Ces derniers jours, de nombreux posts ont mis en parallèle Trump avec des dictateurs tels Ceaucescu ou Ahmadinejad (par exemple comparatif avec les élections en Iran de 2009). Ces comparaisons sont dommageables, banalisant la force des luttes civiles contre les dictatures
Si les USA sont éminemment critiquables dans leur fonctionnement démocratique, ils restent encore bien éloignés de régimes qu’on rencontre ailleurs. L’État de droit et les contre-pouvoirs fonctionnent toujours (comme on l’a vu hier avec les réactions des médias contre Trump)
Il reste que ces derniers jours mais aussi années doivent nous mettre en garde sur la suite. Si nos systèmes démocratiques, grâce notamment à ces contre-pouvoirs, parviennent encore à être résilient face aux chocs des extrémistes, le travail de sape a été entamé
La transformation du système politique est en cours, via notamment la mise en place de nouveaux obligés dans les couches intermédiaires (justice,médias,..) On a vu en Turquie et ailleurs ce que ces liens amènent. Le populisme n’est pas qu’un mode de pensée, il est aussi concret.
On aurait tort de croire que la suite verra un «rebond»,une «prise de conscience» collective salutaire où les structures endommagées vont se reconstruire.Le monde politique n’a pas un «fond». On peut toujours descendre plus bas. Et les signes actuels n’aident pas à être optimiste
La force du Trumpisme (et de ce qui lui succédera) est notamment son syncrétisme entre différents courants. Divers éléments montrent la variété de choix qui réunissent les personnes ayant apporté leur suffrage à Trump.
L'approche en bloc échoue en partie à saisir cette particularité. On le voit avec un score en augmentation auprès de certaines minorités. Il faut sortir de catégorisations parfois trop rigides et penser «espace» et «temps»
Il aussi comprendre que malgré tous les efforts entrepris au cours des dernières années, les stratégies de lutte contre les mouvements populistes n’ont pas donné les résultats souhaités. On a beau démonter les discours par les faits, ça ne se déscotche pas
Ce n’est pas pour autant qu’il faut abandonner cette stratégie mais il est nécessaire de la compléter par autre chose
Si une partie des électeurs de Trump sont des extrémistes, d’autres peuvent reconnaître son caractère dangereux tout en considérant qu’il est le moins mauvais choix. Il y a une sociologie politique à mener pour comprendre des choix parfois rationnels nytimes.com/2018/04/04/us/…
Dans notre approche politique, peut-être oublions nous trop rapidement que c’est le sens et non pas la rationalité qui font bouger les communautés humaines. Nous pouvons continuer à insister sur l’importance du rationnel, sans nouveau sens à proposer nous échouerons
Entre Schmidt et Hayek, le populisme est parvenu à réunir différents sens oeuvrant désormais comme des prophéties auto-réalisatrices. C’est d’autant plus puissant que ces simplismes exaltent les émotions.
En face, nous sommes en train d’être dépassés, enfermés dans l’idée de « ils n’oseront quand même pas faire ça ». Alors que si justement.
Si nous voulons parvenir à découpler le noyau extrémiste dur,irrécupérable,des déçus et abandonnés,si nous voulons déjouer les projets des extrémistes violents et désamorcer les menaces,il va nous falloir réinventer la manière dont nous pensons la politique & la rendons effective
Il ne s’agit pas seulement de repenser les intentions mais aussi les actions et faire corps face au rouleau-compresseur en route. Entre les différents courants progressistes, aux différents niveaux et en arrêtant de légitimer les grilles de lectures des extrêmes
Je m'éloigne de mon sujet d'analyse habituel. Ma réflexion est évidemment perfectible. Mais il est important que nous comprenions, à mon sens, la configuration particulière de ce que nous avons en face de nous. Fin du thread
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
