Thread by @J_Haddane

ESCP 2020 : « La France dans la recomposition des puissances dominantes »
- Je mettrai en œuvre 3 astuces majeures que je vous conseille de noter quelque part sur votre brouillon au début de l’épreuve pour ne pas les oublier :
*Astuce1 : bien vérifier dans les documents que l’on

n’a pas oublié un aspect du sujet.
*Astuce2 : dans tout sujet sur une zone géographique, comparer cette zone à une autre zone assez similaire mais pour laquelle l’enjeu du sujet (par exemple ici la bonne gestion de la RPD) n’a pas eu le même effet
*Astuce3 : TOUJOURS avoir

(au moins 1) paragraphe où l’on fait varier les échelles (intnl, régional, ntl, local)

- Avant l’analyse : ce genre de sujet est clairement polémique. Peut-être que vous êtes décliniste et que tout va mal en France pour vous, peut-être que vous pensez que c’est le paradis sur

Terre, peut-être que vous n’en pensez rien…ETEIGNEZ VOTRE OPINION. L’objectif est de fournir une copie non-manichéenne, équilibrée et de passer pour « celui qui sait faire la part des choses » : dans ces conditions, vous pouvez presque tout dire. Néanmoins, il ne faut pas

oublier que vous passez les épreuves de Business Schools et donc (je sais, ça va vous révolter comme ça m’a révolté) qu’il faut taire toutes les opinions suivantes : pro-FN ou affiliés (« populistes » qu’ils appellent ça), antigiletjaunisme primaire (ça vous fait passer pour un

sans-cœur), anti-UE(ces écoles fournissent une belle part des Français de Bruxelles) ou antiaméricanisme brut (vive la Silicon Valley)… Bref, il va falloir rentrer dans les rangs, du moins durant les 4h de l’épreuve. C’est un conseil d’ami.

- Analyse du sujet :

*La plupart des candidats vont foncer tête baissée et balancer tout ce qu’ils savent sur « La France dans le monde », ce qui n’est pas le sujet.
*Ici, on veut savoir : comment la France s’adapte dans la nouvelle hiérarchie des puissances mondiales qui apparait avec la

mondialisation contemporaine (années 70/80) mais surtout si tout ce qui se dit sur le déclin de la France est vraiment vrai.
*La plupart des étudiants ne prendront jamais le temps de décrire en profondeur la « recomposition » des puissances, c’est-à-dire leur réagencement en

elles-mêmes (comment changent-elles du dedans) et par rapport aux autres (comment la hiérarchie change-t-elle). Ce qui serait intéressant serait de jouer sur le flou du terme « dominant » et de montrer que la domination ne passe plus par les mêmes voies que jadis.
*Sur des

sujets-pays, il faut distinguer les acteurs : qu’est-ce qui relève des dirigeants ? des Français ? et pas simplement répéter sans nuance La France, La France.

- Problématique : Comment expliquer l’impression de déclin irréversible de la France qui apparait dans de nombreux discours alors qu’elle semble avoir des atouts pour rester haut dans la hiérarchie des puissances recomposées depuis l’avènement de la mondialisation contemporaine ?

I/La récente recomposition des puissances dominantes ne valorise plus ce qui faisait historiquement la puissance française, d’où l’impression de déclin malgré le fait que la France ait de nombreux atouts dans le monde contemporain.
A) La France entre dans le moment de

recomposition des puissances mondiales avec des atouts qui deviennent plutôt obsolètes.
Astuce1 : c’est là que l’on montre au jury qu’on a de la profondeur historique et que l’on comprend comment l’ex-empire colonial français (document 5 du sujet !) n’est plus tellement un atout

de puissance. Par exemple : le fait que la Françafrique, source historique de puissance géopolitique pour la France, devient obsolète, du moins sous sa forme traditionnelle. Preuve : discours de la Baule 1990 appelant à la démocratisation des pays africains, accords de Cotonou

2000 qui suppriment le statut économique spécial qu’avaient les ACP pour la France
B) La France perd alors réellement de la puissance dans de nombreux domaines, dépassée par de nouvelles ou anciennes puissances en quête de domination.
Moment d’hyperpuissance américaine, ascension

de la Chine, blocage du processus européen avec le TCE 2005, perte en compétitivité économique, incapacité à assumer le tournant technologique, etc
C) Pourtant, la France conserve encore de nombreux atouts actuellement.
Ici, vous balancez tout ce qui fait encore la puissance

française : Paris, le tourisme, l’industrie du luxe ou de la distribution, ses ZEE, etc

II/En effet, différentes stratégies géopolitiques et géoéconomiques mises en place par la France ont permis son maintien à un rang de puissance dominante.

A) La France n’a pas vraiment abandonné sa « vocation universelle »
Nombreuses OPEX, « politique arabe » toujours visibles de temps à autre (Libye 2011, Daech 2014, lien privilégié avec l’Egypte), importance de la Francophonie (qui s’élargit à des pays pas même francophones !)

B) La France use de « multiplicateurs de puissance » efficaces
*UE comme concaténation de la force de frappe de 27 économies qui permet de peser plus dans le commerce mondial
*Réseau diplomatique d’excellence très résilient (cf. le rôle de l’ambassade de France à Caracas durant

la crise vénézuélienne entre Maduro et Guaido)
C) La puissance géoéconomique française est remodelée
*Stratégie volontaire de faire de Paris la tête de pont de la France dans la mondialisation (on s’en fout du « désert français » désormais)
*Lois visant à améliorer la

compétitivité française (El Khomri, Macron, APDE : et on dit au Philippe Martinez qui sommeille en soi de fermer sa gueule)
*Valorisation des clusters économiques (et pas covidiens) : Oyonnax et le plastique, le Choletais et le textile, etc

III/Finalement, ce qui semble poser le plus de problèmes à la France n’est pas tant son adaptation à la recomposition des puissances mondiales que sa capacité à penser ses stratégies sur le long terme, ce qui passe par une atténuation des clivages qu’elle connait en son sein.

A) Dans la recomposition, la France s’est plutôt bien adaptée aux mutations des formes de puissance
*Astuce2 : on compare au Royaume-Uni qui s’est trop focalisé sur la finance de la City et n’a pas diversifié ses atouts de puissance
*La France a une tendance à refuser

l’alignement sur des positions diplomatiques « exclusives » : elle maintient du dialogue avec la Chine ou la Russie par exemple, ce que son allié traditionnel américain lui reproche
B) Mais la France ne pense pas long terme
*Les grands enjeux de la puissance aujourd’hui sont :

la R&D, les nouvelles technos et l’environnement. Or, sur tous ces enjeux, et notamment la R&D, la France est en retard par rapport aux puissances « grande classe » dans ces domaines (US, Allemagne, Japon, même Inde). Pour progresser dans ce sens, cela supposerait d’avoir des...