
Si cette publication est reportée, en plus du risque de passage à la trappe, des milliers d’enfants devront encore attendre au moins une année supplémentaire pour pouvoir enfin aller à l’école. Blanquer avait promis la publication du décret pour avril, tiendra t-il promesse ?
Espérons aussi que l’Etat respecte ses engagement pour l’ouverture d’une mission d’information au sujet des enfants qui subissent des difficultés d’accès à l’école.
Alors en attendant que l’Etat prenne sa part, il reste la solidarité. Vous pouvez signer la pétition en ligne de @ecolepourtous, ou faire un don aux associations qui assurent des distributions alimentaires d’urgence.
change.org/p/m-jean-miche…
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