Thread by @andreloez

Je voudrais essayer d'expliquer en quelques tweets très simples la différence entre la censure et le fait d'avoir une ligne éditoriale #xaviergorce

https://twitter.com/andreloez/status/1351921049076699136

La censure désigne généralement une action de l’Etat visant à restreindre la liberté d’expression, notamment les écrits et images, par des coupes, saisies, interdictions, etc.
Sous cette forme cela n’existe plus en France depuis plusieurs décennies (sauf délit manifeste)

Lorsque ce contrôle par l’Etat n’existe pas comme aujourd’hui, la configuration est différente : la presse, l’édition, la TV, les réseaux sociaux etc., sont des champs dotés de leurs règles et configurations propres, aux acteurs multiples

J’insiste sur ce point : chaque acteur est différent. Gallimard n’est pas Libertalia qui n’est pas les éditions du Rocher, Le Monde n’est pas Le Figaro qui n’est pas Politis, Arte n’est pas CNews, etc.
Chacune de ces institutions peut choisir ce qu’elle publie / diffuse ou non.

C'est pourquoi, si la liberté d’expression est un principe constitutionnel (DDHC art. 11), celui-ci n’implique aucunement un "droit à être publié".
Ni une "immunité contre la critique" (elle-même couverte par la liberté d'expression).

Si chacun peut adresser un manuscrit à l’éditeur de son choix, le probable refus ne sera pas une censure, mais l’effet d’une ligne éditoriale. Les institutions culturelles font en permanence des choix, la plupart du temps silencieux, quelquefois en échos aux polémiques sur les RS

Dès lors, si un journal ou une chaîne désavoue un dessin (Xavier Gorce) ou se sépare d’un chroniqueur (Alain Finkielkraut) cela ne signifie pas que la liberté d’expression de ces individus est bridée, mais qu’elle a des conséquences liées à son exercice même.

Et dans les deux cas au lieu de crier à la censure (d'individus restant libres de publier) on pourrait plutôt se féliciter que Le Monde et LCI tiennent une ligne éditoriale désormais intransigeante avec toute minimisation ou confusion au premier ou second degré de/sur l’inceste.