Dire que l'#antispécisme est une affaire de "privilégiés qui luttent pour se donner bonne conscience" est la démonstration d'une grande méconnaissance du sujet. C'est aussi une claque adressée aux personnes qui ont théorisé le lien entre mécaniques racistes & spécistes.
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Parmi ces liens, la pensée raciale -qui consiste à sélectionner un critère arbitraire pour justifier une discrimination source d'essentialisme & d'inégalité de prise en compte des intérêts- joue un rôle bien explicité par D. Awada, ici dans @RevueBallast : revue-ballast.fr/dalila-awada-s…
Où l'on voit que l'idée n'est pas de se donner "bonne conscience", mais simplement de chercher à réduire les nuisances - notamment les privations de liberté et la mort - infligées à des êtres en situation de vulnérabilité, parce qu'écrasées par la domination d'un autre groupe.
On peut citer également les travaux de la chercheuse Syl Ko, qui appuie la compatibilité entre la pensée raciale et la pensée spéciste, dans la dépossession du statut d'"Humain" qu'elle implique :
Aph et Syl Ko : "Le statut inférieur attribué à l’animal est une condition essentielle au fonctionnement du système raciste, un système qui hiérarchise les êtres vivants et fait trôner une catégorie à son sommet" (Aphro-ism, 2017) lamorce.co/lorsquon-dit-h…
Le refus et la dénonciation de ces mécaniques oppressives ne sont donc pas induites par le fait d'être "privilégié·e", mais plutôt par le fait de reconnaître que les conséquences de la pensée suprémaciste, quelle qu'elle soit, sont nuisibles.
Le fait d'être privilégié·e est sans lien avec la légitimité ou la crédibilité des revendications antispécistes : on note en revanche que la prise en compte des intérêts des autres animaux par des personnes victimes d'oppression est une logique récurrente.
Cet entrecroisement entre les mécaniques de domination est aussi exposée ici, par exemple, dans cette conférence richement documentée de la chercheuse @edesaulniers :
Pour mieux comprendre le refus de prise en compte des intérêts des autres animaux par un certain nombre de mouvements se disant pourtant progressistes, je recommande la lecture de cet article de Will Kymlicka, ici traduit par Martin Gibert : lamorce.co/pourquoi-les-a…
Il faut noter que ce rejet est aussi sous-tendu par nombre de mécanismes psychologiques, documentés notamment par les études en psychologie sociale, dont Estiva Reus donne ici un aperçu : estivareus.com/blog/post/?per…
Réactance psychologique, biais de statu quo, poids du confort social, sentiment d'infériorité morale... sont autant de mécanismes qui nuisent au recul critique sur ce sujet. Nous en avions parlé ici avec @Acermendax & @VledTapas sur la @TroncheBiais :
Concernant le sentiment d’infériorité morale, on en a ici une démonstration classique, dont la thèse exposée est celle-ci : "vous estimez être meilleur·e·s que moi, donc les idées que vous défendez reposent sur une idée de pureté personnelle, donc vous n'êtes pas crédibles."
Mais réduire l'antispécisme à une "pratique individuelle" ; comparer cela à des "écolos qui font pipi sous la douche", c'est une négation caricaturale des apports de la sociologie, notamment sur les questions d'effet d'entraînement, de contagion sociale : lamorce.co/pourquoi-me-pr…
Bref, je suis toujours attristée de constater que la critique de l'antispécisme repose souvent sur une vision superficielle de ses analyses, et une incompréhension majeure des données qui sous-tendent le mouvement ; et que dans ce domaine, la sur-confiance prédomine.
Il est facile de s'imaginer avoir tout compris à la question sans bien l'avoir étudiée ; et facile de critiquer ce courant de façon extrêmement assurée et péremptoire, en se disant qu'on peut se passer de maîtriser vraiment son sujet.
Qu'on soit d'accord ou pas, je pense pourtant qu'il est possible, pourtant, de traiter ce sujet avec le même standard méthodologique qu'on applique à d'autres, de préférence sans se comporter en hooligan. Et que tout le monde ne s'en porterait que mieux.
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🔴Un article de @FR_Conversation, repris dans divers médias ensuite (@Slatefr par ex.), évoque la possibilité pour les personnes végé/véganes de trouver de la #B12 dans l'#injera, crêpe notamment consommée en Éthiopie.
Remise en contexte : la vit. #B12 ne peut se trouver en quantité adéquate que dans :
• Certains produits d'origine animale,
• Les produits alimentaires enrichis,
• Les compléments alimentaires (contenant vraiment de la #B12. La spiruline ça ne marche pas).
🥦Les personnes qui ont végétalisé leur alimentation DOIVENT donc se complémenter, d'une façon ou d'une autre, pour éviter une carence.
🔴On en avait déjà parlé en 2022 mais pour rappel : des pressions ont été exercées sur le GIEC pour que la #végétalisation de l'#alimentation, enjeu majeur de réduct° des émiss° de #GES, soit dissimulée sous la mention vague "alimentation durable".
Initialement, on pouvait lire "Les alimentations végétales peuvent réduire les émissions de GES jusqu'à 50 % par rapport au régime occidental moyen à forte intensité d'émissions", mention qui a ensuite disparu.
Notons que la réduction de la consommation de produits d'origine animale est néanmoins indiquée sans ambiguïté par le #GIEC comme un levier de réduction des émissions de GES, depuis longtemps.
📢Parmi les travailleur·se·s dont on parle trop peu, y compris à gauche : les personnes qui sont payées à mettre à mort et/ou à dépecer des individus sentients à la chaîne.
Portrait de Mauricio Garcia Pereira à lire dans @lepopulaire_fr + ressources. ⬇️
🗨️Extraits : "Vous savez, moi, j’ai toujours fait en sorte d’être sur les postes les plus éloignés de la mise à mort. Je ne pouvais pas supporter d'entendre les animaux pleurer."
🗨️"je ne compte plus les fois où on m’a dit de fermer ma gueule." Au fil du temps, il s’aperçoit que certaines vaches gestantes sont abattues et les fœtus de petits veaux jetés à la poubelle. Il s’insurge, mais la pratique, légale, continue."
Certaines personnes ici disent qu'on "hiérarchise les vies" quand on s'indigne de la mort du chat tué par le train #SNCF, parce que "ça fait un tollé médiatique alors qu'on ne parle pas assez de [insérez ici une situation vécue par une population humaine opprimée]."
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📌Tout d'abord, pour les personnes qui n'auraient pas le contexte, voici un article qui explique ce qui s'est passé : 20minutes.fr/paris/4019861-…
Je comprends la colère entraînée par la négation des intérêts de certains groupes humains, la discrimination, la frustration liée aux choix de médiatisation, la fragilité des droits obtenus, leur insuffisance, la lutte permanente pour se faire entendre, etc.
Si vous dites : "X génère telles nuisances" alors que ces nuisances sont induites par le comportement de Y qui exploite X et en tire profit (au détriment des intérêts de X) ; alors vous stigmatisez X (déjà victime), sans toucher Y (pourtant cause du problème).
Je parle ici (même si ça fonctionne avec bien des cas) des énoncés selon lesquels les "animaux de compagnie" seraient des "catastrophes écologiques", "responsables du réchauffement climatique", etc.
En 2013, quand j'ai commencé à examiner sérieusement le rapport qu'on entretient avec les autres #animaux, je me suis dit : "La tâche est vertigineuse mais ça bouge. De mon vivant, j'assisterai au moins à l'abolition de la #corrida en France."
J'en doute de + en +.
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J’en doute non seulement quand je vois l'état du débat politique, qui repose entièrement sur des arguments inconsistants et exécrables dont la plupart sont de basiques appels à la tradition,
mais aussi quand je vois qu'encore une fois sur cette question, les personnes qui défendent habituellement les intérêts des autres animaux sont presque seules au monde.