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L’ASSIKO n’est pas une danse traditionnelle des Bassa , elle va devenir une danse moderne que les Bassa ont adoptée..
Traditionnel signifie « fondé sur la tradition », et tradition veut dire « manière habituelle d'agir ou de penser dans une région,
rituel pratiqué depuis des siècles ». Or les BASSA sont composés de multiples clans dont les trois quart n’ont découvert l’ASSIKO que par les médias. Par essence même cette danse n’est pas pratiquée chez les BabimbI, Bikok, Bassa de Douala ou
les bassa du côté de Matomb etc . A partir de là , on ne peut pas parler de tradition Bassa.
Passons donc à la danse elle-même. Longtemps considérée comme danse marginale, obscène, pratiquée par une populace dévoyée . L’ ASSIKO a commencé à intégrer tous les milieux sociaux dans les années 70. Il a trouvé ses lettres de noblesse dans les années 80 grâce à la persévérance
du Pape de l’ASSIKO Jean BIKOKO dit Aladin, sans oublier le passage éphémère du talentueux guitariste Bernard DIKOUME. Il faut noter que les année 70 ont été difficiles pour les deux artistes, le premier a connu des déboires avec les autorités administratives pour avoir s
orti sa fameuse chanson « Hiki djam li gwé nguèn »( chaque chose a son heure) ; le second a eu des démêlés avec la justice pour des trafics sordides. Comme quoi l’ASSIKO aurait pu disparaitre ces années –
là. Mais voilà cela a tenu avec un passage furtif de Joseph Bakana et Pelisar Bekombo (merveilleux guitaristes) qui n'ont pas été reconnus comme artistes à part entière.
C’est le chemin de fer qui est à l’origine de l’ASSIKO sous l’inspiration de la danse des femmes Bagna
L’ASSIKO est née le long des lignes de chemin de fer du Cameroun entre Edéa et Otélé via Eséka . C’était dans des taudis arpentant les chantiers de construction des
chemins de fer que les ouvriers venaient passer des soirées de beuverie. C’étaient des bordels, on y trouvait toutes les nationalités, les africains de l’Ouest ramenés par les Allemands et des camerounais en majorités des Bassa et Bakoko recrutés par le Chef supérieur du
grand canton Ndogbessol, BIDJOCKA BI TUM selon des accords spéciaux. BIDJOCKA fut si apprécié que pour lui rendre hommage, les allemands avait porté son nom au fronton de la gare qui servit de terminus au chemin de fer allemand (Gare devenue Hikoa Malep en 1982).
Les soirées dans ces taudis étaient animées par des griots avec des Kora, kongi, Marimbula, Senza, des chant et danses de belles et jolies dames venues de l’Est. Ces dernières esquissaient une danse envoutante pour les hommes des chantiers. qui découvraient là une drôle de danse,
la danse Bagna. Ces demoiselles ondulaient en mimant érotiquement le coït, avançant par les mouvements imperceptibles des orteils. On peut imaginer l’ambiance de ces soirées avec des mâles assoiffés de tous les plaisirs. Le personnel des rails a toujours été fêtard à souhait.
Un matin le chef des travaux trouvait les ouvrier moins entrain à faire avancer les travaux et si amorphes qu’il ne put s’empêcher de pousser une gueulante « C’est ici que ça se passe, au lieu de passer vos nuits à reprendre des forces, vous préférez aller faire les pitres,
à mimer les asticots. Grouillez-vous bandes de baladins ! » . C’est ainsi qu’ont pris cours les mots Asticots et baladins devenus » ASSIKO et BALADOUN ».
C’est de BALADIN que vient le mot « BALADOUN » pour surnommer les cheminots du Cameroun et la danse (à imiter les asticots) est devenu «ASSIKO »
ASTICOT, vous avez dit : « ASSIKO » ?
Pour la petite histoire, après avoir été accusé d’association de malfaiteurs , de meurtres et
de sorcellerie, Le chef supérieur de canton Ndogbessol BIDJOCKA, échappa à la pendaison et fut envoyé en exil à Sangmélima. Au lendemain de la première guerre mondiale, les français remplacèrent les Allemands. L’influence et le prestige de BIDJOCKA motiva la France dans sa
décision de le rétablir dans ses fonctions de Chef supérieur du grand canton qu’il menait avec beaucoup de péripéties jusqu’en 1938.

A la fête du 14 Juillet 1938 à Eseka , les autorités coloniales offrirent des présents au chef du Canton dont une guitare à son fils aîné
(16 ou 17 ans environ). Un des frères de même village du chef Bidjocka préféra passer cette guitare à un des baladins de la place afin de préparer les festivités pour les Ndogbessol au village BIDJOCKA deux jours plus tard, où la population accueillit le chef à
sa descente de train par des groupes de danse en liesse au rythme des cris, des tamtam et des balafons.
Le baladin qui a récupéré la guitare a appris à jouer quelques notes en moins de 48 heures. On fit venir des dames des taudis des rails. Le baladins guitariste joua pour la première fois en solo sur 3 cordes et trois notes sur des paroles enflammées. Pour les danseuses,
le rythme n’y était pas, alors un jeune percussionniste alla chercher une bouteille de vin « Kiravi » , deux fourchettes et donna le rythme qui manquait pour voir ces jeunes femmes onduler comme des asticots à faire pâlir les mâles. Quelques instants après,
le chef de gare s’y mêla avec son sifflet pour encore donner du rythme avec son « wistam bloo ! » (whistle Blow),tapes dans les mains au nombre de coups de sifflet. C’étaient l’effervescence, et surtout quand le guitariste se mit à chanter « Tout le monde, tout le monde,
tout le monde, samedi soir… » c’était une soirée « Thanks God is Saturday » L’alcool, les femmes aidant , l’ambiance était au comble.
L’ASSIKO que nous connaissons aujourd’hui était née puis perpétuée. Malheureusement nous n'avons pu avoir le nom du fameux guitariste qui inspira Jean Bikoko. Mais il nous a été conté que le petit Bikoko était à Bidjocka ce fameux 16 Juillet.
Quant le jeune Jean a pu avoir sa guitare il entrepris son rêve, celui de devenir baladin, d’égayer les soirées torrides. C’est pourquoi il a pris le surnom « baladin » prononcé « Aladin ». Il y parvint avec son complice SOM ILOUGA le seul danseur d’ASSIKO qui ne trichait pas,
qui dansait à nue (vêtu d’un simple marcel(athlétique) et un léger pagne).Et comme par hasard , il s’installa à Douala à NdogBat 2 en face des ateliers « Baladoun » RNCF(Régie nationale des chemins de fer du Cameroun)
Jean BIKOKO, avait des beaux textes, jouait sur trois cordes ; il jouait haut sur une gamme comme le blues mais cela ne sonnait pas le blues. Jean BIKOKO était un génie, comme tous les génies. James Brown jouait au piano avec une main et deux doigts, mais cela ne l’a pas empêché
d’être le Roi du Heavy funk. C’est cela le génie. Le son de BIKOKO est envoutant. DIKOUME Bernard était plus fort en gamme, il jouait avec 4 ou 5 cordes avec une basse qui dérangeait, ce qui fait qu’on avait du mal à adhérer à son style. Jean « Baladin »
Aladin mérite la gloire d’avoir bagarré pendant 30 ans pour que l’ASSIKO vive. Ce serait regrettable de contester le fait que Jean BIKOKO dit Aladin soit le Pape de l’ASSIKO.

La relève a du talent certes, la place est vacante pour l’ASSIKO Moderne.
Evidemment il vaut mieux que le Bassa confirme une danse au niveau international. Excellente ambition pour la nouvelle vague : Paul Balomog, Olivier de Clovis Bonga, Défense, Fleur Devault,
Samson chaud gars, Kilama, Martin Kon, LIMALA Joseph, Kol Mbogol, , Mbogol, Mongo Mbea ,Nlella.
ASSIKO MODERNE

L’appellation ASSIKO MODERNE conviendrait à ce nouveau style avec une chorégraphie travaillée. Mais pour les puristes l’ASSIKO se joue avec deux instruments :Guitare, percussion(bouteille) et optionnellement un mbira, un sifflet( whistle blow).
La danse ASSIKO n’est ni le Dombolo, Mapouka, Makossa et le Bikoutsi(qui s’inspire aussi de la danse Bagna comme l’Assiko). Il y a comme un problème quand on voit des groupes danser soit disant l’Assiko. Dans ce cas, Sakira ou Usher dansent de l’Assiko.
Sachez que les caractéristiques des différentes danses sont :

Dombolo : les reins restent fixes et seules les fesses bougent

Makossa : les fesses suivent le mouvement des reins

Meringue : les reins bougent et les fesses restent fixes
Assiko : les reins et les fesses suivent les ondulations du corps ( pas faciles). Ce n’est pas pour rien qu’il y a de la tricherie quand certains s’entourent d’arceaux enturbannés pour amplifier les ondulations.
Bref comme disait un jeune qui assistait à un festival à Limbé «peu importe le vin pourvu qu’on ait l’ivresse » en découvrant toutes les chorégraphies illustrant l’ASSIKO.
Quant à Maman Thélé qui y était :
« c’est bien la jeunesse qui bouge mais je n’ai pas vue de l’ASSIKO. J’ai vu du Michaël Jackson plutôt » . Mais bref , Mamie Thélé, le monde évolue " wait and see !"
A savoir :

Si l’on fait le parallèle
Le Funk est né des champs de canne à sucre. Pourquoi « Funk » ? Les esclaves se retrouvaient tous les soirs après les champs à danser sous les rythmes d’une musique saccadée et les blancs trouvaient que cela sentait
la transpiration et la tourbe : « it smells funk ». C’est de là qu’est né le « FUNK » dont le maître incontesté est devenu James Brown.

L’ASSIKO sort des chantiers du chemin de fer
Le soir venu les ouvriers se retrouvaient dans des cabanons autours des filles et femmes qui se
trémoussaient comme des asticots. C’est delà qu’est né l’«ASSIKO» dont le maître incontesté est devenu Jean Bikoko .
Un bon danseur d'Assiko avait la réputation de " Boboog i nyet"( la souplesse des reins d'un 'asticot)
Souvenir:
La rencontre de Jean Bikoko et l'homme d'affaire Paul Soppo Priso a été déterminante . Soppo Priso a été à un moment un mécène pour Aladin ,
il l'a fait connaître au public et aux médias ; il l'invitait à quelques manifestations dont le mariage de l'un de ses proches où Bikoko a ébloui la haute société de Douala..
Dans la même période, le gagnant du concours des jeunes espoirs de la musique africaine (Ortf) , le jeune Ekambi Brillant passait sur les ondes nationales en boucle " Ngon'Abo" un Makossa aseptisé.
Les souvenirs font qu'on se souvient d'être sortis du show de Georges Collinet (au centre culturel américain) avec un reportage sur James Brown et Famous Flames ou JB’S qu'on se retrouvait au « Dominos», voir « Mot’a muenya »de EB’S (Ekambi Brillant Show)
La musique Camerounaise voit le jour. Un festival est organisé en 1973 auquel assistent : Anne-Marie Nzié , Francis Bebey, Jean Bikoko, Rudolf Moukoko, Messi Martin, Elangua Maurice, Nelle Eyoum, George Benson etc
Toutes ces révolutions se passaient à Douala. Évidemment Douala la ville ouverte à toutes les cultures. On se souvient des bars de Bali, Akwa Bar, Joie de la Cité, Bel'Air à Bassa, ,Polydor à Nkol Oloun. Les tablées chez Mammy Dada avec ses "atchomo" et"makala"
venus de l'Afrique de l'Ouest.
Les Bassa et les Douala commençaient à cohabiter. Les filles Bassa commençaient à traverser les rails vers Bali. Ce qui a valu le refrain " Nanga, Nanga Bali, ça alors"de Tokoto Ashanti
Les garçons Bassa et Mpoh sportivement ont gagné les clubs de foot:
- Nlend Adalbert, Etèndè --> Oryx (Djeméa) de Bali
- Gwadé,Bikong,Diani Paul --> Caïman d'Akwa
- Milla Roger --> Léopard de Deido
Les cités "Baladoun"
Baladin:Comédien ambulant, danseur, farceur de place publique, Celui qui, par des bouffonneries, s’efforce de faire rire.
C’est de BALADIN que vient le mot »BALADOUN » pour surnommer les cheminots du Cameroun.
C’est de là aussi que vient « ALADIN » de Jean Bikoko héritier du premier guitariste baladin de la danse d’asticots qu’appréciaient les ouvriers des rails , en faisant des pitreries.
Pour ceux qui ont connu les cités des cheminots jusque dans les années 70,
on devine bien l’ambiance qui y régnait. Souvenez-vous, ou renseignez-vous sur l’effervescence qui régnait dans les cités des hommes du rail, le jour de paie. Il y avait de la joie partout, l’alcool, les femmes , la musique et bien sûr les créancières et les compagnes de
cheminots « Baladoun »faisant le gué au tour des bars.
A Douala , il y avait la célèbre cité Chardy , et la cité SIC la belle où il existait un bar célèbre appelé « Joie de la Cité » jouxtant le camp A .
A Ndogbat 2 où habitait Jean Bikoko c'était le festival toutes les fins du mois.
A Yaoundé, à l’endroit de la nouvelle gare (actuelle) existait une cité de cheminots où vivait et régnait une joie de vivre à faire pâlir les fonctionnaires de Yaoundé .Les « Teppaz »
(tourne-disques) tournaient du vendredi soir au Dimanche matin jusqu’à usure des piles. Tout ça comme disent les anciens c’était quand le temps était temps
Nous avons aussi découvert :
De EDEA à BIDJOCKA , beaucoup d’étrangers y ont fait racine. Ne vous étonnez pas de retrouver des noms de famille qui n’étaient pas des noms locaux : on trouve de Bamba ,Mangle (Manguèlé), Jumbo , Tigbeu (Tigbo), Duclos, Délangué,
Mang, Barry ,Diane(Djan), djene,Yoko , Eboué, Ninengue , Dougba, Ndongo, Ekani etc . Noms venus de l'Afrique de l'Ouest)
On a aussi compris pourquoi les trains ralentissaient entre Eseka et Bidjocka. C’est une bonne petite histoire aussi.
Nous n’avons pas trouvé :
Nous n'avons pas eu plus d’informations sur le fameux contremaître qui a lancé « C’est ici que ça se passe, au lieu de passer vos nuits à reprendre des forces, vous préférez aller faire les pitres, à mimer les asticots.
Grouillez-vous bandes de baladins ! » On l’appelait Tonin . Nous avons cherché dans les archives ce nom , en vain. En revanche , nous avons trouvé des noms et prénoms : Anthonny, ,Antoine ,Tonini. Ne sachant pas si Tonin était un surnom ,
nom, prénom ou déformation d’une appellation quelconque, nous n’avons pris le risque de vouloir identifier la dite personne.
On sait que c’était un Français grand, brun et moustachu.
Mikang mi Ling
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