1/La dernière interview de Macron a été un beau moment d’usage décomplexé des mots du néolibéralisme autoritaire. Cette « novlangue » qui accompagne et justifie les formes de gouvernement qui nous oppresse au travail et en politique comporte plusieurs procédés récurrents :
2/La langue de bois, cet usage des mots qui consiste à empiler des termes vides pour donner l’impression que l’on dit quelque chose, que l’on s’engage face à un public. On connait tous ce procédé, sans doute le plus inoffensif : il ne fait perdre que du temps.
3/L’euphémisme est un classique du néolibéralisme autoritaire : il s’agit de masquer la violence du capitalisme en délayant la gravité des faits : « bavures policières », « éloigner » les réfugiés, « réorganiser » une entreprise en licenciant, « les exclus » au lieu des pauvres.
4/La déresponsabilisation : l’usage de mots qui effacent ceux qui sont la cause d’un problème en les noyant dans un tout vague. "La finance" ou "les marchés" au lieu des "actionnaires". "La mondialisation" pour ne pas parler des accords de libre-échange qui l’ont rendu possible.
5/Donner une connotation positive à des actes négatifs (pour nous) : "réforme" pour réduire de droits sociaux, "collaborateur" pour nier le lien de subordination et exploiter plus, "prendre ses responsabilités" pour rester droit dans ses bottes et n’admettre aucune erreur.
6/Donner une connotation négative à des choses positives (pas pour eux) : "charges sociales" pour parler des cotisations sociales, "acquis sociaux" pour nos conquêtes sociales, "avantages sociaux" dans une entreprise pour un partage minime des richesses et un octroi de droits
7/Simuler le débat et l’ouverture : "dialogue social" évidement, même quand les conditions d’un vrai dialogue ne sont pas réunies, mais aussi "concerter" avant de prendre une décision, ce qui n’implique tellement rien que les ministres disent désormais "concerter largement".
8/Techniciser : "expliquer", "faire de la pédagogie", "prendre les décisions nécessaires" font passer des choix en faveur des riches pour des réglages techniques. On parle de "pilotage" budgétaire et de "feuille de route" pour un ministre, comme s’il faisait atterrir un Boeing.
9/Enfin, criminaliser et décrédibiliser les opposants est indispensable : les termes outranciers de préfecture s’imposent sans difficulté "ultra-gauche", "ultra-jaunes" mais aussi ceux de l’extrême-droite : "islamo-gauchiste" par exemple.
10/Une analyse à retrouver en détail dans "la guerre des mots", livre coécrit avec @SelimDe, à retrouver en librairie 
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