Ce thread en allemand sur les résultats d'un travail de recherche sur "Le sexisme dans la vie quotidienne" publié cette année en Allemagne explique de manière édifiante pourquoi le mouvement pour l'égalité stagne voire régresse.
Je me permets de le traduire en français ⬇️
D'après les recherches sur le milieu social, les hommes qui occupent des postes à responsabilités sont les plus hostiles au mouvement #MeToo. De plus, par rapport aux autres hommes, ils sont les moins enclins à considérer le sujet du sexisme comme pertinent socialement.
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Les hommes interrogés occupent des postes de cadres, ont une formation universitaire en gestion d'entreprise, médecine, droit, chimie, ingénierie, etc. et se considèrent comme l'élite.
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L'éthique du succès, la réflexion en termes de faisabilité, les revendications d'exclusivité et la distinction sont les valeurs qu'ils encensent.
3/ De par leur haut niveau d'éducation, les hommes de ce milieu pensent avoir compris et percé à jour le cœur même du débat sur le sexisme. Les hommes interrogés soulignent être progressistes, libéraux et modernes, raison pour laquelle ils rejettent le débat sur le sexisme.
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De leur point de vue, la notion de sexisme est un outil de propagande du camp de la gauche radicale du féminisme, dans lequel chaque homme est placé sous la suspicion générale.
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Bien sûr que les femmes subissent des agressions, mais toujours selon eux, celles-ci seraient surtout le fait d'hommes des classes inférieures et / ou de migrants.
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Ce seraient plutôt les hommes les principaux concernés qui subissent le sexisme. A l'inverse, les femmes pourraient presque tout se permettre aujourd'hui.
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Du point de vue de ces "hommes établis", la politique d'égalité est un matraquage médiatique. Il n'y aurait aujourd'hui pas de discrimination à l'égard des femmes qui enfreint la Loi fondamentale.
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Les différences entre les genres seraient évolutives. La répartition des rôles se serait développée en tant que meilleure pratique et ne devrait pas être abandonnée en raison de l'idéologie de l'égalité.
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"Le sexisme fait autant partie de la vie que l'air que nous respirons." Abolir le sexisme signifierait la fin de l'humanité.
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La rhétorique de ces hommes est une stratégie de défense offensive. L'analyse révèle un profond malaise quant à la répartition équitable du pouvoir. Ils considèrent que c'est en contradiction avec une société démocratique libre.
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Contrairement à d'autres milieux, les hommes établis (et les femmes du même milieu aussi) n'associent absolument pas le sexisme au pouvoir.
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Alors que dans les autres milieux et en particulier les femmes des autres milieux soulignent que le sexisme est lié au pouvoir et à l'abus de pouvoir, les "personnes établies" (= la soi-disant élite) ignorent systématiquement cette dimension.
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Les "personnes établies" sont généralement dans une situation d'abondance de pouvoir en raison de leur condition sociale, de leurs ressources financières et de leur position.
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Cela permet d'émettre l'hypothèse que la négation du sexisme découlant du fait qu'ils se pensent immunisés contre la misogynie a pour fonction de légitimer leur position de pouvoir et de rendre injustifiée toute critique à leur encontre par le prisme du sexisme.
10/ Le thread est compilé à partir d'une étude allemande. Certains des résultats s'appliquent certainement aussi à la Suisse et permettent d'expliquer pourquoi l'égalité met tant de temps à arriver. Le "milieu établi" décrit donne le ton en Suisse.
(Je reviendrai très certainement sur ce thread prochainement. En attendant, j'y retrouve beaucoup de comportements d'hommes, que ce soit sur Twitter ou irl. Un grand merci à @f_schutzbach, autrice, sociologue, chercheuse en études de genres et féministe pour son thread.)
Je vois qu'il y a un regain d'intérêt pour ce thread traduit. Ci-dessous, un autre thread de la même autrice que j'ai traduit et qui se base sur la même étude récente sur le sexisme au quotidien en Allemagne.
Ça fait un moment que je parle de la socialisation genrée de la parentalité. Et je viens de réaliser un truc évident. Un bon nombre de pères de jeunes enfants que je connais sont devenus plus misogynes depuis qu'ils sont pères. L'optimisme que ça évolue en mieux est une arnaque.
C'est tellement évident. Je vois la détresse de mes copines qui sont mères, l'exploitation qu'elles subissent au quotidien. Et j'entends les discours que tiennent leurs conjoints. La socialisation de la parentalité rend un nombre non négligeable d'hommes encore plus misogynes.
Finis les beaux discours sur l'égalité qu'ils tenaient à 20 ans. Le rôle des mères est avant tout de s'occuper des enfants et leur rôle de pères est avant tout de détenir le pouvoir financier de la famille. Ça les façonne autant que les attentes reposant sur les mères.
En 2020, qd j'ai pu choisir, j'ai privilégié le contenu qui n'est pas fait par des mecs dyacishets blancs : films, livres, sport. Car ils sont déjà partout, leur point de vue est dominant et les mecs sont moins susceptibles de consommer du contenu qui n'est pas fait par des mecs.
Le simple fait que je parle de ce choix a offusqué des mecs. Ils me disent qu'ils ne se basent pas sur le genre eux, mais juste sur la COMPÉTENCE. Pourtant, bcp n'ont pas su me dire quel est le dernier ouvrage qu'ils ont lu qui n'était pas écrit par un homme 🤔
Inconsciemment, les hommes privilégient le contenu fait par des hommes. Dans les grandes librairies, les auteurs sont mis en avant. Comme s'ils représentaient le neutre.
"Mais y a un coin féminisme."
Oui, et quand y as-tu acheté un livre pour toi ? L'as-tu même déjà fait ?
Un homme qui traite une femme d'agressive alors qu'elle ne fait qu'exprimer un avis différent du sien est un homme vexé dans son égo qui affiche sa misogynie. La prétendue agressivité des femmes n'est qu'un argument misogyne pour faire taire leur parole car elle dérange les mecs.
Traiter une femme d'agressive, c'est la renvoyer à la notion misogyne d'hystérie. Les émotions des femmes ne sont pas perçues légitimes contrairement à celles des hommes. Les hommes ne sont pas considérés agressifs car ils auraient raison d'exprimer leur colère. Pas les femmes.
Les hommes ne voient que la "violence" des femmes qui leur répondent sans même admettre qu'elles ne font que répondre à la violence de leurs propos. Les femmes seraient donc agressives sans aucune raison alors que les hommes se considèrent légitimes à s'exprimer.
Les mecs "bien" qui disent faire leur part de tout le travail lié à leur couple hétéro avec enfants et qui viennent me le dire quand je dénonce l'exploitation des femmes en tant que groupe, vous êtes les pires. Vous n'êtes pas le sujet et vous faites partie du problème.
1. Vous niez l'exploitation des femmes en tant que groupe donc permettez-moi de douter que vous faites votre part.
2. Aucun mec que je connais n'admet exploiter sa conjointe alors que toutes me disent que c'est le cas.
3. Vous êtes votre propre caution et celle des autres mecs.
4. Votre optimisme que de plus en plus de mecs seraient "bien" comme vous ne fait qu'invisibiliser le fait que les hommes en tant que groupe exploitent les femmes en tant que groupe.
5. Vous participez à silencier la parole des femmes.
Qd je parle de la répartition inégale du travail lié au foyer dans les couples hétéros, pleins de boloss me disent qu'ils sont pas comme ça. Et qd je montre des études qui disent que les inégalités surviennent avec le 1er enfant même si les 2 bossent à 100%, ils y croient pas 👍
Faudrait savoir, les hommes font leur part de tout le travail lié au foyer ou ils exploitent les femmes pour le faire ?? Dans tous les cas, c'est magique car ça ne concerne aucun homme individuellement 😬😬
C'est toujours les autres, jamais vous hein ? Et tous pensent ça 👍
Tant qu'il n'y a pas d'enfant dans l'équation, l'égalité en droits donne la possibilité aux jeunes couples hétéros progressistes où les 2 travaillent à 100% d'avoir un semblant d'égalité dans leur foyer. Mais les inégalités explosent avec la parentalité. Les mères sont exploitées
D'après l'étude allemande "Sexisme au quotidien" (2020), il existe un mécanisme de défense afin de ne pas être affectée par les agressions sexistes et les atteintes à la dignité. Ce mécanisme consiste à minimiser les agressions sexistes en les considérant comme bénignes.
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Les femmes interrogées conviennent qu'elles devraient réagir plus durement aux remarques et attaques sexistes, mais s'abstiennent svt de le faire car elles sont trop surprises, se sentent physiquement inférieures à l'agresseur ou au groupe d'hommes et se sentent impuissantes.