Merci pour cet engouement pour l’épisode 1⃣. Aujourd’hui on va arriver à la définition des émotions, après un très rapide détour historique.
Il y a beaucoup de définitions, et le tri n’est pas facile.
L’Histoire veut que le fait d’admettre la capacité d’émotion à des animaux non humains est récente.
Descartes au XVIIème siècle, considère que les animaux sont des machines fonctionnant à l’instinct. La vision du monde est alors anthropocentriste,
beaucoup de facultés sont considérées comme le propre de l’Homme, l’animal ne faisant que subir son environnement.
(dessin de Nono)
Mais Darwin au XIXème siècle, va lui considérer les humains comme très proches des singes, et va donc permettre de sortir de l’anthropocentrisme. Il fera notamment le rapprochement entre l’expression des émotions des humains et celle des animaux (on en reparlera).
(bien sûr c'est un raccourci...)
Alors comment définir une émotion ?
Dans les années 1960, Schachter and Singer définissent l’émotion comme un état d’activation physiologique et de cognition approprié à cette activation.
Bon, on pourrait faire plus clair…
Robert Dantzer (1989) estime que l’émotion inclut une composante motrice (le comportement), une composante viscérale (la physiologie) et une composante cognitive (le cerveau). L’émotion est le résultat d’une activité nerveuse du cerveau.
Vous voyez le lien avec les réactions de peur ?
un ballon me tombe devant les yeux, je le perçois, mon cerveau détermine qu’il s’agit d’un danger, je sursaute/recule et mon rythme cardiaque s’accélère.
Si c'est une araignée, je vais crier en plus 😅.
La définition que j’utilise, vous allez voir que vous la connaissez déjà. Elle provient de Dantzer, mais dite autrement. «une réaction affective INTENSE et BREVE à un EVENEMENT, associant des réponses PHYSIOLOGIQUES et COMPORTEMENTALES CONCOMMITTANTES.»
Chaque mot est important.
L’anxiété n’est pas une émotion, c’est un affect négatif, mais de longue durée, et qui n’est pas lié à un évènement précis.
L’émotion permet à l’animal
- d’orienter ses comportements
vers un stimulus, la source qui provoque l’émotion (par exemple un gentil éleveur ),
-ou de l’éloigner de ce stimulus.
On voit bien l’intérêt pour tout le règne animal.
On distingue les émotions basiques, des plus complexes. On va s’arrêter aux basiques : la colère, le dégoût, la peur, la tristesse, la surprise et la joie.
Là on voit le déséquilibre entre les émotions négatives, et les positives (la joie).
Donc cette histoire me dérange un peu, parce qu’au final, il est plus simple de montrer l’existence d’une émotion négative, que d’une positive ; donc j’ai le sentiment qu’on n’est pas tout-à-fait juste, 🤔
on en reparle dans 20 ans…
Pour l’épisode 3⃣, je vous expliquerai comment on décrit une émotion, quels sont les cadres conceptuels (oups, le gros mot) qui nous guident.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
qui annonce en résumé, que "pigs can learn to perceive humans positively through observational social learning"
➡️ résultat hyper intéressant pour moi qui ai travaillé sur ça, sans pouvoir publier car j'ai observé peu de 🐷
Donc ils comparent: 1/ des 🐷élevés par un éleveur
2/des 🐷élevés par un éleveur, et qui, en plus, voient chaque jour un humain caresser, gratter, nourrir un autre cochon du même groupe derrière un plexiglas. L'observateur ne peut pas entrer en contact avec l'humain, mais le voit
Les cochons (2) qui ont vu l'humain, et vu leur copain avoir des interactions positives avec l'humain, vont montrer plus de signes d'intérêt pour cet humain que les cochons élevés normalement (1).
Les 🐷2 s'approchent + vite, restent +longtemps en contact avec l'humain que les 1.
Evidence of Pain, Stress, and Fear of Humans During Tail Docking and the Next Four Weeks in Piglets doi.org/10.3389/fvets.…
Douleur, stress et peur de l'homme liées à la caudectomie jusqu'au sevrage
[thread]
Nous avons comparé des porcelets en lactation soit:
-laissés intacts (INT) 50♀️
-auxquels on a coupé la queue (COUP) 48♀️ (on laisse 3cm)
-qu'on a manipulé sans couper la queue (MANIP) 47 dont 27 ♂️ (car manque de ♀️)
Tous les traitements intra-portées
En élevage conventionnel.
COUP versus INT: on mesure l'effet de la procédure de caudectomie dans son ensemble.
MANIP versus COUP : on mesure l'effet seul de la coupe, hors stress de contention.
MANIP versus INT : on mesure l'effet de la contention (sortir de la portée, tenir, reposer).
Cochon, porc, goret, il n’y a pas qu’une façon de parler du cochon. Mais d’où viennent tous ces mots ?
explications ⬇️
Cochon : l’origine n’est pas claire. C’est le masculin de coche. Il signifiait en ancien français «le jeune porc», mais a fini par signifier «porc». On pense qu’il viendrait d'une onomatopée qui imitait les grognements du cochon ou d'une autre \koʃ-koʃ utilisée pour les appeler.
Dans l’épisode 2⃣, j’essayais de vous expliquer que l’évolution de notre perception des animaux (des machines, …) avait influencé notre propension à leur accorder des émotions.
Aujourd’hui, on s’accorde à dire que les animaux ont des émotions négatives, mais les émotions positives sont moins connues (même si elles existent, comme tous les éleveurs et propriétaires d’animaux le savent).
De plus en plus de scientifiques travaillent sur ce sujet, comme je le fais dans le cadre de la relation des animaux domestiques aux humains.
Ce que l’on retient, de nos jours, c’est qu’une émotion, c’est simplement ceci ⬇️
"Les animaux sont doués d'émotions".
OMG, c'est grave? 😱
Pendant quelques jours, je vais tenter de vous expliquer les émotions. Ce qu'elles sont, comment elles s'expriment, ce que cela implique pour le bien-être animal.
La peur, c'est quoi?
La peur fait partie des émotions dites "de base". Il s'agit d'une émotion négative intense (cf épisode 2).
La peur permet de fuir un danger, l'éviter ou l'affronter. C'est une émotion indispensable à la survie, la proie doit avoir peur du prédateur.
La peur est le fruit de l'interprétation d'un évènement comme négatif par le cerveau.
Elle se manifeste par des comportements (fuite, sursaut, cri, attaque, vigilance...) et une réaction interne physiologique (décharge hormonale de cortisol, tachycardie, respiration rapide...).