My Authors
Read all threads
Deuxième jour du procès #AttentatsJanvier2015 et LT pour @franceinter . La cour d'assises spécialement composée rouvre l'audience. Aujourd'hui, interrogatoires des accusés. Toujours 11 présents sur 14. 3 en fuite -Hayat Boumedienne, et les frères Belhoucine (présumés morts).
Le président Régis de Jorna fait un point sur le port du masque, qu'il exigeait obligatoire hier, ce que des avocats de la défense avaient contesté, estimant qu'on ne pouvait pas juger convenablement des accusés parlant masqués.
L'avocate du principale accusé, Isabelle Coutant-Peyre avait dénoncé une "cour masquée".
Le président annonce ce matin que les avocats pourraient désormais s'exprimer sans masque s'ils le souhaitent.
Le président continue : "quand un accusé est interrogé, il peut enlever son masque mais on ne pourra pas l'obliger".
La cour, elle, restera masquée en toutes circonstances, ajoute le président de la cour d'assises spécialement composée. Pour le ministère public, représenté par deux avocats généraux, masques obligatoires également.
Régis de Jorna insiste : "il serait dommageable que suite à un non-respect des conditions sanitaires, il y ait des conséquences jusqu'à l'interruption du procès"
Maître Saint-Palais, un des avocats de la défense, président de l'association des avocats pénalistes, s'inquiète pour "les plus vulnérables", "les plus âgés d'entre nous et les accusés" sans masque. Même s'il reconnaît que lui aussi, le masque le gêne.
Maître Saint-Palais réclame un avis médical "éclairé" car il estime que la décision annoncée par le président de la cour d'assises est issue d'un rapide compromis trouvé hier soir avec le président du Tribunal Judiciaire, sans expertise médicale.
L'agence régionale de santé a été saisie et rendra son avis rapidement, le rassure le président Régis de Jorna.
Un avocat général requiert d'attentre cet avis médical éclairé pour l'instant. Lui, voulait que chacun reste masqué à ce procès, pour "éviter un cluster" à ce procès #AttentatsJanvier2015
Un premier accusé, Abdellaziz Abbad a commencé à être interrogé sur sa vie il y a quelques minutes, mais l'audience a été suspendue pour des raisons techniques dans l'une des salles de retransmission. Audience suspendue donc, pour l'instant.
Il reste plusieurs salles de retransmission ouvertes à ce procès #AttentatsJanvier2015, ouvertes au public, aux avocats, aux parties civiles. Plusieurs salles car le nombre de personnes limité par salle en raison de la crise sanitaire. Les accusés sont en salle principale.
En salle principale, audience donc suspendue en ce moment, réglages de micro pour la retransmission. Les avocats en profitent pour parler avec leurs clients. 10 des 11 accusés sont dans 2 box vitrés qui se font face. Un comparaît libre pour tout le procès #AttentatsJanvier2015
Les accusés sont encadrés de plusieurs policiers. Chaque policier vêtu de gilet pare-balle, visage caché par une cagoule. Les accusés eux sont masqués.
L'audience reprend avec l'interrogatoire de personnalité d'Abdelaziz Abbad, qui parle, non masqué, face à la cour .
Abdellaziz Abbad est né le 31 mars 1984 à Charleville-Mézières. Il explique qu'il a 5 frères et 3 soeurs, ils s'entendaient tous bien.
Il raconte son enfance qui bascule à l'âge de 9 ans. Il a un accident domestique, est brûlé, placé un peu dans le coma, passera quatre ans à l'hôpital. Il en sort à l'âge de 13 ans.
Il reprend l'école, jusqu'au BEP, mais rate deux fois son BEP. Puis commencent les "mauvaises fréquentations", explique-t-il.
Abdellaziz Abbad a l'impression que tout est lié aux quatre années passés à l'hôpital, des années perdues.
Ainsi, avec des copains, il entre dans la délinquance, en vendant de la drogue, pour se faire de l'argent.
"Et maintenant, je suis là, je me retrouve dans cette affaires" #AttentatsJanvier2015
Abdellaziz Abbad se dit innocent. Assure qu'il ne pourrait pas "adhérer à ce genre d'idéologie".
Jusqu'à ce procès, il n'avait été inquiété que pour des affaires de stupéfiants, ou une fois, pour ivresse au volant, ou des bagarres.
Abdellaziz avait été condamné plusieurs fois pour trafic de stupéfiants. Il était incarcéré pour une de ces affaires quand il a été interpellé, en détention, pour #AttentatsJanvier2015
Après, il a été placé à l'isolement en prison, un isolement qu'il a eu du mal à supporter, dit-il.
Jusqu'à son incarcération, il explique qu'il était en concubinage, mais ensuite "elle n'a pas supporté".
Abellaziz Abbad dit souvent "monsieur le président". Il s'exprime de manière appliquée et très respectueusement. Il porte un tee-shirt noir à petit col, manches longues.
Abdellaziz Abbad a grandi dans une famille musulmane, mais pour lui, l'islam est une "religion de paix". Son père travaillait à l'usine.
L'accusé se rassied. L'enquêtrice de personnalité arrive à la barre. Elle a 69 ans.
Elle a rencontré Abdellaziz Abbad à la maison d'arrêt de Charleville-Mézières, où il était incarcéré après une mise en examen dans une affaire de tentative d'assassinats
Abdellaziz Abbad avait alors 32 ans, il vivait chez ses parents. Ses deux parents sont nés en Algérie. Le père a alors 69 ans, environ (son fils ne sait pas son âge précis), la mère est plus jeune. Le père "avait une carte de séjour", précise l'enquêtrice
L'enquêtrice parle de l'accident, "la brûlure" qui a conduit Abdellaziz Abbad à l'hôpital, au conditionnel, comme si elle n'était pas convaincue de cet accident domestique
Elle évoque la scolarité difficile d'Abdellaziz Abbad. Il lui a dit qu'il aimait la course à pied et le tennis
Elle rappelle qu'il avait été incarcéré une première fois pour une affaire alors qu'il était mineur, pour un "incendie volontaire dans un bâtiment". Toutes les autres incarcérations pour des affaires de stupéfiants.
Abdellaziz Abbad a évoqué à l'enquêtrice les drogues dures dans son trafic, cocaïne, héroïne, en précisant que lui ne se droguait pas
Abdellaziz Abbad était en concubinage au moment où il a vu l'enquêtrice, qui a vu la concubine
Elle s'appelait Manon, elle avait rencontré Abdellaziz alors qu'elle avait 15 ans, il était très attentionné, "jamais violent", ils étaient "fusionnels", "vous savez je l'aime", avait dit Manon à l'enquêtrice
En 2014, Manon était tombée enceinte. Abdellaziz Abbad, incarcéré, s'inquiétait de "ne pas pouvoir l'épauler", ne voulait pas d'un "bébé parloir", finalement, il y avait eu un problème durant la grossesse et ce bébé n'est pas né
L'avocat d'Abdellaziz Abbad, maître David Apelbaum interroge l'enquêtrice sur le "désespoir" de son client
L'enquêtrice confirme qu'Abdellaziz Abbad lui a bien dit qu'il était "désespéré" d'être dans cette affaire #AttentatsJanvier2015
Sur le banc des parties civiles, une avocate rappelle qu'Abdellaziz Abbad a dit "ce dossier, il m'a foutu ma vie en l'air", et elle lui demande : "que pensez-vous des victimes ?"
Abdellaziz Abbad répond : "je pense qu'elles doivent bien souffrir bien plus. Elles ont perdu un membre de la famille, un collègue, un ami, ça doit leur faire très mal"
Une avocate des parties civiles s'approche, à la barre, et explique qu'elle n'a pas tout entendu, les problèmes de son continuent à se poser dans la salle d'audience, se plaint-elle
Maître Christian Saint-Palais se lève à son tour et s'emporte : "ce procès masqué ne peut pas se tenir dans ces conditions jusqu'à son terme !" En l'occurence, l'accusé parle sans masque dans son box vitré, donc le problème de compréhension n'a pas de rapport...
Les esprits s'échauffent en salle d'audience principale. D'autant qu'une avocate de parties civiles interroge l'accusé sur le djihad, question refusée puisqu'aujourd'hui, c'est l'enquête de personnalité des accusés. Les faits, et l'interrogatoire sur le fond, ce sera plus tard.
L'avocate générale se lève à son tour : "Monsieur Abbad, est-ce que vous avez un surnom ?"
Il répond : "Aziz"
Pas d'autre, dit-il, sans la convaincre
Elle l'interroge sur ses frères incarcérés. Il ne veut pas donner leurs prénoms. L'avocate générale : "vous n'êtes pas très coopératif !" Il s'énerve : "Mais ce procès va être retransmis dans le monde entier", il estime que ses frères n'ont rien à voir ici
Abdelazziz Abbad s'agace, interrogé sur une précédente affaire de Charleville-Mézières, perd son ton courtois, gronde sur l'avocate générale : "on est ici dans une affaire de terrorisme, y a des victimes qui attendent des réponses pour cette affaire !"
Il poursuit : "à chaque fois qu'on me parle de cette affaire de Charleville-Mézières, je ne comprends pas" !
Abdellaziz Abbad se rassied. Le deuxième accusé se lève et se présente : Michel Catino.
Michel Catino est né le 15 septembre 1952. Parents italiens. "J'ai toujours vécu avec eux jusqu'à l'âge de 27 ans avec eux", commence-t-il, la voix un peu tremblotante. Ils habitaient en Belgique.
Michel Catino a eu un diplôme d'ajusteur mécanicien. Mais ce qu'il aime depuis toujours, c'est les cartes, il se dit "joueur de cartes", le "casino", à partir de l'âge de 15 ans
Nouveau problème de micro avec une salle de retransmission, l'audience est suspendue jusqu'à 14 heures.
Mais à suivre, les dernières déclarations Michel Catino, interrogé jusqu'à la suspension..
Dans son premier interrogatoire de personnalité, Michel Catino a donc commencé par se résumer par sa passion des cartes, depuis l'adolescence.
Puis, il s'est marié, a eu trois enfants.
Puis, en 1987, "j'ai eu une descente de police dans mon café car j'avais eu un braquage dans mon quartier, cette année-là, ils ont fermé mon café, ils m'ont dit c'est pas autorisé le jeu, j'ai été condamné"
"Suite à ça, ma femme, elle a subi des séquelles, elle a attrapé des crises de nerfs", explique Michel Catino. "On s'est séparés, on est toujours en contact"
En 1997, Michel Catino raconte une agression, "j'ai été attaquée par des gens, ils m'ont volé", il dit qu'il est resté un mois à l'hôpital. "Je ne pouvais plus parler, j'ai suivi des cours de logopède" (le nom donné aux orthophonistes en Belgique)
Michel Catino a aussi été paralysé des jambes après cette agression, dit qu'il a eu du mal à remarcher normalement, et boîte toujours un peu.
Il a d'autres problèmes de santé aujourd'hui, est notamment diabétique. A été vu par un médecin pour être sûr qu'il était en mesure d'assister à ce procès #AttentatsJanvier2015
Puis, en 2003, mon ami Meetin Karasular a pris un café, je l'ai aidé un peu. Karasular est assis aujourd'hui dans le même box des accusés.
"Beaucoup de gens me connaissaient pour le jeu", insiste Michel Catino, "ils m'aimaient bien pour le jeu, en 2008, la police a fermé ce café". Il a été rouvert, puis refermé en 2014. "Alors il a pris un garage et m'a demandé de venir travailler avec lui".
Aujourd'hui, Michel Catino dit qu'il regrette "ce qui est arrivé aux parties civiles pour leur douleur. Parce que je connais cette douleur aussi". Il explique alors qu'en 2006, il a perdu l'aîné de ses trois fils, un accident de luge, il est tombé dans un ravin
L'audience vient de reprendre il y a quelques minutes, avec un autre fils de Michel Catino. Il porte un prénom original, a 31 ans, dit "mon père est très serviable, hyper gentil"
En raison de son lien de parenté, le fils ne prête pas serment à la barre. Il a toujours été très proche de son père, est resté avec lui après la séparation des parents.
Le fils dit : "c'est un très très bon papa, son gros défaut c'était le jeu, c'était un gros vice pour lui"
Il ajoute : "ceux qu'ils connaissent, vous lui demandez un coup de main et il sera là"
Il précise que après son agression "à coups de marteau, j'avais six ou sept ans, il a gardé des séquelles", depuis son père a souvent mal à la tête
Le fils est ému, à la barre, "stressé", dit qu'il a une petite fille, qui avait 10 mois au moment de l'incarcération de son père, il y a aussi la fille de ma femme qu'il a élevée, et qui ne va pas bien, "c'est très dur" de ne plus le voir depuis trois ans
"J'ai besoin de mon père", dit ce fils, qui a demandé un permis de visite en prison, il lui a été refusé
Il y a quelques années, il savait que son père avait été incarcéré en Allemagne, pour une autre affaire, liée à des stupéfiants. Affaire qu'il n'a pas comprise.
Le fils quitte la salle d'audience, sans un mot. Sa compagne lui succède à la barre et dit de Michel Catino qu'il est "comme un deuxième père"
Le jeu "c'est son seul défaut", dit-elle, "je ne vois pas cet homme méchant"
Elle conclut : "c'est quelqu'un de bien, j'espère qu'il sortira vite"
Ce matin, la cour a rappelé le casier judiciaire de Michel Catino, et l'accusé avait expliqué ses condamnations pour vols, "un vol de vin", et "un vol de machine à laver"...
La cour va maintenant interroger Meetin Karasular, cheveux grisonnants, épaules carrées, tee-shirt noir.
Il commence "j'ai grandi dans les années 1970 en Belgique avec mon grand frère", vous voulez savoir quoi sur mes études ?"
Il explique être allé "à l'université jusqu'en 3e" puis il a travaillé dans une boulangerie, "j'aimais beaucoup la boulangerie"
Il arrête la boulangerie car la farine semble lui provoquer des crises d'asthme.
Mini suspension dans l'interrogatoire, car un des accusés est sorti, semble-t-il aux toilettes sous escorte, le président se fâche au retour : "attendez ça se passe pas comme ça en dehors des suspensions !"
L'interrogatoire se poursuit, Meetin Karasular explique qu'il a cinq enfants
Sa fille aînée a 22 ans, ou peut-être 23, il ne sait plus très bien, est infirmière mais il ne sait plus très bien où, "ça fait quatre ans que je suis en prison et que je n'ai pas vu mes enfants"
L'assesseur qui l'interroge égrène les mentions inscrites son casier judiciaire, dont des faits de "roulage"... En Belgique, il s'agit d'excès de vitesse, notamment...
Le "roulage" peut aussi être un défaut d'immatriculation...
Meetin Karasular a aussi été condamné à un an de prison pour affaire de stupéfiants. "Il s'agissait de quoi Monsieur Karasular ?" L'accusé : "ben je m'en souviens pas"
Une des mentions au casier judiciaire : privation de liberté. Et là, Meetin Karasular explique comment "il a pété un plomb" une fois, et "ligoté des gens" et appelé la police qui en arrivant a dit de les libérer !
Meetin Karasular parle ensuite de son incarcération en France, dans cette affaire #AttentatsJanvier2015, il est en prison depuis 2017 : "je ne savais pas que c'était comme ça la France !"
L'assesseur parle des "incidents" en détention, comme le cannabis retrouvé dans une cellule : "jamais ça m'arrive de fumer du cannabis", prétend Meetin Karasular
L'assesseur évoque quelques décisions disciplinaires en détention pour Meetin Karasular. L'accusé ne s'en rappelle pas.
Il ne comprend pas qu'en prison, on lui interdise les visites de ses enfants : "ils n'ont rien fait mes enfants !"
Il dit : "c'est la honte !"
Meetin Karasular ne comprend pas non plus qu'en prison en France, "on paye 11 euros le sel, c'est la honte !"
L'assesseur clôt son interrogatoire en rappelant l'âge de Meetin Karasular : 50 ans. Il est né en Turquie. Est arrivé en Belgique vers l'âge de 3-4 ans, dit que la Belgique est son pays.
Un avocate de parties civiles l'interroge sur sa famille. En fait, Meetin Karasular a eu un premier enfant avec un femme, puis 5 avec une autre, devenue son épouse.
Meetin Karasular explique que comme Michel Catino, lui aussi aimait le jeu. Quand il jouait, il se sentait bien.
Meetin Karasular était garagiste et dit : "j'ai eu un seul garage et c'est déjà de trop puisque c'est pas mon métier"
Erratum sur l'orthographe du prénom de l'accusé Karasular, en fait Metin s'écrit plutôt Metin
L'épouse de Metin Karasular arrive à la barre pour témoigner. Elle est accompagnée d'un interprète. L'interprète décline son identité : "Balladur, Jean-Claude".
L'épouse de Metin Karasular dit : "Mon mari est quelqu’un de bon, qui aime aider les gens, c’est quelqu’un qui est aimé, un bon père de famille, c’est quelqu’un qui s’entend bien avec tout le monde"
Madame Karasular explique qu'ils ont eu des domiciles différents à un moment, quand son mari a eu une concubine, "mais on est pas séparés" complètement, elle se considère comme son épouse
Après une très brève suspension, l'audience reprend avec une demande de constitution de partie civile. La demande vient du MRAP : le Mouvement contre le Racisme et l'Amitié des Peuples. Un avocat de la défense s'étonne de cette demande, aujourd'hui.
Quatrième accusé entendu : Mohamed Fares.
Mais c'est d'abord l'enquêteur de personnalité qui va prendre la parole, explique le président, pour des raisons de disponibilité. Son audition devait avoir lieu ce matin. La cour a pris du retard à cause de problèmes techniques.
L'enquêteur a rencontré Mohamed Fares en 2018, à la prison de Lille-Annoeulin, où il y a un quartier pour détenus radicalisés, parmi les plus radicalisés selon l'administration pénitentiaire. L'enquêteur précise que Mohamed Fares a répondu aux questions de manière évasive.
Il ajoute que Mohamed Fares a même carrément stoppé l'entretien en plein milieu, ce qui est rarissime selon cet enquêteur.
Mohamed Fares, né en 1989, n'est pas très bavard non plus devant la cour. Vêtu d'un survêtement. Il explique que ses parents se sont séparés quand il était jeune. Est tombé dans le trafic de stupéfiants vers l'âge de 16 ans. Première incarcération en 2011.
Selon les rapports en détention, il a derrière les barreaux "une place centrale", avec détenus qui travaillent pour lui...
Mohamed Fares ne donne pas beaucoup plus de détails. Se rassied. Said Maklouf se lève, épaules très carrées, un peu d'embonpoint, lunettes rectangulaires, cheveux noués en catogan, ambulancier.
Said Maklouf résume son enfance : "bonne éducation, j'ai arrêté l'école à 17 ans, j'ai travaillé directement, animateur en mairie". Puis livreur, déménageur, puis à 19 ans, tente des "études de poids lourds" au Canada, revient en France, et devient donc ambulancier.
C'est le père de Mohamed Fares (son voisin dans le box des accusés) qui était son employeur
Ambulancier, Said Maklouf dit qu'il se sent "utile auprès des gens"
Said Maklouf : "c'est ma première incarcération, ma première interpellation. C'est très très compliqué de se sentir terroriste. Assez choquant"
Son père était ouvrier, travaillait sur le bitume, sa mère était femme de ménage.
L'assesseur qui l'interroge revient sur quelques précédentes condamnations de Said Maklouf pour violences et vol et refus d'obtempérer. Mais il n'avait pas été incarcéré.
En cour de promenade, il se revendique du grand banditisme, lui fait remarquer le président, qui s'étonne, "ça vous fascine ?" Pas vraiment selon Said Maklouf.
Saïd Maklouf qui dit que c'est sa première incarcération, et que pour lui "c'est très compliqué de se sentir terroriste, c'est assez choquant"
Miguel Martinez est le sixième accusé interrogé aujourd'hui. Il a 38 ans. Deux jeunes enfants dont l'un était bébé au moment de son interpellation dans cette affaire #AttentatsJanvier2015
Miguel Martinez raconte son enfance douloureuse, la mort brutale de son père, le réconfort qu'il a ensuite cherché très vite, dans la religion, il s'est converti à l'islam dans les années 90, dit que pour lui ça a toujours été une religion de paix
Miguel Martinez dit à la cour : "Je suis vacciné contre le terrorisme depuis très longtemps, depuis les années noires en Algérie"
Miguel Martinez ajoute, ému : "J’ai profondément honte de me retrouver au tribunal dans une affaire comme ça, j'ai honte et j'ai un mal-être, c’est faux l’accusation de l’association de malfaiteurs terroriste, je l'ai toujours niée depuis le début. C'est faux ! "
La cour entend le dernier accusé pour aujourd'hui : Nezar Pastor Alwatik, né en 1985, cheveux presque rasés, petite moustache et barbe de trois jours, masque baissé sur le torse. Il parle d'une voix particulièrement calme et posée, et avec aisance.
Nezar Pastor Alwatik a aussi un autre prénom Mickaël, celui que lui-même s'est choisi vers 6 ans, quand son père l'a reconnu. Avant, il n'avait pas été reconnu.
La place de son père ou plutôt l'absence du père est importante dans sa vie. Il a grandi sans son père, parti en outre-mer, mais Nezar Mickaël Pastor Alwatik dit qu'il a eu une enfance qui "s’est très bien passée", ma mère s’est très bien occupée de moi"
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "je ne sentais pas l’absence paternelle jusqu’à l’adolescence". A l'adolescence, son père revient, il a 14 ans, il en a 17 quand son père meurt d'un cancer.
Il dit de la mort de son père : "ça a été très difficile pour moi, je me suis un peu réfugié dans le cannabis". Il parle aussi de "relation fusionnelle avec sa mère, comme toutes les mères méditerranéennes"
Il ajoute : "J’ai été collée à ma mère, c’est comme ça"
Il a un demi frère et une demi soeur, mais corrige "grande soeur petit frère, je veux pas les appeler demi"
Nezar Mickaël Pastor Alwatik raconte une "scolarité normale, juste avec bavardage" jusqu'à la fin du collège. Il était populaire, est élu délégué de classe. Au lycée, il est arrêté pour son implication dans une bagarre, est incarcéré. Reprend ses études en détention.
C'est en détention qu'il a rencontré Amedy Coulibaly, le terroriste de #Montrouge et de l'#HyperCacher précise l'enquêteur de personnalité qui intervient à la barre.
Quand Nezar Mickaël Pastor Alwatik est interpellé après les #AttentatsJanvier2015 il dit aujourd'hui : "Ca a été très difficile ce qu'il s’est passé dans ces atrocités, il n'y a pas de mots assez forts"
Nezar Mickaël Pastor Alwatik raconte sa détention après 2015 : "J’étais l’animal qu’on vient voir dans sa cellule, les surveillants qui me réveillent à 4 heures ou 5 heures du matin, pour voir si j'étais vivant soi-disant, alors que je dormais"
Il dit qu'on a "fait de lui un terroriste djihadiste. On m’a mis l’isolement dès le début. Je me mets pas en position de victime, j'en suis pas une, je suis accusé. Les victimes sont dans la salle. Mais il y a rien de pire que d’être accusé d’une chose que vous n'avez pas fait"
L'audience s'est achevée ce soir avec cet interrogatoire. Un avocat de la défense note qu'avec cet horaire tardif, les accusés seront en cellule "vers minuit", et "se lèveront vers 5 heures" pour être à l'heure au procès. Reprise demain 9h30 au tribunal judiciaire de Paris.
Avec @ChPiret nous continuerons à vous raconter ce procès historique, à travers LT, les ondes radio de @franceinter et sur franceinter.fr où vous pouvez retrouver un dossier spécial.
Missing some Tweet in this thread? You can try to force a refresh.

Keep Current with Sophie Parmentier

Profile picture

Stay in touch and get notified when new unrolls are available from this author!

Read all threads

This Thread may be Removed Anytime!

Twitter may remove this content at anytime, convert it as a PDF, save and print for later use!

Try unrolling a thread yourself!

how to unroll video

1) Follow Thread Reader App on Twitter so you can easily mention us!

2) Go to a Twitter thread (series of Tweets by the same owner) and mention us with a keyword "unroll" @threadreaderapp unroll

You can practice here first or read more on our help page!

Follow Us on Twitter!

Did Thread Reader help you today?

Support us! We are indie developers!


This site is made by just two indie developers on a laptop doing marketing, support and development! Read more about the story.

Become a Premium Member ($3.00/month or $30.00/year) and get exclusive features!

Become Premium

Too expensive? Make a small donation by buying us coffee ($5) or help with server cost ($10)

Donate via Paypal Become our Patreon

Thank you for your support!