Samedi j'estimais "scandaleux" que Trump soit évincé de Twitter, soulevant l'indignation. Y a des fois où ces critiques minent de l'intérieur. Et d'autres fois où déplaire, même à ses amis, ne gêne pas. C'est mon cas, en ce moment. Thread sur la liberté de parole.
1. "Les nôtres d'abord". J'ai déjà réagi, publié des posts, suis même intervenu à l'Assemblée, quand des proches se virent censurés : les manifestants Alternatiba au G7, Eric Drouet, ou ma propre page Facebook, qui connut quelques jours de gel. 2/20
Mais justement : avec Donald Trump, c'est l'occasion non pas de défendre une personne, un groupe mais de poser le principe. Si l'on estime qu'un homme doit être réduit au silence, c'est au peuple, à sa justice, à ses représentants d'en décider. Pas à une firme privée. 3/20
Alors, Lucie : "Vous savez que la liberté d'expression n'est pas sans limite", je le sais, mais c'est aux mêmes peuples, tribunaux ou représentants de fixer ces limites. Pas à une firme privée. 4/20
Alors Glimmer : "Notre liberté d'expression, c'est la liberté d'expression de nazis ?", s'il met en danger son pays, s'il est "nazi", c'est à son peuple, ses tribunaux, ses représentants, d'en juger.
Pas à une firme privée. 5/20
Alors Patrick, dont je vois que tu es de la France Insoumise : "A un moment faut que ça s'arrête. Il a aussi les boutons nucléaires. On ne va pas faire la fine bouche." Eh bien, si, je vais faire la fine bouche : je ne laisse pas ça à une firme privée. 6/20
Je suis démocrate. Et non firmocrate, ou ploutocrate.
On pourra faire de Trump le pire méchant, me traiter de "connard, je ne démordrai pas de ce principe : la liberté d'expression et le pouvoir de censure ne doivent pas être laissés à une firme privée. 7/20
Et même : le combat contre ces horreurs, Trump, ce néo-fascime, suprémaciste blanc, doit être populaire, et non délégué à une firme privée. 8/20
2. "C'est privé, Twitter est maître chez lui." L'argument le plus courant, le plus partagé et il est signe, à mon sens, d'une immense résignation, une gigantesque soumission. "Espaces privés" ne signifient pas que le propriétaire puisse y faire régner sa loi. 9/20
Il faut dire d'abord la dépendance de la démocratie à ces réseaux. On peut le regretter, et je le déplore mais coupez à un élu Facebook et Twitter et c'est sa mort politique. C'est pas avec des communiqués de presse qu'il va s'en tirer. 10/20
Malgré mon amour du papier, la distribution de tracts sur les marchés ne remplacera pas cette force de frappe numérique. Ces firmes disposent donc d’un grand pouvoir, ce qui – comme dirait Spiderman – implique de grandes responsabilités. 11/20
"Espace privé" ne signifient pas que le propriétaire puisse y faire régner sa loi. Vous n'avez pas le droit de battre vos enfants, même chez vous. Les lois de la République s'appliquent, même chez vous. C'est une bataille à mener : refuser "l'auto-régulation" de ces firmes. 12/20
Enfin, nous sommes confrontés à des "réseaux" et non à des "médias", en situation de quasi monopole. Des réseaux comme l'eau, le gaz, l'électricité. Imagine-t-on demain vous couper l'eau sous prétexte que Veolia, Engie, c'est privé ? 13/20
3. "Trump a violé le règlement de Twitter depuis longtemps." Mais justement : pourquoi son éviction intervient maintenant ? Parce qu'il n'a plus le pouvoir, lâché par les siens. 14/20
Lorsque Trump régnait, à quelques escarmouches près,Twitter et Facebook l'ont laissé délirer. Trump fini, les firmes retrouvent leur courage. Elles qui, ailleurs sur la planète, ne ferment les comptes d'aucun pouvoir en place, aussi autoritaire soit-il. 15/20
4. Oui, en effet, cette situation me fait peur, pourquoi le nier ? Je m'efforce d'exprimer une pensée propre, parfois inconvenante, malséante, marginale, et j'ai sans doute plus à craindre que d'autres, à la pensée conforme, de ces purges numériques sans procès. 16/20
Je vois une différence de taille entre ce tribunal invisible et les vrais que j'ai un peu trop fréquentés pour mes reportages (7 procès, principalement pour diffamation, une condamnation) : les magistrats jugent un acte. Chez Twitter, c'est la personne qui est évincée. 17/20
On pourrait imaginer des modérations sur les comptes sensibles : que les messages par exemple, ne s'affichent pas aussitôt mais fassent rapidement l'objet d'une modération, d'une lecture juridique., par la plateforme ou une instance indépendante. 18/20
Je ne pleure pas sur Trump. Bien sûr, je m'en fous. Mais quand je me suis réveillé samedi matin avec cette nouvelle, banalement : "Twitter a décidé la fermeture de son compte" comme un ça va de soi, sans discussion, ça m'a inquiété. 19/20
Évidemment c'est symbolique: s'ils peuvent en quelques heures, sans le moindre débat, couper les réseaux du président américain, demain ils se sentiront les coudées encore plus franches à l'égard de vous, de moi. De tous les inféodés aux seigneurs numériques. 20/20
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« Louis-Charles Viossat ». Alors que les Français sont méfiants envers le vaccin, c’est lui qu’Emmanuel Macron a choisi pour organiser la campagne de vaccination : un pro du lobbying de Big pharma.
Prenez votre téléphone portable. Tapez « Louis-Charles Viossat LinkedIn ». Vous descendez sur la page. Que découvrez-vous ? « Government Affairs Senior Director, Western Europe & Canada/ EU », Abbott. (capture d'écran)
Pour les non-bilingues : Chef des lobbyistes, dans un géant de l’industrie pharmaceutique Abbott. Là-bas, durant cinq années, il a – je cite – il a « lobbied ex-US governments », il était dans des « key national and international professional associations ».
Ceux qui ont refusé d'accueillir l'Aquarius, qui laissent l'extrême-droite faire la chasse aux migrants dans les Alpes, qui se font condamner par le CEDH pour la rétention d'enfants dans les centres, sont ceux qui marchent sur un impératif d'humanité, inexistante, que je pose.
Depuis la fondation de Fakir, membre du RESF amiénois, Réseau Education Sans Frontière, j’ai participé à des parrainages républicains, ai signé des pétitions, accueilli la Marche des sans papiers, etc.
Mais oui, je crois à des espaces, délimités, où l'on se fixe des règles communes. Pour les capitaux, d'abord. Pour les marchandises, ensuite. Pour les gens, enfin, et surtout pour les riches, à qui il faut poser des limites à leur hyper-mobilité.
Pour éviter un énième drame, pour empêcher la rupture de confiance entre la société et la police, il faut commencer par retirer l’article 24 de la PPL Sécurité globale, urgemment. Et toute la proposition de loi, tant qu’à faire. Mais il faut aller plus loin. Thread (1/13)
Il y un an, suite à l’affaire Chouviat, j'auditionnais sociologues, direction de la police, syndicats, assos de victimes pour une proposition de loi pour l'interdiction du plaquage ventral. J’en ai tiré plusieurs propositions, formulées dans un rapport et dans un livre. (2/13)
Je les livre ici avec humilité, car je sais que ni les victimes, légitimement traumatisées, ni les policiers, qui exercent un métier difficile, ne pensent qu’une baguette magique existe pour sortir de la crise. Insuffisantes, elles me paraissent néanmoins incontournables. (3/13)
Que l’on soit pour ou contre le couvre-feu, une chose est sûre : ces décisions de Macron, prises tout seul, de tout là-haut, nous emmènent vers l’échec. C’est JF Delfraissy et d'autres membres du Conseil scientifique qui le disent eux-mêmes cette semaine dans The Lancet. 1/6
« Sans ces incitations, nous craignons que la France et les autres pays qui entrent dans cette deuxième phase risquent de tomber dans une situation où il n'y a ni coercition efficace ni respect individuel des règles... » 2/6
« Avec les conséquences prévisibles (sinon inévitables) de la hausse des taux d'infection, de la résurgence de la pandémie, de l'imposition de mesures coercitives et de troubles civils en réponse. » 3/6
Des ruptures. Macron nous avait promis ça ce printemps. On était sans masque, sans surblouse, une industrie, envoyée à l'autre bout du monde. Aujourd'hui pour relocaliser ils baissent les cotisations des entreprises. C'est vraiment nous prendre pour des crétins.
En pleine crise Macron tirait une leçon martiale : « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre santé, à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle. Les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture, je les assumerai. »
Voilà le contexte.
Quelle décision de rupture aujourd’hui ils nous proposent ? La baisse de 3 à 2 % de la contribution économique territoriale et sur la valeur ajoutée des entreprises. Bonjour la rupture. C’est avec ça que vous comptez relocaliser ? C’est vraiment nous prendre pour des crétins.
Hier soir M. Woerth a mis en cause mon énorme incompétence (soit), mais surtout celle de mon collaborateur et des collaborateurs de La France Insoumise, parce que je dénonce l'usage des articles 40 et 45 de la Constitution pour opérer une censure politique au nom du juridique.
Hier toujours, Bernard Perrut, son collègue LR disait que ce débat était plus "restreint". Boris Vallaud du PS parlait d'une "vision rigoriste" de l'art. 40. Il en va de même pour Perrine Goulet du Modem, Pierre Dharréville du PCF, ou de collègues EDS et Libertés & Territoires.
Même les statistiques le prouvent : en 2018, 41% des amendements étaient jugés irrecevables. En 2019, ils étaient 51% à ne pas passer. Aujourd'hui on est à 55%.