D'après l'étude allemande "Sexisme au quotidien" (2020), il existe un mécanisme de défense afin de ne pas être affectée par les agressions sexistes et les atteintes à la dignité. Ce mécanisme consiste à minimiser les agressions sexistes en les considérant comme bénignes.
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Les femmes interrogées conviennent qu'elles devraient réagir plus durement aux remarques et attaques sexistes, mais s'abstiennent svt de le faire car elles sont trop surprises, se sentent physiquement inférieures à l'agresseur ou au groupe d'hommes et se sentent impuissantes.
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Les femmes appréhendent qu'une réaction défensive active de leur part ne prolonge et n'aggrave la situation. Pour éviter ça, la stratégie consiste à continuer comme si de rien n'était, ignorer, s'effacer, refouler ainsi que banaliser la situation pour ne pas être une victime.
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De plus, les femmes sont si souvent confrontées au harcèlement et subissent en permanence un sexisme latent par le biais de la répartition genrée des rôles - que ce soit pour le travail rémunéré ou le travail reproductif au sein de leur famille -
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qu'elles ne perçoivent plus les remarques ou attitudes sexistes "bienveillantes" comme dégradantes ou scandaleuses mais comme normales.
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L'étude révèle que les femmes sous-estiment leur mécanisme de défense face au sexisme. Les discussions de groupes abondent de preuves allant dans ce sens.
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Les femmes, et plus particulièrement les jeunes femmes, ont intégré le sexisme qu'elles subissent quotidiennement
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Presque toutes les femmes ont été surprises par la question de savoir si elles avaient déjà reçu des photos ou vidéos sexistes.
Leur réponse :
"Bien sûr, pleins de fois ! C'est arrivé à toutes les femmes que je connais, c'est normal."
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En outre, de nombreuses femmes ont également vécu ces situations où des hommes les dévisagent de manière insistante, les suivent du regard, fixent leurs jambes ou leurs seins, se frottent contre elles dans les transports publics bondés, et bien plus.
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Toutes ces situations sont tellement banales pour un nombre considérable de femmes qu'elles ne font le lien avec le sexisme que lorsqu'il est expressément évoqué. La banalité de ces expériences engendre une sorte d'accoutumance, estompe la surprise et a un effet anesthésiant.
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Si les femmes s'énervaient et étaient blessées par tous les actes sexistes qu'elles subissent, chaque jour serait perçu comme une attaque. C'est pourquoi elles se protègent en réprimant l'injustice qu'elles ressentent.
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Mais si cette insensibilité sélective est un mécanisme de défense, elle a pour conséquences de rendre acceptables et normales certaines formes de sexisme qui ne sont pas ouvertement hostiles.
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Pour contrer cela, il est nécessaire de sensibiliser à nouveau la société au fait que le sexisme, même s'il n'est pas perçu comme ouvertement hostile, est une atteinte à la dignité qui a des conséquences dommageables pour les femmes.
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Le thread a été compilé à partir de l'étude allemande "Sexisme au quotidien" (2020) disponible en PDF sur ce lien.
@f_schutzbach, l'autrice du thread a également fait un thread sur la même étude allemande qui explique que les hommes ayant des postes de cadres sont les plus hostiles à considérer le sexisme comme pertinent socialement car ça ne les concernerait pas ⬇️
Ça fait un moment que je parle de la socialisation genrée de la parentalité. Et je viens de réaliser un truc évident. Un bon nombre de pères de jeunes enfants que je connais sont devenus plus misogynes depuis qu'ils sont pères. L'optimisme que ça évolue en mieux est une arnaque.
C'est tellement évident. Je vois la détresse de mes copines qui sont mères, l'exploitation qu'elles subissent au quotidien. Et j'entends les discours que tiennent leurs conjoints. La socialisation de la parentalité rend un nombre non négligeable d'hommes encore plus misogynes.
Finis les beaux discours sur l'égalité qu'ils tenaient à 20 ans. Le rôle des mères est avant tout de s'occuper des enfants et leur rôle de pères est avant tout de détenir le pouvoir financier de la famille. Ça les façonne autant que les attentes reposant sur les mères.
En 2020, qd j'ai pu choisir, j'ai privilégié le contenu qui n'est pas fait par des mecs dyacishets blancs : films, livres, sport. Car ils sont déjà partout, leur point de vue est dominant et les mecs sont moins susceptibles de consommer du contenu qui n'est pas fait par des mecs.
Le simple fait que je parle de ce choix a offusqué des mecs. Ils me disent qu'ils ne se basent pas sur le genre eux, mais juste sur la COMPÉTENCE. Pourtant, bcp n'ont pas su me dire quel est le dernier ouvrage qu'ils ont lu qui n'était pas écrit par un homme 🤔
Inconsciemment, les hommes privilégient le contenu fait par des hommes. Dans les grandes librairies, les auteurs sont mis en avant. Comme s'ils représentaient le neutre.
"Mais y a un coin féminisme."
Oui, et quand y as-tu acheté un livre pour toi ? L'as-tu même déjà fait ?
Un homme qui traite une femme d'agressive alors qu'elle ne fait qu'exprimer un avis différent du sien est un homme vexé dans son égo qui affiche sa misogynie. La prétendue agressivité des femmes n'est qu'un argument misogyne pour faire taire leur parole car elle dérange les mecs.
Traiter une femme d'agressive, c'est la renvoyer à la notion misogyne d'hystérie. Les émotions des femmes ne sont pas perçues légitimes contrairement à celles des hommes. Les hommes ne sont pas considérés agressifs car ils auraient raison d'exprimer leur colère. Pas les femmes.
Les hommes ne voient que la "violence" des femmes qui leur répondent sans même admettre qu'elles ne font que répondre à la violence de leurs propos. Les femmes seraient donc agressives sans aucune raison alors que les hommes se considèrent légitimes à s'exprimer.
Les mecs "bien" qui disent faire leur part de tout le travail lié à leur couple hétéro avec enfants et qui viennent me le dire quand je dénonce l'exploitation des femmes en tant que groupe, vous êtes les pires. Vous n'êtes pas le sujet et vous faites partie du problème.
1. Vous niez l'exploitation des femmes en tant que groupe donc permettez-moi de douter que vous faites votre part.
2. Aucun mec que je connais n'admet exploiter sa conjointe alors que toutes me disent que c'est le cas.
3. Vous êtes votre propre caution et celle des autres mecs.
4. Votre optimisme que de plus en plus de mecs seraient "bien" comme vous ne fait qu'invisibiliser le fait que les hommes en tant que groupe exploitent les femmes en tant que groupe.
5. Vous participez à silencier la parole des femmes.
Qd je parle de la répartition inégale du travail lié au foyer dans les couples hétéros, pleins de boloss me disent qu'ils sont pas comme ça. Et qd je montre des études qui disent que les inégalités surviennent avec le 1er enfant même si les 2 bossent à 100%, ils y croient pas 👍
Faudrait savoir, les hommes font leur part de tout le travail lié au foyer ou ils exploitent les femmes pour le faire ?? Dans tous les cas, c'est magique car ça ne concerne aucun homme individuellement 😬😬
C'est toujours les autres, jamais vous hein ? Et tous pensent ça 👍
Tant qu'il n'y a pas d'enfant dans l'équation, l'égalité en droits donne la possibilité aux jeunes couples hétéros progressistes où les 2 travaillent à 100% d'avoir un semblant d'égalité dans leur foyer. Mais les inégalités explosent avec la parentalité. Les mères sont exploitées
Ce thread en allemand sur les résultats d'un travail de recherche sur "Le sexisme dans la vie quotidienne" publié cette année en Allemagne explique de manière édifiante pourquoi le mouvement pour l'égalité stagne voire régresse.
Je me permets de le traduire en français ⬇️
D'après les recherches sur le milieu social, les hommes qui occupent des postes à responsabilités sont les plus hostiles au mouvement #MeToo. De plus, par rapport aux autres hommes, ils sont les moins enclins à considérer le sujet du sexisme comme pertinent socialement.
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Les hommes interrogés occupent des postes de cadres, ont une formation universitaire en gestion d'entreprise, médecine, droit, chimie, ingénierie, etc. et se considèrent comme l'élite.