Commencer sa journée à la lecture du ministre de l’éducation français qui étale son inculture crasse dans les médias et reprend – encore !- les éléments de langage de l’extrême-droite. Ah, il accuse aussi un
certain nombre d'universitaires d'être complices de terrorisme. J'imagine que plus c'est gros, plus ça passe.
Rappel : l’approche intersectionnelle est issue des féministes noires étatsuniennes qui voulaient rendre compte du fait qu’elles ne sont pas que noire *ou femmes, mais noires EIT femmes & que ces deux rapports sociaux (genre & race) agissaient de manière simultanée et imbriquée.
Elle a été formalisée par Kimberley Crenshaw en 1991, et depuis, de nombreuses personnes travaillent avec cette approche, cherchant à l’appliquer à leurs travaux pour saisir les multiples articulations entre différents rapports de pouvoir (genre, classe, race/ethnicité pour les +
courants, mais également âge, handicap, orientation sexuelle, etc.). Pour comprendre la complexité du social. Cette approche ne considère absolument pas que ces attributs sociaux sont ‘naturels’, c’est-à-dire qu’elle ne les essentialise pas (à bon entendeur @jmblanquer). Au
contraire, elle cherche à comprendre pourquoi certains groupes de personnes vivent certaines situations (je simplifie). Par exemple, dans le monde du travail : pourquoi, y a-t-il une surreprésentation de femmes-jeunes-migrants.es-personnes racisées dans l’hôtellerie-restauration
(c’est une constante) ? Pourquoi, cependant, ils et elles n’occupent pas les mêmes postes : il y a plutôt des femmes, blanches, à l’avant, et des hommes en cuisine (blancs pour les chefs, racisés pour les commis-plongeur) ? Dans quelle mesure et de quelle manière cette
répartition varie selon l’emplacement géographique de l’établissement, la clientèle qu’il vise, ses horaires, etc. ? Par quels processus, pratiques, représentations, se met-elle en place et est-elle reproduite ?
Bref. Elle ne produit pas les inégalités (?!) mais cherche au
contraire à les décrire et à comprendre les processus qui les produisent. Si c’est pas républicain (quoi que ce mot vidé de son sens signifie), je ne sais pas ce qui l’est.
En lecture utiles (non exhaustif et je prends les références 🙂) :
- Théorisations féministes de l’intersectionnalité, Sirma Bilge
- De l’analogie à l’articulation : théoriser la différenciation sociale et l’inégalité complexe, Sirma Bilge
- Le blanchiment de
l'intersectionnalité, Sirma Bilge
-Sexe, race, classe : pour une épistémologie de la domination, Elsa Dorlin
-Articuler genre, classe et race : approches empiriques, Margaret Maruani, Amélie Le Renard
-From Servitude to Service Work: Historical Continuities in the Racial Division
of Paid Reproductive Labor, Evelyn Nakano Glenn, 1992
- Intersections: The Simultaneity of Race, Gender and Class in Organization Studies, Evangelina Holvino
Résultat du féminationalisme français : "ce qui fait aujourd'hui obstacle à l'ascension de ces femmes sur l'échiquier socioprofessionnel, ce n'est pas tant l'islam ou le voile que le refus de leur faire une place dans la société."
Ca me fait penser à l’article d’Emmanuelle Santelli dans « Partir à Londres… pour favoriser l’insertion professionnelle en France » (2013) sur les jeunes français d’origine Maghrébine qui font un séjour à Londres dans l’espoir que cette expérience ⤵️
de mobilité internationale leur donne des capitaux (mobilité, langue, flexibilité) valorisable sur le marché du travail français. Dans les entretiens, les jeunes interrogés parlent du sentiment de ne pas vivre de discriminations à Londres : ils sont – enfin – considérés comme
Rester en contact avec sa famille, ses amis, suivre l'actualité de son pays, etc. ce serait séparatiste.
Je me demande ce que c'est du coup, d'étaler à ce point son ignorance.
Le monde n’est pas⤵️
blanc ou noir, en passant une frontière, on n’efface pas d’un coup de baguette magique ses relations, ses souvenirs (et qui le souhaiterait ?). On en ajoute, tout simplement.
L’insertion dans une société dépend de multiples facteurs, et beaucoup sont à la
charge du pays d’accueil. Par exemple, ici, au Québec, l’accès aux cours de français est n’est pas toujours simple. Il faut avoir le bon visa, des horaires de travail adapté, rarement le cas pour les nombreux migrants temporaires travaillant dans l’hôtellerie-restauration aux