On parle déconfinement, c’est presque devenu un mot magique. Il faut retourner bosser, les données sont au « vert »... Mais on parle moins du deconfinement mental et des conséquences psy de ces derniers mois...
Je suis en convalescence dans une petite ville alsacienne, je revois les gens sortir, les routes se remplir, les enfants rejouer dehors... Mais mentalement j’ai beaucoup de mal à appréhender ce retour.
Mes parents ont acheté des petites tables pour leur rendre visite dans le jardin pendant les beaux jours. On a tous déjeuner chacun de notre côté... Luxe comparé à d’autres qui n’ont qu’un balcon (ou plus de parents, oui c’est arrivé)...
Il y a aussi la question des sociabilités (les sociologues vont se régaler): on fait comment quand on est célibataire, que l’on vit seul dans 30m2... Que l’on ne peut plus toucher quelqu’un sans risquer de se transformer en bombe virale?
Je trouve ça très très difficile ce retour au « vert » avec tous ces morts, nos soignants épuisés (j’ai eu des médecins qui m’ont dit vouloir tout plaquer). Je crois que l’on ne mesure pas le séisme que représente cette période...
Et il y a aussi des moments doux: la gentillesse et l’humanité de la majorité des soignants auxquels j’ai été confrontés: qui ont écouté, conseillé, sans juger, en reconnaissant pour certains qu’ils se sentaient démunis.
Ah oui, les garde alternées des gamins: tu fais comment quand tu es une personne « fragile » et que tu dois rendre ton gosse a ton ex une fois tous les 15 jours alors que la confiance est rompue? 🤷♂️ Tu te re confines 15 jours une fois rentré?
J’ai parlé avec des professionnels de santé psy du canton: ils ont une « explosion » des demandes depuis le 11 mai... Il y a des gens qui ont pris un sacré coup sur la tête et ils sont nombreux...
Les ouvriers du BTP: comment travailler dans ces conditions parfois, souvent difficiles, en gardant un masque? Les travailleurs en grande surface, les « distribuants » de gel hydroalcoliques... Quelle galère!
