Dans l’épisode 2⃣, j’essayais de vous expliquer que l’évolution de notre perception des animaux (des machines, …) avait influencé notre propension à leur accorder des émotions.
Aujourd’hui, on s’accorde à dire que les animaux ont des émotions négatives, mais les émotions positives sont moins connues (même si elles existent, comme tous les éleveurs et propriétaires d’animaux le savent).
De plus en plus de scientifiques travaillent sur ce sujet, comme je le fais dans le cadre de la relation des animaux domestiques aux humains.
Ce que l’on retient, de nos jours, c’est qu’une émotion, c’est simplement ceci ⬇️
Les émotions négatives se voient et s’entendent + que les positives, car il y a un avantage adaptatif à signaler le danger aux autres.
L’animal qui mange un truc pas bon et est dégoûté l’exprime fortement pour ne pas que les autres goûtent. Oui parce que les autres comprennent!
L’émotion dépend de l’évaluation de la situation / l'évènement par l’animal, de la façon dont l’évènement déclencheur est interprété par le cerveau.
L’évaluation de l’évènement se fait selon plusieurs critères, que l’on décline de théories de psychologie humaine :
1.Est-il nouveau ou déjà familier pour l’animal?
2.Est-il soudain ? (l’éleveur qui ouvre la porte de la salle)
3.Est-il prévisible par l’animal ? par exemple parce qu’un autre évènement arrive avant lui (le bruit de la chaine d’aliment avant la distribution).
4.Est-il intrinsèquement positif ? de l’aliment, un autre animal pour les espèces sociales, l’odeur d’une femelle en chaleur sont positifs ; c’est lié à la biologie de l’espèce.
5.Correspond-il à ce à quoi l’animal s’attend ? ou bien est-ce un évènement inhabituel, inattendu.
6.L’animal a-t-il le contrôle de la situation ? est-ce que, par son comportement, l’animal peut agir ou pas sur l’évènement. Par exemple la vache agit sur le moment de sa traite dans les élevages équipés de robots, le cochon agit sur le moment où il mange au DAC.
Selon ces critères, on peut nommer l’émotion. Cf tableau
On voit qu'on est loin de réactions automatiques, et tout cela en quelques millisecondes...
Donc si l’on veut savoir si un animal peut exprimer de la peur, on lui présente un évènement soudain, inconnu, non prévisible, déplaisant, inattendu. Si son comportement et sa physiologie sont modifiés en même temps face à cet évènement, on peut supposer qu’il est capable de peur
Au-delà des facteurs d’évaluation des situations, on peut décrire une émotion selon deux aspects :
-Sa valence. C’est le fait qu’elle soit négative ou positive.
-Son intensité. C’est le fait qu’elle soit faible ou forte.
Cela donne ce graphe, avec quelques exemples :
La valence et l’intensité d’une situation modifient le comportement et l’état interne des animaux. Donc c’est par une combinaison d’éléments que l’on sait le type d’émotion qui est vécue.
Reste à savoir quels éléments mesurer/observer.
Ouf, beaucoup d'info dans cet épisode.🤔😕
Maintenant que l’on sait ce qu’est une émotion, comment elle est suscitée, on verra dans l'épisode 4⃣ quelques exemples de la façon dont les émotions s’expriment. Et ça aussi, vous savez déjà …
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qui annonce en résumé, que "pigs can learn to perceive humans positively through observational social learning"
➡️ résultat hyper intéressant pour moi qui ai travaillé sur ça, sans pouvoir publier car j'ai observé peu de 🐷
Donc ils comparent: 1/ des 🐷élevés par un éleveur
2/des 🐷élevés par un éleveur, et qui, en plus, voient chaque jour un humain caresser, gratter, nourrir un autre cochon du même groupe derrière un plexiglas. L'observateur ne peut pas entrer en contact avec l'humain, mais le voit
Les cochons (2) qui ont vu l'humain, et vu leur copain avoir des interactions positives avec l'humain, vont montrer plus de signes d'intérêt pour cet humain que les cochons élevés normalement (1).
Les 🐷2 s'approchent + vite, restent +longtemps en contact avec l'humain que les 1.
Evidence of Pain, Stress, and Fear of Humans During Tail Docking and the Next Four Weeks in Piglets doi.org/10.3389/fvets.…
Douleur, stress et peur de l'homme liées à la caudectomie jusqu'au sevrage
[thread]
Nous avons comparé des porcelets en lactation soit:
-laissés intacts (INT) 50♀️
-auxquels on a coupé la queue (COUP) 48♀️ (on laisse 3cm)
-qu'on a manipulé sans couper la queue (MANIP) 47 dont 27 ♂️ (car manque de ♀️)
Tous les traitements intra-portées
En élevage conventionnel.
COUP versus INT: on mesure l'effet de la procédure de caudectomie dans son ensemble.
MANIP versus COUP : on mesure l'effet seul de la coupe, hors stress de contention.
MANIP versus INT : on mesure l'effet de la contention (sortir de la portée, tenir, reposer).
Cochon, porc, goret, il n’y a pas qu’une façon de parler du cochon. Mais d’où viennent tous ces mots ?
explications ⬇️
Cochon : l’origine n’est pas claire. C’est le masculin de coche. Il signifiait en ancien français «le jeune porc», mais a fini par signifier «porc». On pense qu’il viendrait d'une onomatopée qui imitait les grognements du cochon ou d'une autre \koʃ-koʃ utilisée pour les appeler.
Merci pour cet engouement pour l’épisode 1⃣. Aujourd’hui on va arriver à la définition des émotions, après un très rapide détour historique.
Il y a beaucoup de définitions, et le tri n’est pas facile.
L’Histoire veut que le fait d’admettre la capacité d’émotion à des animaux non humains est récente.
Descartes au XVIIème siècle, considère que les animaux sont des machines fonctionnant à l’instinct. La vision du monde est alors anthropocentriste,
beaucoup de facultés sont considérées comme le propre de l’Homme, l’animal ne faisant que subir son environnement.
"Les animaux sont doués d'émotions".
OMG, c'est grave? 😱
Pendant quelques jours, je vais tenter de vous expliquer les émotions. Ce qu'elles sont, comment elles s'expriment, ce que cela implique pour le bien-être animal.
La peur, c'est quoi?
La peur fait partie des émotions dites "de base". Il s'agit d'une émotion négative intense (cf épisode 2).
La peur permet de fuir un danger, l'éviter ou l'affronter. C'est une émotion indispensable à la survie, la proie doit avoir peur du prédateur.
La peur est le fruit de l'interprétation d'un évènement comme négatif par le cerveau.
Elle se manifeste par des comportements (fuite, sursaut, cri, attaque, vigilance...) et une réaction interne physiologique (décharge hormonale de cortisol, tachycardie, respiration rapide...).