#SocioNoel Jour 9

Distinction, omnivorité et dissonance : l'exemple du cinéma "bis"

Renaud Chartoire educ-revues.fr/ID/AffichageDo…
La consommation des nanars, en tant que pratique culturelle, pose de nombreuses questions à la sociologie. Renaud Chartoire nous le montre très bien.
A travers ces films tellement mauvais qu'ils en deviennent bon, on peut dresser des hypothèses et résumer ainsi les théories que la sociologie de la culture a dressé pour comprendre tout cela. Image
Revenons à la distinction de Pierre Bourdieu : selon ce schéma, le goût dominant est le goût des dominants, pour résumer rapidement.

Or ces nanars ne semblent pas consommés par les classes populaires... Image
Renaud Chartoire a en effet fait une enquête auprès de 49 personnes rencontrées via la Nuit Excentrique (où de tels films sont projetés) de la Cinémathèque et le célèbre site Nanarland.
On s'aperçoit alors que ses enquêté·e·s sont très fortement issus des CPIS ou PI Image
Ils sont aussi souvent très diplômé·e·s Image
Le modèle de la distinction peut néanmoins être sauvé par le fait que ces personnes en ascension sociale parviennent à se distinguer au sein de leur classe, en produisant un discours "cinéphile" sur des objets de leur jeunesse, notamment. Image
Mais cette hypothèse est très peu corroborée par les discours. Il faut alors trouver d'autres explications.
On peut en citer deux :
- l'omnivorité (à la Peterson)
- la dissonance culturelle (Lahire)
Dans le modèle de l'omnivorité, la distinction entre les dominants et les classes populaires est moins liée à la légitimité des pratiques qu'à leur multiplicité.
Les dominants ont plus de pratiques et de différentes natures que les autres.
Cela se confirme chez les nanardeurs. Image
Le nanar est donc investi par les classes supérieures car elles investissent de nombreux genres (et celui-ci s'apprécie d'autant plus qu'on ne consomme pas que ce type de films)
Concernant la dissonance culturelle, les individus, même s'ils ont des consommations culturelles variées, reproduisent à leur niveau les échelles de légitimité. C'est le cas pour le nanar, le consommant pour le rire et la moquerie (même s'il y a une forme de tendresse) Image
Bref, l'enquête reste encore à compléter pour démêler tout cela !

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