Ainsi dans cet hémistiche de Ronsard : « MariE, levez-vous... », le e doit être prononcé pour que le vers soit juste.
Comme cela pouvait créer des disgrâces vocaliques, on a convenu d'éviter ce cas de figure à partir du XVIIe.
Exemples de vers issus du poème Duellum de Baudelaire, où ce genre de e est élidé par la voyelle initiale du mot suivant :
« D'une jeunesse en proie à l'amour vagissant. »
« Vengent bientôt l'épée et la dague traîtresse. »
Ou celui-ci de Hugo, dans La Terre (La Légende des siècles) :
« L'harmonie est son œuvre auguste sous les cieux. »
Tout ça pour dire que vous ne verrez pas souvent un vers outrepassant cette règle, que ce soit dans l'œuvre de Verlaine ou dans celle de tout poète émérite.
N.B. : Si vous écrivez : « Les fleurs abandonnées au vent dansent plus ivres », votre vers est faux également, en raison du s marquant le pluriel.
Mais sera juste si vous réécrivez votre vers au singulier :
« La fleur abandonnée au vent danse plus ivre. »
N. B. 2 : Un vers de Verlaine, que j'aurais dû penser à citer :
« C'est la volonté sainte, absolue, éternelle »
Ici, le e de « absolue » est bien élidé par la voyelle initiale d'« éternelle ».
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THREADS SUR LA VERSIFICATION, via la critique de cours diffusés sur Youtube par « Les Bons Profs ». Cours dont certaines bévues et imprécisions risquent d'induire en erreur les novices de tout âge.
Acte I :
→ 0'50 Sa règle du « E muet » manque de clarté et d'exhaustivité. Mieux vaut dire :
Un E suivi d'une consonne (comme d'un h aspiré) se prononce et compte pour une syllabe, qu'il soit à l'intérieur ou à la fin d'un mot. Devant une voyelle et à la fin du vers, il demeure muet.
On éclaire d'abord la chose par des exemples simples montrant que la prosodie du vers diffère des us du langage courant :
Pour celles et ceux ignorant que le Chant Royal est une forme fixe codifiée, je recopie la description qu'en fait Théodore de Banville dans son Petit traité de poésie française, pp. 224-225 : 🔽
« Le Chant Royal se compose de cinq strophes de onze vers chacune, et d'un Envoi.
Toutes les strophes sont écrites sur des rimes pareilles aux rimes de la première strophe, et les vers de chacune des strophes sont disposés dans le même ordre que les vers de la première strophe.
L'Envoi se compose de cinq vers écrits sur des rimes pareilles aux rimes des cinq vers qui terminent les strophes, — et les cinq vers dont se compose l'Envoi sont disposés comme les cinq vers qui terminent chacune des strophes.