#cequejefaismal Le médicament donne le diagnostic. Voila une démarche que j'ai vue dans les services de psychiatrie axés comportementalisme. Si le patient répond à une classe de médicament, cela détermine sa pathologie. Je vais vous expliquer pourquoi je trouve ça humainement
très dangereux avec deux exemples. Une de mes patientes a fait ce qu'on appelle un virage maniaque sous anti-dépresseurs, c'est à dire qu'elle s'est mise à être agitée, désinhibée, speed. Ce qu'il faut faire dans ces cas là, c'est diminuer/arrêter l'antidépresseur et s'il
y a un besoin persistant de réguler l'humeur, plutôt passer sur un thymorégulateur. Mais pourquoi en tirer des conclusions ? Le psychiatre qui avait prescrit l'AD a dit à ma patiente que si elle faisait une réaction c'est que probablement elle était bipolaire. Il n'y avait aucun
élément clinique qui attestait cette hypothèse. Seule la manifestation iatrogène (déclenchée par le médicament) provoquait des symptômes évocateurs. Et pourtant le psychiatre a posé son diagnostic en fonction de la réaction au médicament sans même se demander ce que ce diagnostic
aurait comme conséquence sur la vie de cette patiente. Comment sa famille accueillerait cela ? Comment elle allait faire face ? Il faut bien se rappeler que nous vivons dans une société psychophobe et que poser un diagnostic n'est pas anodin car les gens ont à faire face à des
discriminations terribles en plus de subir la souffrance liée à leurs symptômes. Je me suis battue très fort pour que ma patiente ne s'identifie pas trop à ce diagnostic parce que je sentais que ce n'était pas bon pour elle et que c'était faux. Elle n'a jamais montré d'autres
symptômes évocateurs de bipolarité et elle à probablement échappé à pas mal de prescriptions non justifiées.
Dans mon 2e exemple, un patient qui était arrivé à l'hôpital pour une dépression avait eu une amélioration modérée sous neuroleptiques.
Il avait donc été étiqueté "psychotique". Je dis bien étiqueté car dans l'hôpital TCC où je travaillais les patient.e.s avaient une étiquette de couleur qui déterminait leur pathologie sur leur dossier. Et on va voir que cette étiquette leur collait tellement à la peau qu'elle
les empêchait parfois de recevoir les soins appropriés. Les dossiers étaient classés par couleur et l'hôpital de jour n'accueillait les patient.e.s que selon leur pathologie avec des jours donnés. Le lundi les TOC, le mardi les TCA et le vendredi les patient.e.s "psychotiques".
Il va sans dire que le vendredi était un jour très peu investi par l'hôpital et que peu de projets étaient mis en place sur ces jour-là parce que les patient.e.s psychotiques sont toujours celleux qui sont le plus laissé.e.s à l'abandon. Celleux pour qui ont a le plus recours aux
camisoles chimiques (ou reelles). Donc, tout un système vient se greffer sur ce raisonnement. Le médicament fait le diagnostic --> il faut ranger les gens par diagnostic et leur proposer une prise en charge selon cela, les patient.e.s se retrouvent prisonnier.e.s d'une espèce de
carcan qui teinte tout ce qu'iels rapportent. Le fait que la prise en charge soit adaptée à la pathologie est une bonne chose mais pas au prix d'une absence d'ouverture, d'une impossibilité de conversation avec des gens qui sont en souffrance mais qui souffrent différemment. Qd
j'ai reçu ce patient, il était dans le groupe des "psychotiques" depuis 4 ans. Abruti de médicaments qui s'étaient rajoutés au fur et mesure (à chaque plainte on lui donnait un médicament pour "psychotique" à cause de son étiquette), il n'avait plus de travail, plus de vie
sentimentale. J'ai discuté avec lui semaine après semaine en me disant que je ne comprenais pas ce diagnostic. J'ai revu son dossier, le bilan psy qu'il avait passé à l'entrée, etc. Je voyais une neuroatypie marquée mais pas de trait psychotique. J'ai demandé que son cas soit
discuté en équipe et que nous procédions à ce qu'on appelle une fenêtre thérapeutique (une hospitalisation pour réévaluer les traitements). On a enlevé les neuroleptiques, un par un, en ne laissant que celui qui avait fait effet contre la dépression.
En deux mois, le patient avait retrouvé un travail, se sentait mieux et quittait l'hôpital. Le point commun entre ces deux patients ? Ils étaient plutôt du côté de la neuroatypie... qu'on repère très mal. Dans un système psychophobe où "psychose" est un gros mot et où les
patient.e.s qui reçoivent ces diagnostics sont souvent infantilisés, peu écoutés, voire carrément maltraités c'est d'autant plus important de lutter contre cette espèce d'enfermement dans des cases. Bien sûr, le bon diagnostic, comme le bon traitement quand il est nécessaire,
est absolument fondamental mais je suis contre le fait de le subordonner à l'effet d'une classe de médicament. Je ne m'étends pas aujourd'hui sur la question de la psychose car je veux parler de l'erreur diagnostique et de son rapport à la psychophobie mais il existe sur twitter
des comptes militants qui en parleront toujours mieux que moi car les concerné.e.s ont une parole précieuse qui leur est trop souvent volée. Si vous voulez vous renseigner sur ces questions go follow @Blog_Schizo@lyingrain qui font un travail formidable.
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réponse AUX MALADES CHRONIQUES qui me reprochent depuis ce matin de parler des séquelles du covid parce que pour elleux c’est validiste (car le covid est déjà médiatisé) et qui me disent, en gros, que c’est bien fait pour ma gueule parce que ça me sensibilise à leur lutte ⬇️
1- D’abord, je suis profondément blessée. Depuis ce matin, je travaille avec des larmes dans la gorge. C’est la première fois que j’ai envie de me barrer de Twitter. Je trouve ça injuste et je vais essayer d’expliquer pourquoi :
2- A titre professionnel, j’accompagne des malades chroniques depuis des années. Des personnes ayant des maladies objectivables pour les médecins comme le lupus, le syndrome néphrotique, la SEP, etc. Des maladies mal reconnues comme la maladie de Lyme, la fybromyalgie ou
Le décret qui permet l’accès à la qualification de « maladie professionnelle » pour le covid est paru. C’est une honte, nos dirigeants, loin de respecter leur engagement, continuent de cracher à la gueule des gens : 1- il faut avoir une sérologie ou une PCR positive alors qu’on
sait que les malades de Mars-Avril n’ont pas eu accès à la PCR et parfois à la sérologie seulement 4 mois après leur contamination (une étude démontrait que les anticorps pouvaient se négativer dans cet intervalle) et que bcp de malades ont des sérologies négatives (même ayant
Eu des PCR positives) et il existe plusieurs hypothèses sérieuses qui étudient le pourquoi. 2- Il faut avoir reçu de l’oxygénothérapie. Je rappelle qu’en mars pour être hospitalisé il fallait sérieusement desaturer. Les limites de SAO2 déclenchant l’hospitalisation étaient
Ceux qui se découvrent grands féministes quand il s’agit de libérer les femmes de l’Islam, vous êtes juste islamophobes. J’ai lu le Coran et j’ai aussi lu la Bible. L’avez-vous lue aussi ? Si on reste collé au texte, je vous rappelle que la Bible est très misogyne et
propose tranquillement de tuer les enfants des ennemis. Dans ces cas là vous trouvez des interprétations très symboliques ! Arrêtez d’infantiliser les femmes, laissez les choisir leur foi, leur tenue, leur profession même si vous pensez que ce n’est pas un bon choix. Et suivez
des comptes de femmes musulmanes, qu’elles soient voilées ou pas. Écoutez les penser, parler, prendre position. Écoutez ce qu’ELLES ont à dire ou lieu de baser vos réflexions sur des fantasmes. Vous reproduisez encore et encore la même logique : penser savoir à la place des
Bilan de la journée :
- une patiente m’a amené un magazine de finance capitaliste pour faire remonter ma tension car ça va m’énerver (ses mots 😂)
- une patiente autiste était très dérangée par les draps que je mets sur mes fauteuils (et que je change entre chaque patient), on
est allées ensemble dans ma réserve pour qu’elle choisisse le sien et sa couleur et j’ai promis qu’elle aurait toujours le même et ça l’a rassurée ❤️
- une patiente autiste prof a eu une rentrée tellement difficile qu’elle est arrivée en s’étant mordu les doigts jusqu’au sang, je
l’ai désinfectée et lui ai mis un pansement et ça a permis une super séance sur ce qu’elle ressent qd on ignore ses besoins vs qd on prend soin d’elle 🤗
- mon patient aux idées suicidaires dont je vous ai parlé est toujours en vie, il était content du lien qu’on a gardé pendant
Je vous fais une réponse collective sur les symptômes neuro post-covid car je ne peux pas rester sur l’écran.
- Je suis à J159. J’ai commencé à avoir des maux de tête genre névralgie du trijumeau constants à J90 puis ça c’est compliqué de photosensibilité, vertiges, intolérance
aux écrans, confusion, baisse de la vigilance, problème de coordination, sensation d’ébriété constante, nuque très rigide avec sensation de vibration tremblement dans la tête et la nuque qui flambait dès que j’essayais de me concentrer. + tension très basse
- j’ai passé une
Première IRM mal lue et les médecins par la suite n’ont regardé que le compte-rendu et pas directement l’IRM
- j’ai appris pour l’inflammation à J154 qd j’ai
Je sais qu'il y a pas mal de jeunes/futur.e.s psy qui me suivent ici alors voilà ce que j'ai mis en place pour le patient dont je vous parlais il y a peu :
- toujours pas de nouvelle du généraliste malgré 7 appels et un autre message laissé à la secrétaire
- appel à un collègue
de la ville qui a un pied en libéral et un à l'hôpital pour qu'il connaisse la situation et puisse prendre le relais si besoin pendant mes vacances
- appel à la cellule psy des urgences - transmission de la situation + de mes coordonnées
- proposition d'un rendez-vous
supplémentaire par semaine au patient (à demi tarif car il n'aurait pas pu se le permettre financièrement sur son budget) le temps où il en aura besoin
- Remise d'un courrier au patient en prévision de mon départ en vacances pour qu'il puisse se présenter à l'hôpital où chez mon