Thread by @LarrereMathilde

26 mars 1871
Commune du Creusot

(ce fil fait suite aux autres sur les Communes de Lyon, Marseille, Narbonne, Saint Etienne et Toulouse. Mais je le reprends car en fait il s'est cassé au milieu, au numéro 19)

https://twitter.com/LarrereMathilde/status/1374271919420272644?s=20

(la suite était là)

https://twitter.com/LarrereMathilde/status/1374636913429188614?s=20

1)Le Creusot était, vous le savez sans doute, une ville industrielle, centrée sur l’usine des Schneider (métallurgie)
Avec un patronat très paternaliste, très moralisateur (le café avait été fermé dans la cité ouvrière)

2)La lutte des classes allait bon train…
Une section de l’Internationale avait été créée en janv. 70 par Eugène Varlin.

Mais Schneider veillait au grain et la répression était sévère.

3)En mars 1870, les 1 500 mineurs du bassin du Creusot se mettent en grève pour protester contre une baisse de leurs salaires.

Benoît Malon, envoyé par l’Internationale, prend la direction du mouvement.

Schneider repousse avec dédain toutes les revendications

4)Ce refus brutal renforce la combativité des grévistes.

Ils sont soutenus par l’action énergique des femmes qui incitent les quelques non-grévistes à cesser le travail

5)Des femmes du Creusot à qui les femmes internationalistes de Lyon envoie ce vibrant appel

(lisez donc, c'est un beau texte)

6)Pour protester contre l’arrestation de trois d’entre elles, elles déposent leurs jeunes enfants devant les gendarmes en criant : « arrêtez nous et nourrissez-les »
(j’adore !)

7)La pression patronale et gouvernementale s’accentue.

L’Internationale envoie de l’argent pour tenir (lire le dernier livre de N. Delalande)

En avril, des grévistes passent en jugement.
Les peines sont très lourdes.
Elles découragent les ouvriers qui reprennent le travail

8)Benoit Malon décrit l’ambiance à l’annonce du verdict

9)Le 4 septembre, à la proclamation de la République, les ouvriers du Creusot sont sous les fenêtres de Schneider

Ils crient « À mort l’assassin du Creusot ! À mort l’exploiteur des ouvriers ! »

Schneider se carapate en Angleterre.

10) Face à l’avancée des Prussiens, un comité de défense nationale dans les mains des repu et des internationalistes se constitue

et nomme maire du Creusot ...

Un ouvrier!!!!

Dumay

un maire OUVRIER! dans le fief des Schneider!!

11)Lors des élections législatives (fev 71), Dumay figure sur la liste républicaine :

elle est plébiscitée au Creusot par 77 % des suffrages

mais c'est la liste conservatrice qui l'emporte dans le département grâce au soutien massif du vote paysan

12)Mais à l’annonce de la Commune de Paris, le Creusot, son maire et sa garde nationale affirment leur soutien !

13)Le 26, le gouvernement a envoyé des troupes, mais celles-ci fraternisent et Dumay proclame la Commune du balcon de l’HdV

Le drapeau rouge est hissé.

Dumay :

« Je ne suis plus le représentant du Gouvernement de Versailles, je suis le représentant de la Commune du Creusot

14)Sauf que le Gouv de Versailles avaient des troupes en renfort qui dans la nuit occupent x bâtiments et places de la ville

Les autorités demandent à Demay de se retirer (elles ne veulent pas en faire un martyr).

Il refuse et se dit prêt à combattre !

15)Mais la population abandonne la partie, les ouvriers retournent au travail.

Demay restera caché au Creusot toute la durée de la Commune de Paris....

16)L'élection municipale du 30 avril voit Dumay, toujours dans la clandestinité, s'opposer une nouvelle fois à Henri Schneider

il s'en faut de seize voix que sa liste ne passe tout entière au premier tour !!!!

17)Mais une centaine d'ouvriers sont opportunément renvoyés avant le second tour, qui aboutit le 10 mai à l'élection de tous les candidats Schneider.

Dumay fuit alors en Suisse.

18)Les 28 et 29 juin se déroule, devant la Cour d’assises de Chalon le procès de 22 Creusotins accusés d’avoir participé à l’insurrection.

19)Les treize accusés présents sont acquittés.

Dumay et cinq autres dirigeants démocrates en fuite sont condamnés, par contumace,
le premier aux travaux forcés à perpétuité, les autres à la déportation en enceinte fortifiée.

20)Amnistié comme les autres communards en 1880, Dumay rentre en France et s’installe à Paris
Il sera élu au conseil municipal puis député de la Seine, siégeant avec les socialistes.

Et pour finir la merveilleuse illustration de @FredSochard