[À dérouler] Ce lien particulier conduisit Paul Dupuy à faire don à Maurice #Genevoix d’une #bague que l’écrivain porta jusqu’à mort. Je vous propose de suivre ce soir dans un #thread la trajectoire de ce bijou qui croise et recroise un siècle de notre histoire récente 👇
2. Tant qu’elle fut portée par Dupuy, cette bague n’a pas marqué les esprits. Lorsqu’il meurt en 1948, ses proches et ses anciens élèves se rappellent plus volontiers sa pèlerine…
3. … ses chaussettes blanches (comme celles des jeunes normaliens de l’époque), son trousseau de clefs, son chapeau mou et, plus que tout, ses traits maigres et acérés.
4. En 1948, il y avait plus de 30 ans que Dupuy avait fait don à Maurice Genevoix de sa chevalière, preuve qu’à l’issue de la Grande Guerre, leur relation relevait plus de la filiation élective que du lien entre maître et élève.
5. En août 1914, Genevoix n’est encore pour Dupuy qu’un élève parmi les autres. Comme à tous les normaliens mobilisés, le surveillant général lui fait promettre de donner des nouvelles depuis la portion du front où il sera envoyé.
6. De plus en plus étoffée, cette correspondance s’interrompt quelque temps suite à la blessure de Genevoix en avril 1915 mais elle reprendra ensuite pour tout le reste de la vie de Dupuy.
7. Dans une @ENS_ULM transformée en hôpital, alors qu’il continue de correspondre avec tous les jeunes normaliens encore au front, Paul Dupuy visite Genevoix convalescent et se préoccupe de son avenir littéraire.
8. Il obtient pour lui un contrat chez Hachette et lui conseille de mettre au propre ses souvenirs de guerre. Dans le même temps, il aide également la mère de @Marcel_Eteve à publier de manière posthume les lettres de son fils.
9. De même que l’origine de sa bague, la date exacte à laquelle Dupuy en fait don à Genevoix reste mystérieuse. On peut imaginer que celui-ci la porte déjà quand il décide de quitter la rue d’Ulm en 1919 sans passer son agrégation.
10. Jusqu’en 1980, l’écrivain arbore au majeur droit cette bague à camée rouge, au point que cette habitude est mentionnée dans la nécrologie que lui consacre Le Monde.
11. Bertrand Poirot-Delpech y écrit en effet poétiquement “Sa main abîmée par la guerre agitait une camée couleur de cotignac, ces friandises confites de son cher Orléans.” (note de la twittos : la main droite de Genevoix était en réalité moins abîmée que la gauche)
12. Les pérégrinations de la bague auraient pu s’arrêter là mais cette relique de Genevoix n’a pas été ensevelie avec lui. Elle a été soigneusement conservée par ses descendants.
13. Après avoir épousé Sylvie Genevoix, l’économiste Bernard Maris commence à militer activement pour faire connaître de nouveau Genevoix. Il se met à porter lui-même la camée de ce beau-père jamais rencontré.
14. Après son assassinat le 7 janvier 2015, nombreux sont les articles à mentionner le bijou, symbole concret de l’engagement de Maris pour la panthéonisation de Genevoix. lemonde.fr/societe/articl…
15. Consacrant un article émouvant à Michel Bernard, spécialiste de Genevoix et ami de Maris, @ArianeChemin mentionne ainsi « la chevalière offerte au jeune normalien par son école à l'issue de la guerre » (ndltwittos : en fait par le surveillant général de la dite école)
16. Pas plus que Genevoix, Maris n’est enterré avec le bijou. La garde en revient à Julien Larere-Genevoix qui poursuit seul depuis 2015 l’entreprise mémorielle de sa mère et de son beau-père…
17. … jusqu’à apprendre le 6 novembre 2018 de la bouche d’Emmanuel Macron que son grand-père entrerait bientôt au Panthéon. Heureuse nouvelle pour le petit-fils qui était venu aux Éparges avec la bague de son aïeul. centenaire.org/fr/en-france/l…
18. Il est probable qu’il emporte de nouveau cette bague quand entreront demain les cendres de Genevoix au Panthéon, si près de la rue d’Ulm où l'académicien étudia et vécut.
19. Sera-ce la dernière étape d’une itinérance qui conduisit ce modeste bijou de Paris aux Vernelles puis de l’Indre jusqu’à la Coupole ? Réponse demain !
Verdict : pas de mention de la bague ce soir mais @EmmanuelMacron a cité Paul Dupuy dans son discours et les deux amis sont apparus côte à côte sur la façade du Panthéon
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L'an dernier, je m'étais intéressée à trente ans de commémoration de la chute du mur de Berlin par les institutions européennes. Cette année, #Elections2020 obligent, revenons sur les "commémorations" mises en place par @realDonaldTrump autour du même événement 👇
Parmi les prérogatives du président des États-Unis se trouve le droit de déclarer des "federal observances". En 2005, G. W. Bush est le premier à déclarer que le 9 novembre sera le #WorldFreedomDay et honorera tous ceux qui combattent la tyrannie : georgewbush-whitehouse.archives.gov/news/releases/…
De telles "federal observances" sont à renouveler chaque année par la publication d'un nouveau message présidentiel. Ainsi, en 2016, B. Obama propose un message visant à l'universalisme, sans condamnation explicite du "communisme" en tant qu'idéologie : web.archive.org/web/2016111514…
En hommage à Florian Schneider-Esleben (et en souvenir de la mythique rubrique « GEG-flix » de @GEG_lgc), un fil sur les rapports entre #Kraftwerk et l’idée d’Europe 👇
1. À l’annonce de la disparition de Schneider hier, les nécrologies ont mis en avant deux points fondamentaux : #Kraftwerk a inventé l’électro et a permis l’essor d’une pop européenne non dérivée d’un modèle américain.
2. C’est déjà ce que disait B. Sumner dans cette tribune anti-Brexit : #Kraftwerk a permis l’émergence de genres musicaux continentaux (post-punk, eurodance) et a créé le « paysage sonore européen » dans lequel nous baignons toujours theneweuropean.co.uk/culture/new-or…