C'est parfois difficile d'expliquer (en tout cas j'ai longtemps eu du mal à comprendre) la différence entre hérédité et corrélation génétique.
Ça a l'air intéressant mais ça permet de comprendre la phrase "c'est génétique" quand on parle de maladies qui ne semblent pas l'être
Ça a l'air intéressant mais ça permet de comprendre la phrase "c'est génétique" quand on parle de maladies qui ne semblent pas l'être
Et un article du dernier Lancet Neuro sur la schizophrénie permet d'illustrer cette différence entre cause (étiologie) génétique et corrélation génétique.
Mais pour cela un peu de contexte est nécessaire :
Mais pour cela un peu de contexte est nécessaire :
La schizophrénie touche moins de 1% de la population générale.
La schizophrénie en elle-même n'est pas une maladie génétique. Il n'y a pas un ou deux ou cinq gènes qui rendent schizophrène.
La schizophrénie en elle-même n'est pas une maladie génétique. Il n'y a pas un ou deux ou cinq gènes qui rendent schizophrène.
Pourtant il y a bien une part de génétique.
En 2003 une méta-analyse sur 12 études de paires de jumeaux concluait que dans 81% des cas si l'un l'était, l'autre jumeau l'était aussi.
En 2003 une méta-analyse sur 12 études de paires de jumeaux concluait que dans 81% des cas si l'un l'était, l'autre jumeau l'était aussi.
Et ces chiffres sont à peu près stables parce que par exemple, les Danois qui ont étudié neuf millions de personnes où des données sur leurs ancêtres étaient disponibles, ont conclu que le risque de schizophrénie était 10 fois plus élevé chez ceux sont un parent était atteint, et
Que chez des frères sœurs non jumeaux, le risque qu'une personne soit atteinte était de 64% si un autre membre de la famille l'était.
Donc il y a quand même cette impression de corrélation génétique même si on ne trouve pas de gènes.
Donc il y a quand même cette impression de corrélation génétique même si on ne trouve pas de gènes.
Et puis rien.
Ce que je veux dire, c'est que pendant longtemps on n'a rien pu faire de plus pour avancer.
Plus récemment, grâce au progrès de la puissance de traitement des ordinateurs, on a pu se lancer dans des calculs complexes de susceptibilité génétique.
Ce que je veux dire, c'est que pendant longtemps on n'a rien pu faire de plus pour avancer.
Plus récemment, grâce au progrès de la puissance de traitement des ordinateurs, on a pu se lancer dans des calculs complexes de susceptibilité génétique.
Pour faire court (et donc un peu faux), on est capable de rechercher des corrélations entre des milliers de gènes, et tous leurs variants (parce qu'en plus ils peuvent varier) et une pathologie ou un ensemble de signes cliniques.
Et c'est là que ça devient intéressant.
Si on prend par exemple deux choses qui n'ont strictement rien à voir (pour le coup on en est sûrs) et qu'on recherche une corrélation
On peut montrer que le lien entre la taille et la schizophrénie a une corrélation porche de 0 (ça tombe bien), mais que les gens qui sont grands ET schizophrénes partagent plus de 1400 variants génétiques en commun.
Autrement dit, ils ont plus de 1400 variants génétiques absolument identiques, sans pour autant que ça ne crée un lien quelconque entre la taille et la schizophrénie.
Ça c'est l'exemple négatif (ou contrôle).
Ça c'est l'exemple négatif (ou contrôle).
Maintenant qu'on a notre contrôle, on peut s'intéresser à d'autres associations.
Prenons par exemple les troubles de l'attention et des apprentissages et la schizophrénie.
Les deux groupes partagent 6800 variants commun. Les schizophrénes non ADHD ont 7400 variants communs et les ADHD non schizophrénes ont 100 variants communs.
Les deux groupes partagent 6800 variants commun. Les schizophrénes non ADHD ont 7400 variants communs et les ADHD non schizophrénes ont 100 variants communs.
Autrement dit, presque tous les ADHD ont en commun des variants génétiques avec les schizophrénes, l'inverse n'étant pas vrai.
Pourtant la corrélation entre les deux est faible, juste 0,16.
Pourtant la corrélation entre les deux est faible, juste 0,16.
A l'inverse, si on regarde l'association schizophrénie et troubles bipolaires, les deux groupes partagent 9300 variants, contre 4300 pour les schizophrénes seuls et 100 pour les bipolaires seuls.
Mais la corrélation est de 0,70 (ou 70%).
Mais la corrélation est de 0,70 (ou 70%).
En plus simple cela illustre toute les complexité de la génétique. Deux maladies peuvent partager un grand nombre de gènes sans pour autant être corrélées, et vice versa.
En pratique, cela permet d'expliquer ce concept un peu flou de part génétique sans anomalie génétique.
Si je suis atteint de [n'importe quelle maladie] est-ce que mes enfants vont l'avoir ?
Si je suis atteint de [n'importe quelle maladie] est-ce que mes enfants vont l'avoir ?
La réponse est : ça dépend.
Si un ou une plusieurs gènes sont clairement identifiés on peut le tester et vous donner un risque,
Mais quand il s'agit de terrain génétique, avoir n% de gènes communs avec des gens atteints ne vous donne pas le risque pour vous.
Si un ou une plusieurs gènes sont clairement identifiés on peut le tester et vous donner un risque,
Mais quand il s'agit de terrain génétique, avoir n% de gènes communs avec des gens atteints ne vous donne pas le risque pour vous.
Donc ça ne sert à rien, mais alors à rien du tout, d'envoyer des échantillons de salive à des boîtes (pour la plupart US) qui vont vous donner votre profil génétique et vous indiquer un risque d'être atteint de telle maladie, ils n'en savent rien et le calcul est impossible).
Par contre ils gardent et revendent vos données.
