J’enseigne la notion d’intersectionnalité et la théorie des savoirs situés.
Je suis bienveillante (j’essaie) envers toutes les étudiantes, qu’elles portent un voile ou un crucifix.
Mes collègues pourront-ils bientôt me dénoncer pour atteinte aux valeurs de la République ?
Nous essayons toutes et tous de donner à nos etudiant-e-s les moyens d’une relation libre aux savoirs et à la culture. Nous ne sommes pas d’accord sur la meilleure manière de le faire, les concepts les plus pertinents, les outils de l’analyse. Ça s’appelle le pluralisme.
Il y aurait matière à un débat passionnant et utile à nos recherches comme à notre enseignement. Voir que des collègues nombreux préfèrent en appeler à la limitation des libertés académiques, au contrôle de l’enseignement et de la recherche par le politique, me désespère.
Constater qu’ils choisissent de se se ranger derrière un ministre méprisant, discrédité et autoritaire, de lui donner un peu de leur propre légitimité, pour attaquer leurs propres collègues m’interroge vivement.
Voir enfin qu’ils font de l’attentat islamiste terrible qui a frappé un de nos collègues un prétexte pour attaquer d’autres collègues, pour nous accuser de complicité avec cette horreur, me révolte.
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Petit fil sur l’actualité britannique, très instructive sur l’avenir de notre système éducatif.
Le système britannique repose sur un bac à la carte, assez proche de ce que Blanquer veut imposer. Dans un système très inégalitaire, où l’enseignement public est déjà souvent la solution de ceux qui ne peuvent pas faire autrement, tous les bacs ne se valent pas.
Les universités sont elles aussi très inégalitaires. Oxford et Cambridge ont même un statut à part: les bacheliers ne peuvent se porter candidats qu’à l’une des deux.
#11mai J’en vois qui préparent tranquillement une reprise scolaire au rabais pour les plus pauvres, en attendant que les conditions soient réunies pour que les autres acceptent de mettre leurs enfants à l’école.
Pourquoi c’est une mauvaise idée, et ce qu’il faudrait faire. ⬇️
C’est une mauvaise idée parce que c’est tous ensemble qu’on apprend et qu’on construit une culture commune.
Pour justifier la reprise, on nous parle de lutte contre les inégalités. Mais on ne lutte pas contre les inégalités en séparant les enfants en difficulté des autres!
Ce qui se dessine revient plutôt à contaminer en priorité les familles les plus populaires (ceux qui reprendront le travail et n’auront pas d’autre choix que d’envoyer leur môme à l’école).