Thread by @alexiskarklins

Les célébrations des 150 ans de la proclamation de la IIIe République ont été l’occasion d’évoquer le nom de Gambetta. Un homme dont l’histoire est aujourd’hui oubliée, même si de nombreuses rues françaises (et une station de métro parisienne) portent ce patronyme.
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2/ Léon Gambetta est né en 1838 à Cahors, dans le magnifique département du Lot. Sa famille paternelle, d’origine Ligure, y tient une épicerie, le Bazar génois. Ses professeurs le jugent turbulent et dissipé mais devinent déjà "une remarquable intelligence".

3/ A l’âge de 11 ans, alors qu’il regarde un ouvrier-coutelier, il reçoit un éclat d’acier dans l’œil droit. Opéré avec succès, il devient cependant borgne et portera un œil de verre toute sa vie. Ses portraits seront toujours pris de son profil gauche.

4/ Une fois bachelier, il quitte Cahors et s’installe à Paris pour étudier le droit. Il devient avocat en 1861. Ayant demandé et obtenu sa naturalisation en 1859, il fréquente alors les milieux républicains qui se réunissent dans le quartier latin au café Voltaire.

5/ En 1868, il est l'avocat de Charles Delescluze, journaliste républicain opposé à Napoléon III et traduit en correctionnelle pour sa critique de coup d’Etat de 1851. La plaidoirie de Gambetta, véritable réquisitoire contre le Second Empire, marque les esprits.

6/ Le jeune avocat s’engage alors en politique et devient l’un des responsables du parti républicain. Décidé à se présenter aux élections de 1869, il prononce un discours publié dans le Journal l’Avenir. C’est le "programme de Belleville".

7/ Il y défend les grands thèmes du radicalisme : liberté de la presse, de réunion et d’association, suffrage universel, séparation de l’église et de l’État, école gratuite laïque et obligatoire, impôt sur le revenu, réaffirmation des principes : Liberté, Egalité, Fraternité !

8/ Il se présente à la fois dans le 20e arrondissement à Paris et à Marseille. Elu dans les deux circonscriptions, il décide de représenter Marseille. Orateur de talent, ses discours sont très applaudis. Gambetta devient connu nationalement.

9/ S’opposant à la déclaration de guerre contre la Prusse en 1870, il accepte toutefois de voter les crédits militaires. Mais la France connaît la défaite à Sedan le 1er septembre 1870. Trois jours plus tard, le 4 septembre, il est à l’hôtel de ville de Paris.

10/ Il déclare alors la IIIe République instaurée et devient ministre de l'Intérieur dans un gouvernement de Défense nationale. Gambetta s’adresse à l’armée qu’il veut rallier : "Le nom de République veut dire union intime de l'armée et du peuple pour la défense de la patrie"

11/ Mais les troupes allemandes encerclent progressivement Paris. Les membres du gouvernement ont déjà quitté la capitale pour Tours. Gambetta décide de les réjoindre et s’envole avec succès de Montmartre en montgolfière le 7 octobre 1870.

12/ Devenu également ministre de la Guerre, il tente d’organiser la résistance et de constituer des troupes en province pour continuer le combat. Critiquant le défaitisme de Thiers (qui le traite en retour de "fou furieux"), il s’oppose aux négociations de paix.

13/ Mais Paris capitule en janvier 1871. Très critiqué pour son bellicisme et sa mauvaise gestion militaire, fatigué physiquement et moralement, Gambetta est contraint à la démission et préfère quitter la France. Il s'exile à Saint-Sébastien au Pays Basque pour quelques mois.

14/ De retour en France en juin 1871, il est réélu député le 2 juillet et choisit de représenter la Seine. Chef de l'Union républicaine, il soutient cette fois Thiers contre la majorité monarchiste de l'Assemblée,

15/ Décidé à convaincre le peuple de défendre la jeune République, il parcourt la France pendant les années qui suivent, ce qui lui vaut le surnom de "commis voyageur de la République". Défenseur d’une ligne modérée, il est la cible de nombreuses attaques à droite comme à gauche

16/ C’est au cours de l’un de ses discours contre le Président Mac Mahon en 1877 qu’il prononce à Lille cette célèbre déclaration : "Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre".

17/ En 1879, les Républicains obtiennent la majorité à l’Assemblée. Gambetta choisit la présidence de la Chambre des députés, laissant la présidence du Conseil à Jules Grévy. Ses deux journaux diffusent alors ses idées républicaines modérées.

18/ A l’été 1881, l'Union républicaine de Gambetta emportent les nouvelles législatives, devant la Gauche républicaine de Jules Ferry, l'extrême-gauche radicale de Clémenceau et le Centre gauche. Cette fois, il n’a pas d’autres choix que de présider le Conseil.

19/ Il parvient à former un ministère d'hommes jeunes qu'il présente le 14 novembre 1881. Ses ambitions sont nombreuses (nationalisation des chemins de fer, impôt sur le revenu, reconnaissance du droit syndical). L’Agriculture et les Arts deviennent des ministères à part entière

20/ Mais L’attitude autoritaire de Gambetta vis-à-vis de la Chambre irrite les parlementaires. Son projet de nouveau mode de scrutin est rejeté le 26 janvier 1882. Le lendemain, il doit démissionner après seulement 72 jours à la tête du conseil.

21/ Il se retire alors dans sa propriété aux Jardies à Ville-d'Avray (à deux pas de l’ancien domaine de Balzac) avec sa maîtresse Léonie Léon. Mais le 27 novembre de la même année, il se blesse avec un revolver. Plusieurs hypothèses sont alors émises :

22/ Tentative d’assassinat ? Préparation à un duel ? Complot ? Maladresse ? Officiellement, il aurait mal manipulé le revolver… Le 31 décembre 1882, Gambetta décède à l’âge de 44 ans d’une septicémie, peut-être liée à une appendicite ou un cancer.

23/ Son corps sera démembré pour constituer des "reliques républicaines", tandis que l’urne contenant son cœur sera transférée au Panthéon en 1920.
Gambetta, père fondateur de la IIIe République, demeure l’un des grands artisans et promoteur de la France moderne.
FIN