Ça fait un moment que je parle de la socialisation genrée de la parentalité. Et je viens de réaliser un truc évident. Un bon nombre de pères de jeunes enfants que je connais sont devenus plus misogynes depuis qu'ils sont pères. L'optimisme que ça évolue en mieux est une arnaque.
C'est tellement évident. Je vois la détresse de mes copines qui sont mères, l'exploitation qu'elles subissent au quotidien. Et j'entends les discours que tiennent leurs conjoints. La socialisation de la parentalité rend un nombre non négligeable d'hommes encore plus misogynes.
Finis les beaux discours sur l'égalité qu'ils tenaient à 20 ans. Le rôle des mères est avant tout de s'occuper des enfants et leur rôle de pères est avant tout de détenir le pouvoir financier de la famille. Ça les façonne autant que les attentes reposant sur les mères.
Les conjoints de mes copines en détresse ne la voient pas cette détresse. Ils "ne voient pas" l'exploitation de la femme qu'ils prétendent aimer. Ils "ne voient pas" la domination qu'ils exercent sur leur conjointe ni que c'est une violence. Ils pensent que c'est normal.
Ils se pensent ouverts, progressistes et absolument pas misogynes. Après tout, un homme en couple avec une femme et qui a des enfants avec elle ne peut pas être misogyne. Il l'aime sa conjointe. Et pourquoi une femme serait-elle en couple avec lui s'il est misogyne ?
L'exploitation des femmes en couple hétéro, d'autant plus les mères, est tellement normalisée que c'est pas considéré comme une violence misogyne. C'est le rôle des femmes et c'est ainsi qu'elles s'épanouissent. Celles qui ne s'épanouissent pas sont pénalisées par leur conjoint.
La situation est différente de celle de nos parents. Nos mères n'avaient pas tous nos droits. Et surtout, elles n'avaient pas l'illusion du choix que nous a vendu l'égalité en droits. J'ai l'impression que la misogynie des jeunes pères ajd est pire que celle de leurs pères.
Si nous avons perdu la légitimité qu'avait nos mères à trouver l'exploitation des femmes injuste (puisque ce serait uniquement dû à nos choix), nous sommes aussi plus insistante que nos mères à demander à ce que nos conjoints fassent leur part. Et ça ne plaît pas aux hommes.
Le retour de bâton est brutal. La misogynie de nos pères est moins virulente car si nos mères étaient légitimes à trouver leur exploitation injuste, elles n'avaient pas autant le droit de se révolter. Ça ne plaît pas aux pères des générations plus jeunes qu'on ne soit pas dociles
La misogynie de nos pères est bien présente, mais ils n'ont pas eu à l'afficher aussi ouvertement que nos conjoints car c'était attendu que nos mères soient soumises. L'égalité en droits prétend que notre servilité n'est plus une attente. Ça scandalise les pères de nos enfants.
La véhémence de leur refus est violente. Si les femmes peuvent théoriquement tout faire comme les hommes, ils refusent de tout faire comme les femmes. Leur opposition à faire leur part d'un travail qu'ils ne valorisent pas et qui leur semble dévalorisant s'ils le font est brutale
C'est pas leur rôle. C'est aux mères de faire ces tâches avilissantes et non rémunérées. Et elles doivent s'épanouir. Mais s'occuper de ses enfants et du foyer, ça inclut pleins de tâches qui sont pas épanouissantes. Ils le savent et sont conscients qu'ils ne font pas leur part.
Si les pères de jeunes enfants sont plus susceptibles d'être plus misogynes que leurs pères, c'est parce qu'ils sont consciemment misogynes. Ils refusent délibérément de voir l'exploitation de leur conjointe et de faire leur part. C'est le backlash de l'égalité en droits.
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