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Des fois je me demande dans quelle galère je me suis jeté en faisant ce métier... c'est un "métier-passion" dit-on, mais je ne sais pas si on se rend compte nous même à quel point il est viscéral...
Il n'y a pas un jour sans que je ne pense à mes grands parents...
#HistoireDAgri
La bouse de vache, j'suis tombé dedans dès mon plus jeune âge, avant même, je crois, de me familiariser avec la bipédie. Orphelin de père, mes gds-parents dont la petite ferme se situait à égale distance entre chez moi et les cousins ont été ma garderie lorsque Manm' travaillait.
Les vacances, les we, le soir après l'école et les devoirs bâclés, qqes tranches de brioche englouties, la ferme c'était notre parc de jeu, notre Disneyland... on courrait (et ça a duré jusqu'à un âge avancé) comme des dératés en éructant des "trahuuu", des "rrreeeuuuumm crr crr"
imitant les chantiers d'ensilage, de moisson, de fumier ("char teil" en breton) avec nos tracteurs rouges à pédale.
C'était les années 80, il y avait une vingtaine de vaches, une dizaine de taurillons, 100 cochons à l'engraissement, des poules et des lapins.
Le Renault 651 qui est arrivé 3 mois avant moi, suffisait au travail des champs, 4/5 ha de maïs, à peu près autant en céréales, et le reste en prairies, une quinzaine d'hectares.
La première fois que j'ai eu le droit de "conduire" le tracteur, j'avais 5 ans, en première lente,
pendant que Pépé distribuait du maïs "en vert" aux vaches comme on faisait à l'époque (on coupait le maïs des tours de champs à la faucille pour affourager les vaches à l'étable ou au champ). J'étais juste assis sur le siège les mains sur le volant quoi. 😁
J'ai souvenir des soirées d'hiver, la chaleur des vaches dans l'étable une longère en pierre typique en Pays bigouden, chaque vache à sa place, leur nom écrit à la craie sur une ardoise. Mémé se chargeait de la traite qui se faisait au pot, c'était pénible...
Elle m'installait sur un coussin de paille contre la grande porte en bois, je regardais, hypnotisé, les griffes de la trayeuse danser sur les pies plein de lait "tch tch tch" et le ronronnement de la machine à traire qui m'entraînait au pays des rêves... jusqu'à ce que Mémé
m'apporte mon verre de lait chaud du pie des vaches.
L'odeur des animaux, du maïs ensilage, du foin de prairie, que l'on distribuait dans des auges en bois fabriquées par mon arrière-grand-père, du lait chaud, tout se mélangeait comme un parfum doux et corsé à la fois.
Ces odeurs restent en moi, et lorsque dans mon voisinage encore aujourd'hui je les rencontre, elles me font frémir et me ramènent à mon plus jeune âge.
Le matin, après avoir glissé une semelle de foin dans mes bottes comme Pépé faisait pour avoir chaud, on sortait les vaches,
et dans l'herbe humide, je glissais mes pas dans ceux de mon aïeul qui, malicieux ne pouvait s'empêcher de me donner la main lorsqu'il posait un brun d'herbe pour tester la clôture électrique... autant dire que j'en ai pris des bourdes...
Avec mon cousin Vincent (le plus assidu avec moi à la ferme), on se battait pour être le 1er dans le tracteur, et pour avoir la paix, le grand père nous casait chacun sur un garde boue.
Lorsque Lanig, le voisin, et mon Pépé faisaient de l'entraide, j'allais dans le fiat ! 🙂
Ils étaient comme cul et chemise. Ils faisaient beaucoup de travaux en commun et c'était de vrais copains. Moi j'aimais surtout le "mern-vihan" à l'heure du goûter où la table regorgeait de kig-sal (lard salé), de jambon, d'andouille, de crêpes et que sais-je encore !
Ah si du pâté et de la graisse salée ! Gast ! On est en pays bigouden vat ! Le "mélicass" (du lambic avec de la crème de cassis) et quelques verres de rouge (chez Lanig c'était du "chistr") semblait redonner un peu d'entrain pour finir le chantier (bon en vrai la #emojibzh
bouteille de rouge étoilée n'était jamais loin 😉).

La vie était rude, les travaux pénibles, ils gagnaient chichement leur vie, mais la vie sociale était riche, et on pouvait compter sur les voisins et la famille dans les coups durs.

Et moi j'avais hâte d'être un grand !
Mon grand-père père avait acheté cette ferme au début des années 60. Il était le 1ier du coin à garder ses vaches avec un "paotr-saout" électrique, autrement dit à garder ses vaches avec un fil de clôture alors que les voisins tenaient encore leurs bêtes au pieu et à la chaîne.
Le premier du coin aussi à faire de l'ensilage ! Moi je me rappelle bien de l'ensileuse 2 rangs d'Alexi (je devais avoir 4 ou 5 ans) et de voir années après années les coupes des ensileuses et moissonneuses s'allonger et les remorques aussi !
J'avais mon petit élevage de lapins, je transformais le potager en cultures céréalières, et poussait en moi une graine qu'on appelle la passion... je ne pouvais pas imaginer mon avenir hors du monde agricole.

#lasuiteauprochainepisode
#agribretagne #FrAgTw
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