Thread by @DocteurGonzo4

🇨🇲 #Thread Bravo aux camerounais!

« Ceux à qui nous avons confié ce terminal pendant 15 ans ont estimé qu’ils ne devaient pas partir. Nous, nous estimons qu’un contrat a un début et une fin. Et la fin, c’était hier. »

Cyrus Ngo’o, Dir. du PAD, 01/01/20 monde-diplomatique.fr/2021/01/PIGEAU…

L’Etat camerounais a arraché la gestion du port autonome de Douala (PAD) à Bolloré [19è fortune de France] pour la nationaliser.

Au terminal à conteneurs de Douala entrent et sortent 95% des marchandises du Cameroun, du Tchad et de la République centrafricaine.

La place centrale que le groupe occupe dans l’économie camerounaise inquiète au Cameroun. Il a les moyens de « paralyser le pays », s’alarmait en 2009 Emmanuel Etoundi Oyono, qui fut directeur du Port autonome de Douala (PAD).

https://twitter.com/DocteurGonzo4/status/1320471373513445379

L’attribution du terminal à conteneurs de Douala faisait déjà l’objet d’une plainte contre X il y a une dizaine d’année pour corruption et favoritisme déposée par un concurrent, l’espagnol Progosa. Mais l’enquête n’aboutit pas.

Et pour cause, en 2008, le juge d’instruction est dessaisi du dossier et affecté dans une autre ville, quelques jours après avoir voulu convoquer comme témoins le PDG Vincent Bolloré lui-même. D’autres affaires judiciaires se terminent elles aussi en queue de poisson.

Si le groupe français peut toujours compter sur quelques ministres camerounais, plusieurs de ses soutiens de poids perdent leur influence. C’est le cas de Martin Belinga Eboutou, congédié en 2018 du Gvt, et de Marafa Hamidou Yaya emprisonné en 2012 pour corruption.

Depuis, des hauts fonctionnaires sans lien avec le groupe Bolloré sont nommés à des postes-clés. Certains considèrent que Bolloré dessert l’économie camerounaise par ses pratiques et ses tarifs. C’est la somme de ces évolutions qui entraîne son départ du Port de Douala.

Dans un climat très tendu, le groupe Bolloré a tenté un recours : Cyrille Bolloré, le nouveau PDG, écrit le 12 septembre 2019 à Paul Biya (Président du Cameroun depuis... 1982!) pour solliciter son «haut arbitrage». Il insiste sur les « souvenirs très amicaux de Vincent Bolloré »

Peu après, dans un douteux mélange des genres, Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères de la France, et ami de longue date de Vincent Bolloré, se rend au Cameroun, le 23 octobre, pour intercéder auprès de M. Biya.

Ce dernier y semble sensible, puisqu’il envoie aussitôt un courrier à M. Ngo’o lui demandant de suspendre le recrutement du nouvel opérateur jusqu’à ce que le tribunal administratif de Douala se soit prononcé. L’autorité portuaire s’exécute...

Mais, tout en paraissant contenter son interlocuteur français, la présidence lui inflige un revers : alors que Le Drian se trouve encore au Cameroun, elle fait fuiter sur les réseaux sociaux la lettre de Biya à Ngo’o. Effet immédiat : la presse dénonce l’ingérence de la France.

Le 26 décembre 2019, le groupe Bolloré pense encore pouvoir continuer l’exploitation du PAD jusqu’à l’émission d’un nouvel appel d’offres. Or le PAD a anticipé la décision : quelques semaines plus tôt, il a créé une nouvelle entité, la Régie du terminal à conteneurs.

C’est elle qui reprend l’infrastructure le 1er janvier 2020. Par un saisissant retournement de situation, le conflit aboutit à une renationalisation de fait. Au passage il montre à quel point les pressions de Paris sur Yaoundé sont fortes et permanentes, et la défiance réciproque

https://twitter.com/docteurgonzo4/status/1313815767671025668

Les profits du groupe Bolloré sont assurés à 80% par ses opérations africaines consistants à exploiter les populations locales et à piller les ressources.

https://twitter.com/docteurgonzo4/status/1345562314234335236

Le Cameroun, à sa façon, se montre plus démocratique que la France où il serait impossible de nationaliser une entreprise pour préserver son avenir, ses salariés et l’intérêt - même vital - des citoyens. On a pu le constater amèrement durant la pandémie. google.fr/amp/s/www.lamo…