1/Le dernier billet de Cincinnatus est une mine d'or. Une relecture de Nietzche à la lumière de l'actualité politique, manuel de résistance à la vogue délétère des nouvelles idéologies du ressentiment (identitarismes, intégrismes, posthumanisme, radicalismes de toute obédience).
2/Cincinnatus, à la lumière de Nietzsche (et de... Cavanna : «Les gauchistes sentent le curé froid !»), expose ce qui souvent se cache derrière la rhétorique vindicative des SJW : une haine maladive de l'excellence, des passions tristes, un idéal frelaté de pureté.
3/Cincinnatus montre aussi comment la culpabilité autodestructrice dénoncée par Nietzsche s'est retournée chez nos SJW en une passion de l'incrimination, de l'inculpation généralisée des "autres" : nous sommes entrés dans l'ère d'un procès sans fin.
4/Cincinnatus démontre à merveille l'usage que l'on peut faire de Nietzsche aujourd'hui, à mon avis le seul : celui d'un antidote, d'un remontant contre tout ce qui en nous ment, contre toutes les puissances qui nous tirent vers le bas, la médiocrité ou la haine.
5/Nietzsche est en effet un merveilleux remède contre les passions mauvaises qui menacent en permanence la démocratie (le nivellement par le bas, l'égalitarisme niveleur, l'envie, la détestation de l'excellence, la morale de meute...).
6/Il reste que, si la lecture de Nietzsche est une excellente thérapie contre l'avilissement de nos idéaux, elle ne peut à mon sens fonder une politique (il ne l'a du reste jamais cherché). On ne construit pas avec Nietzsche : Nietzsche nous sert à guérir de nos maladies.
7/A titre indicatif :
- la déconstruction de l'idée de vérité, la disqualification de l'objectivité scientifique au profit d'un relativisme généralisé, que déplore Cincinnatus, trouvent souvent leur source dans une vulgate nietzschéenne plus ou moins digérée.
8/-Par ailleurs le souci humaniste que nous avons de défendre le faible, de protéger la vie de tous (notamment dans la crise que nous vivons aujourd'hui) est peu compatible avec la pensée de Nietzsche. Et les nietzschéens proclamés sont souvent anti-universalistes.
9/Les jugements de Nietzsche sur la pitié me semblent souvent à manier avec précaution. Oui, la pitié peut être dangereuse si elle se prend pour la morale ; mais une morale et une politique sans pitié ne me sembleraient pas moins dangereuses. L'histoire l'enseigne.
10/Pour moi, Nietzsche est comme cette lumière qui fait apparaître les mensonges écrits à l'encre invisible dans nos sublimes proclamations morales et nos élans justiciers. C'est déjà beaucoup. Mais il ne nous éclaire pas sur ce que pourrait être un projet démocratique.
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1/Quelques réflexions sur l'affaire Finkielkraut-Duhamel.
Commençons par rétablir la vérité : Finkielkraut a explicitement condamné Duhamel, qu'il a jugé "inexcusable". C'est capital. Sur ce point toute polémique est insultante et malhonnête. #Finkielkraut
2/Il me faut arbitrer entre trois sentiments:
- une vraie estime pour Finkielkraut (que je ne lui retire pas, quels que soient nos désaccords);
- ma consternation à l'annonce de son renvoi brutal de LCI ;
-la conviction qu'il n'en a pas moins dérapé et que ce n'est pas un hasard.
3/L'intervention de Finkielkraut était juridiquement fondée, moralement déplacée et médiatiquement désastreuse.
- Juridiquement fondée parce que, quoi qu'on puisse en penser, la justice dissocie la détournement de mineur de la question du "consentement" (dont elle tient compte).
1/ Le Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme rend hommage à Pierre Dac.
Français, juif, patriote, résistant, humaniste. Et cet humour qui est l'autre nom de la liberté. fr.timesofisrael.com/un-peu-de-schm…
2/Pierre Dac fut aussi l'auteur d'une des lettres les plus sublimes de la Résistance, adressée à Philippe Henriot, éditorialiste à Radio-Paris, qui avait mis en doute le patriotisme de celui dont le vrai nom était André Isaac.
3/Evoquant la mémoire de son frère "mort pour la France", Pierre Dac conclut:
"Sur votre tombe (..), il y aura aussi une inscription (...) ainsi libellée: PHILIPPE HENRIOT MORT POUR HITLER FUSILLÉ PAR LES FRANÇAIS. Bonne nuit, Monsieur Henriot. Et dormez bien, si vous le pouvez."
1/Hélas, tous les mots du racisme et de l’antiracisme sont malformés. A commencer par “racisme”, né au 19e s. Depuis la fin du nazisme, rares sont les racistes qui osent encore étayer leur haine par des arguments pseudo-scientifiques. On peut être raciste sans croire aux “races”.
2/Le mot “antisémitisme” est mal né. Inventé au 19e s. pour désigner une hostilité raciale aux Juifs (et à eux seuls), il permet à quelques ignorants d’affirmer qu’un Arabe, étant lui-même sémite, ne peut pas être antisémite. “Antijuivisme” aurait évité le malentendu : trop tard.
3/ Et tous ces mots en “phobe” qui, au lieu de signifier la “peur” (agoraphobe, claustrophobe), désignent (et pathologisent) l’inimitié : xénophobe, homophobe, islamophobe… Or on peut avoir peur de quelque chose qu’on ne déteste pas, et détester quelque chose sans en avoir peur.