[THREAD] Témoignage d’un civil qui se trouvait à la résidence officielle du chef de l’État de Côte d’Ivoire entre le 4 et le 11 avril 2011 (témoignage figurant dans le livre « France Côte d’Ivoire, une histoire tronquée ») :
« Le 3 avril, alors que nous étions en train de déjeuner à la résidence, le président #Gbagbo a reçu l’information selon laquelle nous allions être attaqués.
Ce même jour, nous avons aperçu un hélicoptère s’immobiliser dans les airs, pointant un canon vers
nous. Il donnait l’impression de faire des repérages. C’est le lendemain soir que les opérations ont commencé.
Elles ont duré sept jours, avec deux jours de trêve. Le camp Akouedo a été attaqué le premier. Les Français bombardaient toujours la nuit, et quand ils terminaient, ils laissaient la place aux FRCI qui tentaient alors d’approcher la résidence.
Les soldats des FRCI savaient manier les armes mais n’avaient aucune notion de stratégie militaire. Ils
ont buté contre la résistance des éléments de nos troupes d’élite qui étaient là.
Sans les bombardements français, on ne voyait pas comment les FRCI auraient pu même s’approcher de la résidence.
Le 10 avril, les bombardements n’ont jamais été aussi intenses. C’est à ce moment que la résidence a pris feu par le haut. Nous sommes donc descendus au sous-sol. Il y avait de la fumée partout, l’eau coulait partout. Il y avait aussi beaucoup de blessés.
Les bombardements ont duré jusqu’à 4 h du matin le lundi 11. Très tôt, nous avons su que des chars français entouraient la résidence.
Nous avions déjà l’information selon laquelle le 11 avril serait la date fatidique : soit nous résistions, soit nous tombions. Le président Gbagbo avait demandé tôt dans la matinée aux éléments armés encore présents à la résidence de partir.
Quand nous avons compris que tout était terminé, le président Gbagbo a demandé à Tagro d’appeler l’ambassadeur de France. Celui-ci a dit de sortir avec un drapeau blanc.
Dès que Tagro est sorti, on a tiré sur lui. Il est alors rentré en courant, disant : « Monsieur le président, on a tiré sur moi ! » et a dit qu’il ne sortirait plus. Le président lui a demandé de rappeler l’ambassadeur qui visiblement s’est moqué de lui.
Des éléments FCRI sont finalement entrés, accompagnés de Français en civil qui avaient des caméras et filmaient. « Me voici », a dit Gbagbo. Les gens ont sauté sur lui, l’ont protégé de leurs corps. Ils ne l’ont pas brutalisé, mais l’ont habillé d’un gilet pare-balles.
Ils l’ont ensuite amené au Golf Hôtel. Quand, à notre tour, nous sommes sortis de la résidence, nous avons vu une trentaine de chars français qui encerclaient le bâtiment.
Nous avons tous été, dans les minutes qui ont suivi et jusqu’à notre arrivée au Golf Hôtel, molestés par des FRCI. J’ai moi-même reçu des coups de crosse sur la tête, dans le dos. On a même tenté de m’égorger avec une faucille. »
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Troisième et dernier [THREAD] sur le 11 avril 2011 à Abidjan, avec un second témoignage : celui d’un civil, proche de Laurent #Gbagbo, qui était avec lui et des dizaines d’autres personnes dans la résidence officielle du chef de l’État de Côte d’Ivoire.
« Le jour de notre arrestation, la résidence avait été sévèrement pilonnée. Il y avait de la fumée partout. Ce qui fait que la plupart des occupants de la résidence étaient regroupés dans une chambre au sous-sol.
Gbagbo a reçu un coup de téléphone indiquant qu’une colonne de chars français allait quitter le 43e Bima pour venir vers Cocody.
[THREAD] Il y a dix ans, le 11 avril 2011, à la mi-journée, après une nuit entière d’intenses bombardements ininterrompus sur la résidence présidentielle, où se trouve Laurent #Gbagbo, les médias occidentaux annoncent : « Gbagbo a été arrêté. »
Que s’est-il précisément passe ce matin du 11 avril ? Les dirigeants français affirmeront qu’aucun militaire français n’a franchi les murs de la résidence officielle du chef de l’État ivoirien, et que ce ne sont pas les forces françaises qui ont fait prisonnier Gbagbo.
Si, en effet, aucun soldat en uniforme n’a été visible à l’intérieur du bâtiment, il semble bien, pourtant, que ce sont les Français qui ont mené toutes les opérations ayant abouti à l’arrestation du dirigeant ivoirien.
[THREAD] Le président de Côte d'Ivoire Alassane #Ouattara a fait savoir il y a deux jours qu’il allait réfléchir à une possible candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2020.
Pourtant, ayant fait déjà deux mandats, il ne peut se représenter, à moins de violer la Constitution ivoirienne (cf. articles 55 et 183).
Il est intéressant de rappeler qu’en 1993, après la mort du président Houphouët-Boigny, Ouattara avait tenté de contourner la Constitution. A l'époque, c’est le président de l’Assemblée nationale, Henri Konan #Bédié, qui devait assurer l’intérim du pouvoir, selon la Constitution.
[THREAD] : Il n’est pas exagéré de dire que les officiels français considèrent toujours, de manière consciente ou non, les États africains francophones comme des colonies françaises, et leurs dirigeants comme des quasi gouverneurs au service de la France.
Cela apparaît noir sur blanc dans des textes officiels publiés par l’Assemblée nationale française : la France y est désignée avec le terme « métropole ». (…)
Le rapport aux autres demeure hiérarchisé voire racialisé. « Les idées à l’origine de la colonisation » ont pénétré « en profondeur la société française, au point qu’elle a souvent un regard du XIXe siècle sur l’Afrique », a constaté l’historien sénégalais Ibrahima Thioub.